La "vallée de la batterie" n'est pas encore en production dans le nord de la France. Il faudra encore patienter un peu. En attendant, les Français sont incités à acheter du véhicule électrique à grand renfort de bonus de 5 000 € (pour un véhicule de 47 000 € ou moins NDLA). Ce faisant, on favorise l'import de véhicules produits soit ailleurs en Europe, soit carrément en Asie, et en Chine pour ne pas nommer l'épouvantail qui fait peur à l'industrie automobile.
Le Gouvernement a annoncé la mise en place d'un score environnemental pour moduler l'accès au bonus électrique. Mais, s'il vise la Chine en particulier, ce score est visiblement assez simple à contourner pour des véhicules qui resteront importés. Selon le journal Les Echos, le déficit commercial automobile sur les 12 derniers mois s'est élevé à 17 milliards d'euros contre 15,6 un an auparavant. Si on compare avec les mêmes mois, mais en 2019 le constat est encore plus amer ! Le déficit n'était que de 12 milliards d'euros.
Les exportations de véhicules produits en France ont fini par se stabiliser après des mois de baisse. En 2019, les exportations représentaient 74% des importations. Sur les 12 derniers mois c'est 68% ! Cela creuse le déficit. Mais, ce qui le creuse particulièrement, ce sont les milliers de véhicules électriques importés. Ils pèsent lourd en valeur, même si dedans il y a le Dacia Spring. Ce sont entre autres les Tesla, mais aussi pratiquement tout le top 10.
La "vallée de la batterie" ne règlera pas tout, loin de là
Si on regarde depuis le début de 2023, Le Model Y, leader du segment chez nous, est importé, de même que le Dacia Spring, la Fiat 500e (certes d'Italie, à Mirafiori), la Peugeot e-208 (Trnava en Slovaquie) et la Model 3. Il faut attendre la Renault Megane E-Tech, 5e du classement de l'année, pour voir le premier véhicule assemblé en France. Pour autant, un VE assemblé en France ne signifie pas que tout y est produit. Les modules de batterie de la Megane E-Tech viennent pour le moment d'une usine LG Chem en Pologne.
Il va donc falloir attendre que l'El Dorado français de l'électrique voie le jour et monte en puissance pour que cette part du déficit arrête de plomber le déficit global. Et encore, toutes ne viendront pas en France comme la Peugeot e-208 qui ira finalement en Espagne. Toutefois, le thermique n'est pas en reste avec des véhicules très vendus en France qui ne sont "plus français". La Peugeot 208 est assemblé à Trnava en Slovaquie, mais aussi à Kénitra au Maroc. Les versions thermiques de la prochaine génération pourraient ne venir que de Kénitra.
En 2022, la production automobile hexagonale n'a été que de 1,38 million de véhicules. Dans ce lot, on compte 1 million de véhicules particuliers, et le reste en véhicules utilitaires légers. La chute par rapport à 2019 est catastrophique avec -35%. Surtout, la France ne représente plus que 8,5% de la production européenne et 1,6% de la production automobile mondiale. Le pays inventeur de l'automobile n'est plus que l'ombre de lui-même.
Mais, il n'y a pas que la production française qui souffre. En effet, dans un monde toujours plus globalisé, la production automobile après s'être déplacée en Europe de l'est et du sud (Espagne notamment), sort désormais de l'Europe. Elle traverse la Méditerranée, et file aussi en Asie. La production chinoise par exemple explose. Avec l'interdiction de vente des véhicules thermiques dès 2035 en Europe, cette tendance lourde devrait encore plus s'accentuer. La France tente de maintenir la tête hors de l'eau en créant un environnement favorable à la voiture électrique. Peine perdue ?