Essai Citroën DS3 : I Loeb Mini
par Cedric Pinatel

Essai Citroën DS3 : I Loeb Mini

Du haut de ses six titres de champion du monde WRC, Sébastien Loeb serait assurément un homme comblé s’il n’avait pas à subir les railleries de ses adversaires au moment de repartir des spéciales pour retrouver sa famille : pendant que Mikko peut tracer vers la Finlande en Focus RS de 305 chevaux, lui doit se contenter d’assumer le prêt de son patronyme à une série spéciale pas spécialement excitante. Et il n’a pas vraiment le choix puisque la C4 By Loeb constituait tout simplement le sommet de la sportivité chez Citroën jusqu‘à l‘arrivée de cette nouvelle année. Fort heureusement pour la crédibilité de Sébastien Loeb, Citroën continue de changer. Après avoir remplacé ses voitures de vieux par des autos quand même nettement plus sympa à voir et à vivre, la marque aux chevrons tente maintenant une percée sur le segment des véhicules qui se la pète en posant la première pierre de l’ambitieuse gamme DS. Une pierre qui roule et qui se fait mousser dans les beaux quartiers de Paris avant - peut-être - de fondre sur ses cibles premium italo-anglaises. Ça y est, la nouvelle DS3 est passée entre nos mains.

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DS Outside

L’idée de départ de Citroën passait probablement par un constat simple et pragmatique : dans le paysage automobile urbain, la demande pour un nouveau genre de véhicules tendance n’a cessé de croître cette dernière décennie. Quel que soit le segment concerné ( microcar, segment B, segment C ou même M2 ), certains désirent plus que les qualités intrinsèques d’une automobile : en plus de la praticité, de l’efficacité ou du confort, il faut que ça soit joli quitte à sacrifier quelques économies de budget. Les Mini et Fiat 500 sont ainsi régulièrement citées parmi ces véhicules hype, capables de faire craquer un acheteur par sa bouille et son coté exclusif aussi souligné par un tarif pas vraiment donné.

L’idée de Citroën passe ensuite par une conviction plutôt osée : même pour un constructeur français trimballant une image de …constructeur français, il doit être possible de surfer sur cette nouvelle vague du premium accessible et valorisant pour les acheteurs. La marque aux chevrons présentait alors sa nouvelle stratégie à venir en même temps que son concept DS Inside, en février 20009 : échafauder une sorte de gamme parallèle d’autos badgées du sigle « DS » et conçues pour attaquer les stars premium de chaque segment de gamme.

Premier maillon de cette gamme de Citroën génétiquement modifiées pour susciter le désir de possession plus que pour répondre à l’achat utile, DS3 reprend le look et les proportions du concept DS Inside. Évidemment, il est très facile de désigner sa principale concurrente, célèbre petite anglaise à la finition allemande et à la classe internationale : Mini.

Make Loeb Not War

On ne peut décemment pas prétendre concurrencer un modèle aussi bien implanté dans le paysage automobile urbain sans présenter un travail soigné. Pour sa DS3, Citroën est partie d’une base de C3 largement modifiée. Exit les deux portes arrière, la silhouette rondouillarde et le pare-brise panoramique pour faire tranquillement du tourisme la tête dans les nuages. La surface vitrée latérale est réduite, et la ligne de caisse rehaussée. Les jantes deviennent plus grosses et la poupe est soulignée par un ersatz de diffuseur. Ça, c’est pour la dose nécessaire de virilité et crédibiliser ses prétentions sportives. Coté glamour, l’auto s’équipe d’un toit façon chapeau coloré, de jolies LED intégrées dans le spoiler frontal et d’une gamme de coloris et autres assortiments pléthoriques ( on y revient un peu plus bas ).

Esthétiquement, le résultat fait immanquablement penser à la Mini, c’est indéniable. La démarche imposait de toute façon de reprendre certains codes importants de la citadine anglaise et les similitudes sont frappantes, surtout lorsqu’on la place à coté d’une Mini peinte dans la même association de couleurs rouge / blanc que pour notre DS3 d’essai.

Belle et Sébastien

Toutefois, cette DS3 est loin de se contenter de copier sa cible désignée et dégage sa propre personnalité. La face avant est quasiment identique à celle de la C3 ( feux, capot, forme du bouclier, ouverture de calandre ), mais j’avoue avoir mis du temps à m’en rendre compte : les encoches verticales à LED sur les cotés ( très jolies une fois allumées ) ou la finition de la calandre sont autant de petits détails qui changent tout. Le dessin de la vitre latérale et son étonnant aileron de requin surprend. L’ensemble ne sera peut-être pas du goût de tous, mais il présente une physionomie intéressante, conforme à ce qui était à priori demandé dans le cahier des charges initial : évoquer luxe et sportivité pour flatter l’ego de ses futurs propriétaires et ne pas paraître ridicule à coté d’une Mini.

