Mer Rouge / cargo coulé : impact pour automobile, environnement et pétrole !
par Elisabeth Studer

Mer Rouge / cargo coulé : impact pour automobile, environnement et pétrole !

La Mer Rouge …. Un passage géostratégique d’une importance colossale pour le marché mondial … Les rebelles houthis – mais surtout ceux qui les exploitent ou les « pilotent » à distance pour service leurs intérêts économiques et financiers – l’ont bien compris …

Un cargo qui transportait 21 000 tonnes d'engrais a coulé le 19 février dernier en mer Rouge. Frappée par une attaque de missiles menée à son encontre par des rebelles houthis. Un événement qui pourrait avoir des impacts majeurs non seulement sur l'environnement, mais aussi sur le commerce mondial ... et l'approvisionnement en pétrole.

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Le cargo Rubymar frappé par des missiles : impact majeur environnemental ….

Une image diffusée par l'armée américaine montre le cargo Rubymar sur le flanc, sous la surface de la mer, après avoir dérivé une dizaine de jours en mer Rouge avant de sombrer.

Le vraquier, propriété d'une entreprise britannique, est parti des Émirats arabes unis le 11 février, en direction de la Bulgarie. Mais le cargo a été frappé par deux missiles tirés par les rebelles houthis au large du port de Mokha (Yémen).

Les images satellites laissent voir que des tonnes de fioul ont été déversées en mer Rouge. Mais, ce qui inquiète avant tout, c'est sa cargaison : des tonnes d'engrais chimiques, hautement toxiques. "20 000 tonnes d'engrais chimiques vont se déverser en particulier sur les récifs de corail. Il va y avoir sans aucun doute une prolifération d'algues qui va dégrader le milieu", prévient Jacky Bonnemains, président de l'association Robin des bois.

Un événement crucial, qui devrait donc motiver des opérations d’urgence … qui risquent de d’autant plus freiner le passage à cet endroit stratégique du globe …. D’une pierre, deux coups pour les attaquants ?

...  et économique …., impact sur Tesla et Geely à prévoir

Car l’impact économique à prévoir est loin d’être négligeable.

Rappelez-vous, en janvier 2024, la Giga Factory de Tesla Berlin - celle-là même qui est aujourd’hui à l’arrêt, suite à un incendie présumé criminel -  avait dû arrêter la majeure partie de sa production pendant deux semaines en raison des perturbations en mer Rouge.

Le constructeur US de véhicules électriques avait été alors contraint de suspendre la majeure partie de la production automobile de sa giga-factory allemande (site de Gruenheide) du 29 janvier au 11 février.

Une décision motivée par un manque de composants, pénurie elle-même liée à des perturbations dans les itinéraires de transport, causées par des attaques contre des navires en mer Rouge. "Les conflits armés en mer Rouge et les changements d'itinéraires de transport qui en découlent entre l'Europe et l'Asie via le Cap de Bonne Espérance ont également un impact sur la production à Gruenheide", avait alors déclaré Tesla dans un communiqué. "Les temps de transport considérablement plus longs créent un fossé dans les chaînes d'approvisionnement".

Des entreprises, dont Geely, le deuxième plus grand constructeur automobile chinois en termes de ventes, et la société suédoise de mobilier Ikea, ont averti de retards dans les livraisons.

La crise en mer Rouge impacte l’économie US

Cet arrêt partiel de la production constituait alors une indication que la crise en mer Rouge, déclenchée par des militants Houthis soutenus par l'Iran attaquant des navires en solidarité avec le groupe islamiste palestinien Hamas luttant contre Israël à Gaza, avait impacté l'économie de la plus grande puissance économique européenne, touchant également les USA.

Pour rappel, les USA et le Royaume-Uni avaient alors mené des attaques contre les "rebelles" visant des radars et des infrastructures de drones et de missiles.

Le but était de réduire la capacité des terroristes de s'attaquer aux navires marchands passant par le détroit de Bab-el-Mandeb, passage obligé pour entrer et sortir de la Mer Rouge.

Les attaques, en représailles à l'assaut d'Israël dans la Bande de Gaza, visent tout bateau "supposément rattaché à Israël" et perturbent fortement le trafic maritime commercial mondial. En effet, pour aller de l'Asie en Europe, les bateaux transitent par cette voie, avant d’emprunter le Canal de Suez. Le Canal a vu son indicateur de volume transporté chuter de 35%. A l'inverse, le nombre de bateaux faisant le détour par le cap de Bonne Espérance et l'Afrique du Sud ont bondi de 67% ces derniers mois.

Trajet rallongé, coût du transport multiplié par trois

Un des soucis majeurs est que cela rallonge le trajet, le renchérit et provoque potentiellement des retards et des pénuries en Europe, principalement dans l'approvisionnement de pièces détachées. Le coût du transport en passant par Bonne Espérance est multiplié par trois.

