F1 : nouvelles turbulences en vue pour Liberty Media ?
par Nicolas Anderbegani

F1 : nouvelles turbulences en vue pour Liberty Media ?

Alors que les turbulences générées par les appuis aérodynamiques font jaser sur la qualité du spectacle en piste, celles qui agitent les coulisses politiques de la F1 repartent de plus belle. Réduction des coûts, négociation délicate des nouveaux accords Concorde, achoppements sur la future règlementation technique et sportive, inquiétudes liées au Brexit et maintenant fronde des promoteurs contre Liberty Media. La cité F1 va-t-elle craquer ?

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Le manifeste des promoteurs

Dans un communiqué diffusé ce mardi, la FOPA (association des promoteurs de la Formule Un), qui représente 16 des 21 promoteurs des grands prix au calendrier, s'est fendue d'un communiqué déplorant le management actuel de la F1 par Liberty Media. Plus précisément, l'association, présidée par Stuart Pringle, promoteur du grand-prix de Grande-Bretagne, formule trois griefs :

- premièrement, ils dénoncent le transfert progressif de la diffusion de la F1 vers les chaines payantes, ce qui a contribué à l'effondrement des audiences et à la baisse de popularité de la F1. Le mouvement n'a pas commencé avec Liberty Media puisque le transfert vers le payant avait été amorcé sous l'ère Ecclestone. Mais la tendance se poursuit, avec Sky Sports qui a obtenu à partir de cette année l'exclusivité F1 jusqu'en 2024.

-deuxièmement, les promoteurs regrettent le manque de transparence et estiment ne pas être suffisamment associés à Liberty Media sur les réflexions en cours pour l'avenir de la discipline. Une formule qui tombe le jour-même où une réunion était prévue à Londres avec les dirigeants de la F1...

Le communiqué stipule à ce sujet : "Alors que nous entrons dans une nouvelle saison du sport que nous promouvons depuis plusieurs décennies, les promoteurs sont à la recherche d'une approche plus collaborative du développement du championnat, et d'une opportunité d'offrir leur expérience et leur expertise dans un esprit de partenariat avec la Formule 1 et la FIA."

-Enfin, et c'est ce qui semble mettre le feu aux poudres prioritairement, les 16 se montrent particulièrement agacés par les conditions dans lesquelles les nouvelles courses font leur apparition au calendrier. La multiplication de destinations "exotiques", au détriment des courses historiques, déplaît fortement. De surcroit, l'offre proposée par Liberty Media pour l'organisation d'un 2e grand prix aux États-Unis à Miami les irrite.

En effet, le modèle économique traditionnel repose sur l'effort financier du promoteur, qui doit payer pour recevoir le plateau F1 en son sein (20 millions de livres pour Silverstone). Les tarifs exigés sont devenus de plus en plus prohibitifs avec le retors Bernie Ecclestone. Par conséquent, de nombreux grands prix ne rentrent pas dans leurs frais et dépendent des perfusions publiques qui, par les temps qui courent, sont de moins en moins soutenables politiquement. Or, pour Miami, Liberty Media a proposé à la métropole de Floride un "new deal" bien plus avantageux reposant sur un partage des revenus entre la Formule One Group et le promoteur, un véritable casus belli pour les autres organisateurs qui y voient un traitement de faveur injuste.

Vent de révolte

Stuart Pringle brandit une menace de retrait des circuits historiques. « Tout le monde est mécontent. Les idées de Liberty Media sont décousues. Nous avons été conciliants et silencieux jusqu’à présent, mais nous avons de profondes d’inquiétudes quant à la future santé du sport, sous la direction actuelle de Liberty Media. Si ce mouvement se poursuit, la F1 va se dérouler sur des circuits de seconde zone. »

Il n'était pas anodin de retrouver, parmi les 16 signataires, cinq promoteurs de grands prix en ballotage assez défavorable (Grande-Bretagne, Italie, Espagne, Allemagne, Mexique), au moment même où de nouvelles destinations se profilent à l'horizon avec l'arrivée du Vietnam en 2020 et discussions en cours avec les Philippines. Monza est déjà depuis de nombreuses années sur la sellette, même si les efforts financiers promis par la région Lombarde pourraient sauver la mise. Le Mexique est en sursis depuis que le nouveau gouvernement a annoncé des coupes budgétaires. Le BRDC a activé sa clause de rupture en 2017 et déjà menacé de retirer Silverstone du calendrier faute d'un accord financier plus intéressant.

Toutefois, certains promoteurs se sont désolidarisés de l'initiative. Notamment ceux du grand prix de Russie qui ont estimé que la démarche de la Fopa (dont la Russie, le Japon, Abu Dhabi, Bahreïn et la Chine ne font pas partie) n'était pas constructive : « Je ne crois pas que cette approche soit constructive, et c'est pour cela que nous sommes quelques-uns à ne pas vouloir être membres de la FOPA, et je suis sûr que d'autres feront comme nous dans les prochains jours », a affirmé le responsable russe.

Ironie du sort, les 16 ont trouvé un soutien en la personne de...Bernie Ecclestone, l'homme qui justement a soumis les promoteurs à son diktat managérial et orchestré le passage vers les chaînes payantes. Mais les dernières rumeurs colportées sur une possible revente de la F1 par Liberty Média, où le nom d'Ecclestone refait surface, ne sont peut-être pas étrangères à cette posture...

L'avis de leblogauto.com

Ce nouvel épisode souligne une fois de plus que la reine F1 est arrivée à la croisée des chemins, tiraillée entre les préoccupations financières, la reconquête difficile du public ainsi que les enjeux sportifs et technologiques. Qu'il s'agisse des équipes ou des promoteurs, le modèle économique actuel est à bout de souffle. Le business a pris le pas sur le sport, le court-termisme étouffe la passion, les racines de la F1 sont sacrifiées sur l'autel de la rentabilité. L'Histoire montre que faute de se réformer, les empires finissent par disparaître...

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Pour résumer

Alors que les turbulences générées par les appuis aérodynamiques font jaser sur la qualité du spectacle en piste, celles qui agitent les coulisses politiques de la F1 repartent de plus belle. Réduction des coûts, négociation délicate des nouveaux accords Concorde, achoppements sur la future règlementation technique et sportive, inquiétudes liées au Brexit et maintenant fronde des promoteurs contre Liberty Media. La cité F1 va-t-elle craquer ?

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