Une révision plus tôt que prévue
Pour régir une - presque - équité sportive, l'ACO (automobile club de l'ouest) et le WEC (world endurance championship) ont instauré deux principes : l'EoT et la BoP. Equivalence of Technology et Balance of Performance (*). La première permet de mettre les différentes solutions techniques plus ou moins sur un pied d'égalité selon des règles préétablies. La deuxième est une sorte de lest variable que l'on va ajuster à postériori, en fonction des résultats précédents.
Pour 2024, la BoP ne devait être potentiellement (selon les informations non officielle NDLA) révisée qu'après les 24 heures du Mans. Cela laissait Sebring, Portimato, Spa Francorchamps et Le Mans pour bien évaluer les performances de chacun. Coup de tonnerre puisque l'ACO publie une nouvelle BoP avant même la 4e course de la saison.
+3,5% de poids pour Toyota
Visiblement, l'accord de toutes les écuries a été donné à cette retouche des paramètres qui deviennent alors plus défavorables pour ceux qui sont en vue depuis le début de la saison, à savoir Toyota, Ferrari, Cadillac et Porsche. Ces derniers voient leur poids minimum rehaussé par rapport à celui décidé pour Portimaõ.
Ainsi, Toyota, grand épouvantail de la série passe de 1043 à 1080 kg minimum. Pour comparaison, Peugeot qui était à 1042 kg reste à ce poids minimum. En revanche, les puissances maximales autorisées ne changent pas. Elles restent toujours aussi disparates et peu claires à suivre.
L'allocation d'énergie retouchée aussi
Avec ce changement sur les poids minimums, l'ACO retouche également l'allocation énergétique par relais. Toyota, Ferrari et Cadillac auront ainsi un peu plus d'énergie pour éviter la double peine avec le poids supplémentaire : +4 mégajoules (MJ) pour les GR010, +2 MJ pour les 499P et +1 MJ pour les V-Series.R. Porsche de son côté conserve son allocation, vu le peu de poids en plus.
Alors la nouvelle BoP, qui peut encore être ajustée après la journée de tests, va-t-elle rebattre les cartes ? Sans doute que non. Mais, elle devrait fortement resserrer les écarts. On craignait un duel Toyota-Ferrari avec un léger avantage à Toyota (expérience, performance, etc.). Désormais, on pourrait plutôt être sur un match à 4 avec les autres en embuscade pour profiter de la moindre erreur ou incident mécanique.
Mais ne rêvons pas, pour cette édition du centenaire, voir Peugeot et sa 9X8 gagner le général, ou même être sur le podium, semble utopique. Porsche en revanche devrait se trouver ragaillardi par cette nouvelle BoP.
Nouvelle BoP pour les 24H du Mans 2023
Voiture | Poids et puissance avant Le Mans | Poids et puissance pour Les 24H du Mans 2023 | Variation |
Toyota GR010 HYBRID (LMH) | 1043 kg, 512 kW | 1080 kg, 512 kW | +37 kg |
Ferrari 499P (LMH) | 1040 kg, 509 kW | 1064 kg, 509 kW | +24 kg |
Peugeot 9X8 (LMH) | 1042 kg, 516 kW | 1042 kg, 516 kW | = |
Glickenhaus-Pipo 007 (LMH) | 1030 kg, 520 kW | 1030 kg, 520 kW | = |
Vanwall Vandervell 680 (LMH) | 1030 kg, 512 kW | 1030 kg, 512 kW | = |
Porsche 963 (LMDh) | 1045 kg, 516 kW | 1048 kg, 516 kW | +3 kg |
Cadillac V-Series.R (LMDh) | 1035 kg, 513 kW | 1046 kg, 513 kW | +11 kg |
Notre avis, par leblogauto.com
Quand tous les acteurs sont d'accord pour retoucher les règles, on ne peut que s'incliner. Néanmoins, le principe même de la BoP est gênant en sport automobile. Cela revient à dire à Usain Bolt de courir à cloche-pied car il va trop vite par rapport aux autres concurrents. Puis, devant le fait qu'il continue d'être devant, lui ajouter des cailloux dans les poches à mi-course.
Bref, nous rejoignons pas mal de pilotes ou de dirigeants d'écurie qui sont contre la BoP. Il en reste toujours un soupçon comme lorsque la mamie Aston Martin V8 Vantage GTE avait pu remporter l'édition 2017 des 24 Heures devant la Ford GT, grâce à une BoP spécifique Le Mans (ce qui n'existe plus théoriquement).
On verra le 11 juin ce qu'il ressortira de cette nouvelle BoP décidée tôt dans la saison. Pour rappel, les saisons précédentes avec la BoP, on voyait les Toyota être plus lentes que des LMP2 sur certains circuits...ce n'est plus vraiment du sport dans ce cas-là.
(*) Equivalence de technologie et balance de performance