Détroit de Bab el-Mandeb : voie stratégique pour les expéditions de pétrole et de gaz naturel

L’endroit est loin d’avoir été choisi au hasard…

Le détroit de Bab el-Mandeb est un point de passage stratégique entre la corne de l'Afrique et le Moyen-Orient, reliant la mer Rouge au golfe d'Aden et à la mer d'Arabie. La plupart des exportations de pétrole et de gaz naturel du golfe Persique qui traversent le canal de Suez ou le pipeline SUMED passent à la fois par le détroit de Bab el-Mandeb et le détroit d'Ormuz.

Les points de passage sont des canaux étroits le long des routes maritimes mondiales largement utilisées qui sont essentiels à la sécurité énergétique mondiale. Le détroit de Bab el-Mandeb mesure 18 milles de large à son point le plus étroit, limitant le trafic des pétroliers à deux canaux de 2 milles de large pour les expéditions entrantes et sortantes.

La fermeture du détroit de Bab el-Mandeb pourrait empêcher les pétroliers en provenance du golfe Persique de traverser le canal de Suez ou d'atteindre le pipeline SUMED, les obligeant à détourner leur route autour de la pointe sud de l'Afrique, ce qui augmenterait le temps de transit et les coûts d'expédition.

En 2018, environ 6,2 millions de barils par jour (b/j) de pétrole brut, de condensats et de produits pétroliers raffinés ont transité par le détroit de Bab el-Mandeb vers l'Europe, les États-Unis et l'Asie, une augmentation par rapport à 5,1 millions b/j en 2014.

Les flux de pétrole total à travers le détroit de Bab el-Mandeb représentaient environ 9% du total des produits pétroliers transportés par voie maritime (pétrole brut et produits pétroliers raffinés) en 2017. Environ 3,6 millions b/j se déplaçaient vers le nord vers l'Europe ; un autre 2,6 millions b/j circulaient dans le sens inverse principalement vers les marchés asiatiques tels que Singapour, la Chine et l'Inde.

Des problèmes de transit pétrolier à travers ce détroit constituent donc une aubaine pour la Russie et l'Iran -  deux importants pays producteurs  bannis officiellement de l'échiquier énergétique mondial -  faisant monter le  cours du pétrole.  Et ce, juste au moment où plusieurs pays membres de l'Opep viennent de décider d'une baisse de production pour maintenir le cours, en diminuant  artificiellement l'offre (nous en reparlerons) !

Notre avis par leblogauto.com

Alors que la Russie s’approvisionne en drones iraniens … pour mener sa guerre en Ukraine, que la guerre sévit entre Israël et Palestine, il n’est pas complétement irréaliste de penser que Moscou et Téhéran et Hamas pourraient être liés dans cette affaire, histoire d’impacter l’économie occidentale. Les scénaristes risquent encore une fois de se retrouver au chômage …

A noter également, que, encore une fois, cette crise montre que l'industrie - automobile ou non - est dépendante de l'Asie. Cette crise s'ajouter à celle des pénuries de super-conducteurs et de puces électroniques, et à celle de la pandémie mondiale de Covid-19. Une faille que les adversaires des Occidentaux semblent malheureusement bien savoir exploiter … On ne préviendra jamais assez de limiter les failles au maximum, d’autant plus en cette période de guerres Russie/Ukraine et Israël/Palestine.

Et ce, d’autant plus en périodes pré-électorales aux Etats-Unis, en Union européenne

Sources : Reuters, EIA, U.S. Energy Information Administration

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La Mer Rouge …. Un passage géostratégique d’une importance colossale pour le marché mondial … Les rebelles houthis – mais surtout ceux qui les exploitent ou les « pilotent » à distance pour service leurs intérêts économiques et financiers – l’ont bien compris …

Un cargo qui transportait 21 000 tonnes d'engrais a coulé le 19 février dernier en mer Rouge. Il n’a pu résister à une attaque de missiles à son encontre menée par des rebelles houthis. Un événement qui pourrait avoir des impacts majeurs non seulement sur l'environnement, mais aussi sur le commerce mondial.

En janvier 2024, la Giga Factory de Tesla Berlin avait dû arrêter la majeure partie de sa production pendant deux semaines en raison des perturbations en mer Rouge.

Le constructeur US de véhicules électriques avait été alors contraint de suspendre la majeure partie de la production automobile de sa giga-factory allemande (site de Gruenheide) du 29 janvier au 11 février.

Une décision motivée par un manque de composants, pénurie elle-même liée à des perturbations dans les itinéraires de transport, causées par des attaques contre des navires en mer Rouge. "Les conflits armés en mer Rouge et les changements d'itinéraires de transport qui en découlent entre l'Europe et l'Asie via le Cap de Bonne Espérance ont également un impact sur la production à Gruenheide", avait alors déclaré Tesla dans un communiqué. "Les temps de transport considérablement plus longs créent un fossé dans les chaînes d'approvisionnement".

Des problèmes de transit pétrolier à travers ce détroit constituent également une aubaine pour la Russie et l'Iran - deux importants pays producteurs bannis officiellement de l'échiquier énergétique mondial - faisant monter le cours du pétrole. Et ce, juste au moment où plusieurs pays membres de l'Opep viennent de décider d'une baisse de production pour maintenir le cours, en diminuant artificiellement l'offre.

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