L'idée de repenser les plateformes et de standardiser les composants n'est pas nouvelle, et le groupe Volkswagen comme l'Alliance Renault-Nissan sont engagés dans cette voie. Toyota compte faire de même avec la nouvelle initiative dénommée TNGA pour Toyota New Global Architecture, dont l'objectif est la standardisation de la moitié des pièces qui constituent un véhicule. L'objectif est bien sûr de gagner du temps et réduire les coûts en étudiant des sous-ensembles pour plusieurs modèles en parallèle au niveau global. Dans un premier temps, trois plateformes traction vont être développées dans le cadre de cette initiative, couvrant la moitié de la production globale du groupe.  Il est intéressant de noter dans le communiqué que parmi les objectifs de ces plateformes figurent l'abaissement du centre de gravité et l'excellence de la tenue de route ainsi que de permettre un design affirmé, plus émotionnel, des mots que l'on n'avait pas l'habitude de voir dans les communiqués de Toyota de l’ère pré-Toyoda.

Et ce n'est pas un hasard : l'actuel président de Toyota est avant tout un passionné, qui souffre de l'image de déplaçoirs efficaces mais sans âme qui colle à la marque. Ayant passé du temps aux Etats-Unis, il est sans doute plus conscient que bien des pontes de Nagoya de la menace représentée par les constructeurs coréens qui osent de plus en plus des styles marqués et progressent rapidement au détriment des produits de sa marque. Pour corriger le tir, les circuits de décision ont été revus, limitant le nombre d'intervenants. Le chef ingénieur, personnage important dans la culture Toyota, verra son autorité renforcée vis-à-vis du produit qu'il a en charge. Responsable du modèle depuis sa conception jusqu’à sa mise en production puis son évolution,  Il répondra désormais directement au directeur régional du département produit, chez Toyota et chez Lexus. L'objectif est de donner plus de personnalité à chaque modèle et de combattre les travers de la "conception en comité". Trois directeurs produits sont désignés au niveau global, couvrant chacun une partie du monde : Etats-Unis et Chine, Europe et Japon, et reste du monde. Pour Lexus, un directeur supervise l'ensemble des marchés.

Même histoire pour le design, où le nombre de personnes associées aux revues de design sera drastiquement diminué. A l'heure actuelle, jusqu’à cent personnes peuvent avoir leur mot à dire sur le style d'un modèle donné. Le nouveau chef du design pour le groupe, Tokuo Fukuichi, souligne que le processus actuel, basé sur le consensus, aboutit à un style sans risque qui ne déplait à personne et par conséquent n'excite personne non plus. "Pour que quelqu'un trouve un design passionnant, il faut être préparé à ce que d'autres le haïssent.". Si ce nouveau mot d'ordre est appliqué au pied de la lettre, les Toyota à venir pourraient être bien différentes de ce qu'elles sont... La nouvelle Avalon, présentée a New York, est la première a avoir été réalisée avec cette philosophie, et la NS4 de Detroit (illustration) donne des pointeurs sur le design futur.

Il serait étonnant que tout le monde dans la maison adhère immédiatement à cette nouvelle façon de travailler, et Toyoda-san va devoir passer du temps à porter la bonne parole dans son empire. Et malgré les bonnes résolutions, il faudra faire attention à ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain et augmenter l'audace sans perdre de vue ce qui a toujours fait la force de Toyota, des voitures populaires sans histoire qui servent fidèlement leurs propriétaires.

Source : Toyota, New York Times et divers.

Crédit image : Toyota