Si Cuba se veut paradis de la vieille américaine, Malte vit au rythme du patrimoine automobile britannique. On y roule à gauche, et volontiers en berline, en break ou en utilitaire des années 50 à 70.
Convoitée par tous les peuples de méditerranée depuis les Phéniciens, mais farouchement attachée à ses singularités, Malte est un état de 316km2, à moins de cent kilomètres du sud de la Sicile. Colonie britannique durant 150 ans, la république insulaire n’a quitté le Commonwealth qu’en 1974. Un climat sec et un sens du patrimoine tout britannique ont fait le reste. L’île regorge d’automobiles anciennes et les vieilles anglaises y ont une place de choix. Non pas ces roadsters qui ravissent aux quatre coins du globe, ou ces prestigieuses qui ont fait l’aura de la production d’outre Manche, mais des roturières de chez Ford, Austin ou Morris. Sans livrée évocatrice, ni jantes ou ailes larges, les premières Escort, encore très nombreuses, ne sont pas devenues RS ou Mexico et les Mini travesties en MK1 ou Cooper S.
Plus rare encore sur les routes britanniques, les utilitaires anciens sont des objets du quotidien et des outils de travail toujours sollicités. Sans statut de Food Truck vintage, les Transit font le bonheur des marchands ambulants et les Dodge 500K cinquantenaire s’activent dans le bâtiment. Les fourgonnettes vitrées ou tôlées s’acquittent de tâches de transport ou de déménagement non sans élégance quand il s’agit d’une Morris Minor Traveller ou d’une rare Austin A60 ½ ton van.
Par contre les brinquebalants AEC ou Morris Commercial qui donnaient aux voyages vers Gozo un charme suranné ont cédé leur place à des autobus plus récents, confortables et climatisés. Dans des contrées on l’on dépasse les 30° plusieurs mois par an, le tout réchauffé par un Sirocco brûlant, c’est souvent la nuit que l’on roule en ancienne et que l’on aime à longer la côte de St Julians à La Valette. Particulièrement à l’aise sur les chemins de traverse, le Land Rover bénéficie d’un statut privilégié et le joli garage Muscats qui distribue la marque mérite le détour.
Mais les véhicules de la perfide Albion ne sont pas les seules productions hors d’âge à sillonner l’île. Comme dans bien des pays du pourtour méditerranéen, on croise en nombre des Volvo 240, des Mercedes W123 ou encore des Renault 12 qui se mélangent à leur cousines roumaines Dacia ou turques Toros. Malte s’est également ouvert de manière précoce aux véhicules japonais. La première, un Toyopet Crown, y a été immatriculée en août 1960.
On y apprécie donc les Corolla E20, Starlet KP 60 et autres Mazda 323 FA, petites propulsions populaires, totalement disparues d’Europe continentale. A l’heure ou les goûts européens s’uniformisent, à Malte comme ailleurs, le parc automobile local est encore teinté d’un exotisme au quotidien devenu rare. Une raison de plus pour découvrir cette destination de choix à deux heures de l’hexagone.
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7 Commentaires sur "Carnet de voyage : Malte, anglaises en méditerranée"
Dépaysant à souhait semble-t-il 🙂
A Cuba les dessous des voitures sont bricolés avec des pièces récentes, de la débrouille, etc. Et à Malte ? On trouve encore des pièces genre paradis du collectionneur ou c’est là aussi le système D ?
Oui, très dépaysant! La diversité du parc est étonnante.
Les autos sont d’origine, les pièces pour la plupart des anglaises se trouvent facilement et à prix correct. C’est moins vrai pour les vieilles japonaises, usées à la corde. Plus facile de rouler en Escort ou en Mini qu’en Mazda 323 ou en Corolla. Le père du propriétaire de la Starlet roule en Cooper MK1 et m’a confié que la restauration de sa Mini avait été plus simple que celle de la Toyota. Et il hésite moins à rouler, sachant qu’il est plus facile de se dépanner. Paradoxe bien connu…
Un article très sympa, un carnet de voyage à Chypre pourrait être tout aussi intéressant.
merci de nous faire rêver !!!
Ravi de revoir la petite Austin A35 rouge qui m’avait enchanté lors d’un passage sur l’ïle il y a quelques années. Sûr que c’est la même, encore qu’à Malte tout soit possible… Merci pour ce reportage !
Max,
La petite Austin est toujours sur Triq Marina à La Valette!
l’atout des pays comme Cuba est que,comme dans les pays Pauvres, ils en sont un paquet qui touchent autre que le clavier du pc, ont le coup de pattes à tout faire. C’est ,moi , ce que j’aime le plus ,les gens qui savent faire qq chose de leurs pattes!
l’expérience commence très très tôt . ça sert toujours ! D’ailleurs dans le tuning , il faut être apte à tout maîtriser. parce qu’une bonne auto n’est pas un catalogue d’accessoires, même d’époque…
Belles photos, merci. Je crois que ma classe va y faire un tour en septembre….