32 cas positifs "asymptomatiques" sur 300 collaborateurs. La contamination ne semble pas venir de l'intérieur de l'usine selon Renault cité par l'AFP. Le site de Tanger est également en train de subir un dépistage massif. "L'objectif [est] de tester tous les effectifs présents" a indiqué à l'AFP une porte-parole du groupe.

L'usine de Casablanca regroupe en temps normal 1 500 employés sur les près de 12 000 salariés de Renault dans le Royaume du Maroc. Le pays a pris des mesures semblables à celles de la France. L'état d'urgence sanitaire a été décrété au Maroc, forçant l'arrêt de l'usine pour 6 semaines. Depuis, l'usine de Casablanca a redémarré partiellement début mai. Le Maroc a décidé de prolonger le confinement obligatoire jusqu'au 10 juin, au moins.

Que ce soit en Europe, en Afrique du Nord, ou un peu partout dans le monde, l'industrie automobile fait face à une situation inédite avec la pandémie de SARS-CoV-2. Les constructeurs tentent de redémarrer les usines avec des équipes réduites, et des protocoles sanitaires discutés avec les représentants des salariés.

Le difficile redémarrage de l'industrie en Europe

Ce dépistage de 10% de cas positifs asymptomatiques (donc non décelables en l'absence de tests) montre à quel point ces protocoles vont être particulièrement importants à suivre pour ne pas voir de foyers (alias clusters) apparaître dans ces usines. En France, la détection de cas positifs dans certains abattoirs montre que malgré les précautions, la contamination est possible.

Le groupe PSA ou le groupe Renault, relancent la production dans plusieurs de leurs usines. Mais, ils avancent avec prudence, d'autant plus que les syndicats comme la CGT se montrent très réticents face à la reprise. Les premières semaines vont être cruciales pour savoir si cette reprise, même partielle peut se poursuivre ou non.

En Allemagne, la production a repris dans les différentes usines depuis la fin avril. Volkswagen a relancé le site historique de Wolfsburg. Mais, faute de demande, la production a de nouveau été interrompue il y a une semaine. L'industrie automobile, comme pratiquement toutes les sociétés où les emplois ne peuvent être faits à distance, est dans une position délicate. Dans certains pays comme la France, elles ont la possibilité de passer en chômage partiel avec l'Etat qui aide en grande partie pour le maintien du salaire. Mais, la situation ne sera pas tenable très longtemps.

Le Maroc, El Dorado de l'industrie mondiale

Pour le moment, certains constructeurs ont "fait des stocks" (Peugeot par exemple) et affirment pouvoir faire face à la reprise de la demande client. D'autres sont plus en flux tendu et feront face à des ruptures d'approvisionnement. Enfin, de nombreux sous-traitants vont aussi manquer à l'appel, faute de production relancée, ou faute de matière première.

Le Maghreb, est devenu depuis plusieurs années un El Dorado pour l'automobile à "coût abordable". Le Maroc par exemple développe des zones franches depuis 25 ans et a accéléré dans les "cadeaux" fiscaux pour attirer des usines aéronautiques, automobiles ou autres. La main d'oeuvre qualifiée et la proximité de grands aéroports ou ports internationaux finit d'attirer les industriels. Un peu comme l'industrie tisserande qui a déserté peu à peu la France et l'Europe pour traverser la Méditerranée à une époque, l'automobile suit ce chemin.

La SOMACA, l'usine historique

Les usines marocaines de Renault font partie d'un plan d'extension à l'internationale. Les usines assemblent des véhicules qui partent pour 90% hors du Maroc. La SOMACA (Société Marocaine de Constructions Automobiles) a été créée en 1959 et a commencé à assembler des Renault en 1966. La société a vu des Fiat, mais aussi des Peugeot. Elle est une filiale à 100% de Renault depuis mars 2019 et le rachat des 20% que détenait le Groupe PSA. Pour PSA, le Maroc c'est à Kenitra que cela se passe avec sa propre usine. Quant à l'usine de Casablanca, elle produit actuellement les modèles Logan, Sandero et Sandero Stepway de Dacia.

L'usine de Tanger (Renault-Nissan) est plus récente et plus moderne. Elle emploie environ 6 800 salariés. "Renault Tanger Méditerranée" assemble des Dacia Lodgy, Sandero, Sandero Stepway, Dokker, Logan MCV. Elle est surtout une usine 100% zéro émission, ISO 9001, ISO 14 001, RHP label.

Dans le pays voisin, l'Algérie, "Renault Algérie Production" à Oran, assemble également des modèles Dacia, mais aussi des Renault Symbol (la Logan au losange) ainsi que des Clio 4.

Illustration : Renault

leblogauto.com avec AFP sof/hme/hj