Tavares (Stellantis) se dit prêt à supprimer des marques aux USA
par Elisabeth Studer

Tavares (Stellantis) se dit prêt à supprimer des marques aux USA

Stellantis prend des mesures pour remédier aux marges faibles et aux stocks élevés de ses opérations aux États-Unis et n'hésitera pas à supprimer les marques sous-performantes dans son vaste portefeuille, a déclaré tout net son directeur général, Carlos Tavares.

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Un tournant pour Tavares

Cet avertissement pour les marques déficitaires marque un tournant pour Tavares, qui a maintenu depuis la création de Stellantis en 2021, issue de la fusion entre le constructeur italo-américain Fiat Chrysler et le français PSA, que l'ensemble de ses 14 marques, y compris Maserati, Fiat, Peugeot et Jeep, avaient un avenir. Le constructeur automobile considère désormais Leapmotor de Chine comme sa 15e marque, après avoir conclu une large coopération avec le groupe.

Pas de profit, plus de marque

Si les marques « ne génèrent pas de profit, nous les supprimerons," a déclaré Carlos Tavares aux journalistes après que le quatrième constructeur automobile mondial a publié des résultats semestriels inférieurs aux attentes, faisant chuter ses actions de 10 %.

"Nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir des marques qui ne rapportent pas d'argent » a-t-il martelé.

Stellantis a rapporté que son revenu opérationnel ajusté (EBIT) avait chuté de 40 % à 8,463 milliards d'euros (9,17 milliards de dollars) au premier semestre se terminant le 30 juin, en dessous des 8,85 milliards d'euros attendus par les analystes.

La marge de la société sur l'EBIT ajusté a chuté juste en dessous de 10 %, glissant sous la marge à deux chiffres qu'elle vise à atteindre pour l'année entière.

Maserati vendu, Lancia ou DS supprimés ?

Certains analystes estiment que Maserati pourrait être vendue par Stellantis, tandis que d'autres marques comme Lancia ou DS pourraient être en danger d'être supprimées en raison de leur contribution marginale aux ventes globales du groupe.

Stellantis ne publie pas de chiffres pour les marques individuelles, sauf pour Maserati qui a enregistré une perte opérationnelle ajustée de 82 millions d'euros au premier semestre.

Suite à ces propos, les actions de Stellantis cotées à Milan ont chuté de 12,5 % jeudi, atteignant leur niveau le plus bas depuis août 2023. Cela porte la perte depuis le début de l'année à 22 %, faisant de Stellantis le pire performeur parmi les grands constructeurs automobiles européens.

Tavares sous pression pour rebooster les marges et les ventes

Carlos Tavares est sous pression pour revitaliser les marges et les ventes en baisse et réduire les stocks aux États-Unis, alors que Stellantis mise sur le lancement de 20 nouveaux modèles cette année dans l'espoir d'augmenter sa rentabilité.

Les pickup RAM et les Jeeps à marge élevée que Stellantis vend aux consommateurs américains ont certes soutenu les bénéfices du groupe automobile, mais la faible marge affichée par Stellantis "soulève des questions sur la réputation d'efficacité des coûts » du constructeur estiment notamment les analystes financiers de Bernstein dans une note à ses clients.

Les récents mauvais résultats des constructeurs automobiles mondiaux ont accru les inquiétudes quant aux perspectives de vente dans les principaux marchés tels que les États-Unis, tandis qu'ils doivent faire face à une coûteuse transition vers les véhicules électriques et une concurrence croissante des rivaux chinois moins chers.

Stellantis n’est pas le seul confronté au problème : le constructeur japonais Nissan a vu son bénéfice du premier trimestre presque entièrement anéanti jeudi et a réduit ses prévisions annuelles, les fortes remises aux États-Unis ont en effet détruit ses marges.

Travail terminé en Europe mais pas aux États-Unis

Tavares a déclaré qu'il travaillerait tout l'été avec son équipe américaine pour améliorer la performance et réduire les stocks. "Nous considérons que le travail est terminé en Europe," a-t-il affirmé. Ajoutant que le travail n'était pas terminé aux États-Unis et que l’équipe constituée allait s’y atteler.