Est-ce que la DS3 est une jolie voiture ? A vous de le dire. Personnellement, j’avoue avoir été plutôt réceptif à son plumage. Je pense qu’elle possède tout pour faire craquer un acheteur juste par son style et sa bouille. Comme une Mini ou une Fiat 500 en tout cas.

My Loeb is not your Loeb

Un plumage extrêmement complexe puisque Citroën a joué la carte de la personnalisation à fond. Tout ou presque peut être modifié selon les goûts du propriétaire. Il existe en tout 38 combinaisons de teintes extérieures, quatre couleurs de toit, plus douze types de jantes différents et sept intérieurs possibles. Une offre de personnalisation qui peut devenir excentrique avec les grandes décalcomanies proposées pour le pavillon avec des motifs plus ou moins osés. Tout cela est certes un peu compliqué, mais va bien avec l’idée de « sur mesure » imaginée par les chefs du projet. Et il faut avouer que certaines combinaisons peuvent paraître vraiment réussies. J’ai personnellement un faible particulier pour le noir / bordeaux.

A l’intérieur, on retrouve beaucoup d’éléments déjà vu sur les finitions les plus élevées de la dernière C3. La planche de bord est la même et l’agencement du tableau de bord est identique. Plutôt une bonne nouvelle puisque ces éléments étaient déjà très jolis sur la nouvelle citadine aux chevrons du segment B, seulement contrariée par certains petits détails de finition : oui c’est beau, mais les obsédés du toucher seront déçus par le plastique au dessous de l’écran GPS qui se déforme à la pression du doigt ou encore l’encadrement du levier de vitesses, un peu faible semble-t-il.

Au delà du tableau de bord en revanche, tout est différent de la C3. Les sièges ont fait l’objet d’une attention particulière et sont vraiment très réussis, sorte de mix entre un baquet et un modèle très confortable, le tout coloré en rapport avec les teintes de la planche de bord et de l’extérieur. On est vraiment très bien installé au volant de cette DS3. Très bas et dans une ambiance feutrée, en opposition parfaite avec la C3 et son visiodrive. La sensation de sportivité sera peut-être même un peu trop présente pour certains : c’est net, tout est déjà prêt pour la future variante DS3-R de ce coté là.

Elle n’en a pas l’air quand on l’observe, mais la DS3 est aussi longue qu’une Mini Clubman, du coup, l’habitabilité est plutôt bonne. Excellente aux places avant, suffisante aux places arrière à condition de bien se caller au fond du siège à cause de la garde au toit, vraiment basse.  Le coffre est également un bon point : son seuil de chargement est haut mais son volume est très appréciable : 285 litres lorsque les sièges arrière sont en place, c’est bien mieux que dans une Mini.

Pour faire simple, l’habitacle n’est pas aussi excellent dans sa finition que sa concurrente anglaise désignée, mais il est plus pratique et ne manque vraiment pas de charme dans un genre moins rétro.

Loeb is on

Le démarrage se fait via l’inévitable bouton start, puis il est temps de traverser Paris pour mettre à l’épreuve cette DS3 en conditions urbaines. La direction est très légère et compte tenu du gabarit de l’engin, les manœuvres se font avec beaucoup de facilité. Le moteur - THP 150 essence sur notre modèle d’essai - se montre aussi discret que souple. L’assise très basse pouvait laisser craindre une suspension très ferme mais non, l’auto ne secoue pas trop sur le pavé parisien en dépit d‘un réglage logiquement moins souple que sur la C3. Oui la DS3 est très à l’aise en ville, il ne pouvait pas en être autrement compte tenu de son objectif. Seul point négatif, la visibilité ¾ arrière vraiment pas idéale à cause de la petite custode de la poupe, encadrée par de gros montants.

Loeb game

Après Paris et ses affreux bouchons, place aux petites routes de la région pour voir de quoi cette future aspirante au rallye est capable en dynamique. Et alors là, c’est peut-être la surprise la plus agréable de cette auto.

