Marques disparues, épisode 26 : Corre-La Licorne
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par Thibaut Emme

Marques disparues, épisode 26 : Corre-La Licorne

Le Plan Pons a tué pas mal de constructeurs automobiles français, et certains prestigieux. Corre La Licorne en fait partie. Les actifs ont beau avoir été repris en partie par Bugatti ou Berliet, la marque n'a pas dépassé les 50 ans d'existence.

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Se confondre avec l'histoire de l'automobile

Dans les années 1890, Jean-Marie Corre produisait des cycles et se lançait dans des records un peu fous comme des duels sur 1000 km à vélo, ou des épreuves de 24 heures sur un vélodrome (plus de 670 km en 1897 à Rouen tout de même). Convaincu par la technologie naissante des moteurs à combustion contrôlée, Corre se met alors aux motocyclettes et aux tricycles à moteur. Il court pour Fouillardon dont il est le directeur d'usine à Levallois-Perret.

On est en 1899 et les voiturettes Fouillardon utilisent des poulies à diamètre variable (un peu comme les mobylettes des années plus tard). Corre décide de se lancer en solo, plus convaincu par la prise directe de Louis Renault. La marque Corre La Licorne est née en 1901 au 5 rue Danton toujours à Levallois. A l'époque, c'était la Société française des automobiles Corre, fondée et dirigée par Jean-Marie Corre lui-même.

L'automobile est balbutiante et les Corre sont, comme d'autres, de petits tricycles ou quadricycles (motocycles) légers mus par un monocyclindre de Dion-Bouton de 634 cm3. Globalement, cela ressemble à des vélos à 3 ou 4 roues avec un moteur d'entraînement. Il n'y a pas de volant mais un guidon et une selle. Le confort est spartiate, mais cela avance tout seul et "sans effort". Ci-après un exemplaire à trois roues de chez de Dion-Bouton.

Un procès avec Renault

Pour sa voiturette de 1901, Corre installe une banquette et une barre de direction. Cela a déjà plus l'allure d'une voiture. A cette base, Corre ajoute une autre assise derrière, façon phaéton et double phaéton. En quelques années, les voiturettes laissent la place à des voitures carrossées (conduite intérieure, etc.). Corre suit le mouvement et abandonne les voiturettes légères. Les automobiles Corre ressemblent beaucoup aux Renault, techniquement aussi. Louis Renault qui est imité et copié par de nombreuses sociétés (notamment pour sa boîte de vitesse à prise directe) décide d'attaquer Jean-Marie Corre.

Le procès laissera Corre ruiné qui devra vendre en sa société à Waldemar Lestienne qui pilotait déjà des automobiles Corre en course automobile. On est en 1907 et en 6 ans à peine la petite société a déjà connu pas mal de péripéties. Les voitures seront désormais des Corre-La Licorne, puis La Licorne (ou Licorne). Son logo est une licorne cabrée (cela vous rappelle un autre logo qui arrivera plus tard ?) sur fond rouge. Pourquoi une licorne ? Car les armoiries de la famille Lestienne comportent trois têtes de licorne. L'animal est censé figurer la puissance et la vitesse.

Jean-Marie Corre de son côté fonde Corre et Compagnie, avec un cor de chasse comme logo. Corre & Cie disparaît avec son fondateur en 1915. Corre-La Licorne, elle, continue son aventure avec la Type H puis la Type J dérivée de la H. Fini le style Renault, les Licorne adoptent un radiateur vertical avec le logo posé dessus. De façon amusante, on aura droit à la Licorne AX, BX, (GX, HX, etc.) bien avant Citroën.

Le bon coup de la 5CV

Les voitures vont de 8 HP à 30 HP et visent, comme beaucoup de marques à l'époque les plus fortunés. En 1920, la marque devient La Licorne, sans plus de trace de Corre. En 1927, sort La Licorne 5 CV, "populaire". Elle fait écho à la Citroën Type C, ou 5HP sortie en 1922 mais qui a été arrêtée par Citroën en 1926. La 5 CV comble l'arrêt de la Citroën Type C (et concurrence la Renault NN). Elle connaît un bon succès de ventes, environ 6000 exemplaires. Pour la première fois, La Licorne va même fabriquer son propre moteur, un 4 cylindres 950 cc.

C'est à cette époque que les automobiles La Licorne adoptent comme bouchon de radiateur des licornes sculptées par François Bazin (elles ressemblent d'ailleurs beaucoup à son Pégase ou son Centaure). Ce sont les années folles et les Licorne se vendent plutôt bien. Waldemar Lestienne laisse la société à Robert Lestienne et les affaires continuent jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale. Hélas, Robert Lestienne se fait tuer par les Allemands en 1944 et la société vacille.

"Paul-Marie Pons m'a tuer"

Elle vacille d'autant plus qu'elle ne fait pas partie du Plan Pons. Pour rappel, le plan Pons, du nom de Paul-Marie Pons, est un plan d'état qui devait permettre de redresser l'industrie automobile française au sortir de la Guerre. Ce plan a tué des dizaines de marques qui étaient vaillantes avant 1939. Certaines marques ont été choisies pour faire tel ou tel segment et se sont vues attribuer l'acier, et différents matériaux.

La Licorne a donc été exclue de ce plan et a dû se débrouiller. Citroën refuse de fournir leurs moteurs à un concurrent. La marque a déjà vendu ses bâtiments en 1941 à Bugatti. Une partie des actifs est vendue à Berliet en 1949 et les usines ont fonctionné jusqu'en 1960.

De 1901 à 1949, plus de 200 modèles différents ont été produits. Il faut dire que les carrosseries faisaient florès. Plus de 33 000 automobiles Corre-La Licorne ont été produites dont 6 000 5CV. Les La Licorne ont été alignées aux 24 heures du Mans à plusieurs reprises. Waldemar Lestienne a piloté à 4 reprises, entre 1923 et 1926, une de ses voitures, mais n'a qu'une 9e place comme meilleur résultat.

Si vous voulez en savoir plus sur Corre-La Licorne, et voir une iconographie très complète sur la marque, on vous conseille ce site.

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Pour résumer

Le Plan Pons a tué pas mal de constructeurs automobiles français, et certains prestigieux. Corre La Licorne en fait partie. Les actifs ont beau avoir été repris en partie par Bugatti ou Berliet, la marque n'a pas dépassé les 50 ans d'existence.

Thibaut Emme
Rédacteur
Thibaut Emme

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