Stellantis prend des "mesures décisives pour relever les défis opérationnels" en Amérique du Nord, y compris la réduction de la production et des prix dans la région ce trimestre, a déclaré pour sa part la directrice financière Natalie Knight aux journalistes. Ajoutant que le marché américain était celui qui nécessitait le plus de travail.

Certains analystes estiment en effet que les problèmes étaient susceptibles de persister. N’observant aucune amélioration réelle tant que Stellantis n'aura pas supprimé le surstockage. Situation, qui, selon eux, devrait mettre la pression sur les marges de l'année entière.

Les concessionnaires US se rebiffent

Ces chiffres décevants voient le jour alors que les concessionnaires Stellantis des États-Unis ont récemment exprimé leur frustration face aux véhicules aux tarifs élevés proposés par le constructeur et qui, selon eux, ne correspondent pas aux attentes des consommateurs. Déclarant en avoir assez des véhicules coûteux qui restent sur leur terrain bien plus longtemps que la moyenne du secteur, ajoutant que leur rentabilité en prenait un coup.

Les tensions entre concessionnaires ont été évoquées lors des réunions du Conseil national des concessionnaires Stellantis qui se sont tenues à Détroit. Un programme de marketing actualisé, des augmentations des incitations pour aider à éliminer les stocks de véhicules plus anciens qui s'accumulent dans les parcs des concessionnaires et la sortie de nouveaux modèles ont été discutés avec les dirigeants de l'entreprise, a déclaré Kevin Farrish, président du Conseil national des concessionnaires.

 

Un mois auparavant les concessionnaires Chrysler, Dodge, Jeep et Ram ont envoyé une lettre très cinglante au DG Carlos Tavares, exprimant leur frustration et faisant part de leurs inquiétudes concernant la diminution de la part de marché de l'entreprise, les changements au sein des rangs exécutifs du constructeur et le manque de véhicules à prix compétitifs. La lettre, qui demandait à Tavares de travailler avec eux sur un plan de redressement, indiquait que les plus de 2 600 concessionnaires du pays ressentaient la pression financière, la rentabilité devant atteindre son point le plus bas depuis 2009 - la même année où Chrysler désormais intégré dans FCA puis dans Stellantis a été confrontés à une faillite.

 

« Le réseau de concessionnaires Stellantis aux États-Unis est profondément préoccupé par l'état actuel et l'orientation future des marques que nous représentons », indique la lettre du 23 mai signée par Farrish. « Nos produits ne sont pas compétitifs en termes de prix de vente conseillé, de prix catalogue, de prix de transaction, de leasing ou de financement conventionnel. De nombreux modèles coûtent 10 000 $ de plus que les véhicules équipés de manière similaire de nos concurrents» est-il ajouté.

 

Début juin, selon les statistiques de Cox Automotive, l'offre moyenne de véhicules neufs en stock pour tous les constructeurs était de 74. Mais les marques Stellantis étaient bien au-dessus : Chrysler à 119, Dodge à 121, Jeep à 147 et Ram à plus de deux fois la moyenne du secteur. Face à la colère des concessionnaires, Matt Thompson, directeur des ventes au détail aux États-Unis pour Stellantis, a déclaré dans un communiqué que le constructeur avait pris des mesures pour offrir aux clients une gamme plus large d'options entièrement électriques, hybrides rechargeables et à essence, et qu'il avait également ajusté les prix de Jeep, Dodge, Chrysler ».

 

Sources : Bloomberg, Reuters, Stellantis

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Pour résumer

Stellantis prend des mesures pour remédier aux marges faibles et aux stocks élevés de ses opérations aux États-Unis et n'hésitera pas à supprimer les marques sous-performantes dans son vaste portefeuille, a déclaré tout net son directeur général, Carlos Tavares.
Ces chiffres décevants voient le jour alors que les concessionnaires Stellantis des États-Unis ont récemment exprimé leur frustration face aux véhicules aux tarifs élevés proposés par le constructeur et qui, selon eux, ne correspondent pas aux attentes des consommateurs. Déclarant en avoir assez des véhicules coûteux qui restent sur leur terrain bien plus longtemps que la moyenne du secteur, ajoutant que leur rentabilité en prenait un coup.

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