Tous les modèles d’essais sont pourvus du moteur le plus puissant actuellement au catalogue, le THP 150 de 155 chevaux et 240 Nm de couple. Le plus puissant en attendant l’arrivée d’une version hardcore de 200 chevaux, prévue pour être dévoilée dans le cadre du salon de Genève. Une chose est sûre : cette version à venir risque de donner du fil à retordre aux Clio RS et autres Mini JCW compte tenu du niveau déjà atteint par la version THP 150. La DS3 se prend très bien au jeu d’une route tortueuse. Les suspensions encaissent les grosses aspérités sans trop martyriser les occupants mais restent malgré tout assez rigides, idéal pour partir à l’assaut des virages. L’auto s’inscrit en courbe avec une très grande précision, qualité partagée avec la direction qui se montre simplement un peu trop légère lorsque le rythme devient indécent. On prend vite un malin plaisir à s’amuser à son volant quitte à verser dans l’annihilation des points de permis de conduire, mais il faut dire que l’auto est vraiment consentante.

La DS3 fait preuve de qualités dynamiques de tout premier point et à ce niveau là, la Mini est peut-être carrément dépassée. Pas de doute, son potentiel laisse entrevoir de très bonnes aptitudes pour l’imminente DS3-R qui devrait se situer dans les hautes sphères du sport dans sa catégorie. Rendez-vous est pris avec les Mini les mieux armées.

Pay for Loeb

La différence avec Mini se fera sans doute aussi au niveau de l’addition. Citroën a prévu trois niveaux de gamme pour sa DS3 : Chic, So Chic et Sport Chic, cette dernière se distinguant entre autres par les jantes de 17 pouces au lieu de 16 et les sièges baquet sport. Le tarif d’entrée est placé beaucoup moins haut que sur la petite anglaise avec un prix d’appel à 15 400 euros pour le moteur VTI 95 en finition Chic. A noter cependant que le premier niveau de finition ( Chic, donc ) ne donne pas droit aux LED incrustées dans les écopes du bouclier avant. Certes, ce n’est qu’un détail sans grande importance technique, mais c’est un élément qui contribue tellement au style général de l’auto qu’il flattera sans doute bien des acheteurs.

En essence, la DS3 est disponible avec deux VTI ( 95 et 120 ) et donc, le THP 150, uniquement offert avec la finition Sport Chic à 20 000 euros tout rond. L’offre diesel repose sur le HDI 90 ( à partir de 18 900 euros ) et sur la version 110 à 21 200 euros en Sport Chic, version la plus chère de toute la gamme.

http://www.dailymotion.com/swf/video/xc9cf9
Essai Citroën DS3 - THP 150 - test 2010
envoyé par leblogauto

Loeb for life ?

Même en se plaçant dans le petit monde premium compact, le tarif de la DS3 reste extrêmement bien placé face à la « norme » de la catégorie, le modèle - Mini - dont elle s’inspire en de nombreux points tout en développant une personnalité vraiment différente. Son style est très affirmé et comporte ces petits détails d’excentricité  qui lui donnent toute sa place dans un quartier urbain branché. Confortable et plutôt habitable, elle peut aussi compter sur un comportement dynamique de tout premier plan et largement à la hauteur de ce qui se fait de mieux dans le secteur.

Techniquement et dans l’esprit, l’alternative à la Mini est bien là, c’est indéniable et le travail abattu par Citroën doit être salué à juste titre. Sera-ce suffisant pour se tailler une place confortable à coté des autos branchées qu’elle entend concurrencer ? L’avenir proche nous le dira, je suis personnellement curieux de voir ça. Une chose est sûre : Sébastien Loeb s’ennuiera beaucoup moins à la sortie des spéciales de rallye.

Galerie : Essai Citroën DS3

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Pour résumer

Du haut de ses six titres de champion du monde WRC, Sébastien Loeb serait assurément un homme comblé s’il n’avait pas à subir les railleries de ses adversaires au moment de repartir des spéciales pour retrouver sa famille : pendant que Mikko peut tracer vers la Finlande en Focus RS de 305 chevaux, lui doit se contenter d’assumer le prêt de son patronyme à une série spéciale pas spécialement excitante. Et il n’a pas vraiment le choix puisque la C4 By Loeb constituait tout simplement le sommet de la sportivité chez Citroën jusqu‘à l‘arrivée de cette nouvelle année. Fort heureusement pour la crédibilité de Sébastien Loeb, Citroën continue de changer. Après avoir remplacé ses voitures de vieux par des autos quand même nettement plus sympa à voir et à vivre, la marque aux chevrons tente maintenant une percée sur le segment des véhicules qui se la pète en posant la première pierre de l’ambitieuse gamme DS. Une pierre qui roule et qui se fait mousser dans les beaux quartiers de Paris avant - peut-être - de fondre sur ses cibles premium italo-anglaises. Ça y est, la nouvelle DS3 est passée entre nos mains.

Cedric Pinatel
Rédacteur
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