Pétrole : l’exploitation accroît les risques sismiques, au Sénégal et ailleurs
par Elisabeth Studer

Pétrole : l’exploitation accroît les risques sismiques, au Sénégal et ailleurs

A l’heure où le Japon est frappé par de puissants séismes, et que le pays met le paquet sur le financement des énergies fossiles, risquant même de contrecarrer les efforts des signataires de l’accord de Paris en faveur de la transition énergétique, un media sénégalais pointe du doigt l’impact de l’exploitation pétrolière sur les risques sismiques. Au Sénégal … mais bien évidemment ailleurs aussi.

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Risque sismique : l’exploitation pétrolière, un danger pour le Sénégal ?

Si l’on en croit le vice-président de l'Observatoire citoyen du pétrole et du gaz (OCIG) du Sénégal, Pr Adams Tidjani, des séismes pourraient frapper le pays. Lequel ajoute que le risque est accru par les opérations de production d’hydrocarbures qui doivent voir prochainement voir le jour sur le territoire sénégalais.

 Le Sénégal n’est pas à l’abri d’un séisme

Dans un article paru récemment dans la rubrique «Opinions & Débats» du journal sénégalais « Le Quotidien », le vice-président de l’OCIG, Pr Adams Tidjani, affirme que le Sénégal n’est pas à l’abri d’un séisme.

Si ces propos peuvent paraître alarmistes, les autorités sénégalaises devraient tout de même être vigilantes sur ce point, le media exhortant même les autorités à prendre les dispositions préventives adéquates pour parer à toute éventualité.

Le tremblement de terre d’ Al-Haouz au Maroc, avec ses près de 3000 morts, plus de 5000 blessés et ses importants dégâts matériels, rappelant si besoin en était qu’une telle catastrophe est dévastatrice pour un pays. Les récents séismes qui ont endeuillé le Japon nous le rappellent aussi.

«D'aucuns diraient que cela est impossible au Sénégal, et pourtant notre pays se trouve dans une zone à risque", avance Pr Adams Tidjani. "En effet, au large des côtes sénégalaises, se trouvent de nombreuses failles qui sont caractéristiques des zones volcaniques. On peut penser que ces failles sont inactives, il n'en est rien » poursuit-il.

Le vice-président de l’OCIG se base sur des calculs effectués il y a une trentaine d’années sur le littoral dakarois pour argumenter ses propos «Dans les années 90, au Laboratoire des rayonnements naturels de la Faculté des sciences et techniques de l'Ucad, nous menions une étude sur la mesure de concentration de radon sur la Corniche-Ouest de Dakar, se souvient-il. Ajoutant que dans le cadre de travaux menés avec des collègues français et américains, la mesure de la concentration du radon dans le sol était utilisée pour la prévision des séismes.

Pics de radon à Dakar Almadies

Avant de dévoiler les résultats de l’étude, Pr Tidjani rappelle que «le radon est un gaz radioactif d'origine naturelle, inodore, incolore. Il provient de la désintégration de l'uranium et du radium présents dans la croûte terrestre. Plusieurs travaux de recherche ont montré qu'à l'approche d'un séisme, la concentration du radon émanant du sol augmente drastiquement, ce qui constitue un indicateur d'un phénomène sismique imminent».

L’expert poursuit : «ainsi, lors de nos travaux, le rôle traceur du radon était utilisé pour suivre des sites volcaniques comme la Piton de la Fournaise aux îles de la Réunion et la faille de San Andreas en Californie. (…) Lors de campagnes de mesures effectuées à Dakar, aux Almadies, nous avions enregistré par deux fois des pics de radon de plusieurs dizaines de fois supérieurs à la normale ! Ce résultat traduisait indéniablement la survenance d'une activité sismique » poursuit-il.

Malheureusement, regrette le vice-président de l’OCIG, ce constat alarmant n’a pas été confirmé «avec les services étatiques, du fait de l'inexistence d'un monitoring de l'activité sismique de nos côtes et au large».

L’exploitation pétrolière offshore à l’origine du puissant séisme de l’Alberta (Canada)

Or, prévient-il, ce risque de tremblement de terre s’est accentué avec les futures opérations de production d’hydrocarbures. «En effet, explique Pr Adams Tidjani, l'injection d'eaux usées issues de l'exploitation pétrolière provoque des tremblements de terre que l'on croyait ‘petits’.

Dans le cas d'une exploitation offshore, ces petits tremblements de terre sont qualifiés de micro-tsunamis. Il vient d'être prouvé par une équipe de chercheurs (Ryan Schultz et al., Geophysical Research Letters, March 2023) de l'université de Stanford (USA) que ces petits tremblements générés par l'exploitation pétrolière sont à l'origine du plus puissant tremblement de terre de l'histoire de l'Alberta (Canada).»

Ce séisme d’une magnitude de 5,6, survenu en novembre 2022, a été ressenti jusqu'à près de 650 kilomètres, rappelle l’expert. Ajoutant qu’il «a été attribué, par ces chercheurs, à l'activité pétrolière déployée dans la région».

Production d'eaux d'injection en récupération assistée du pétrole

Des chaînes de traitement (soit des eaux de forma­tion extraites avec le pétrole, soit de l’eau de mer – offshore, soit éventuellement de l’eau douce – onshore) doivent être conçues pour permettre par leur réinjection le maintien de la pression du gisement, et ceci sans risquer de le colmater (de telle manière à éviter dépôt de tartre, limiter l’utilisation de produits susceptibles de provoquer de la corrosion au niveau des tubings et freiner le développement de micro- organismes.

Dans certains cas, il faut réchauffer les hydrocarbures très lourds pour pouvoir les extraire. On doit alors injecter de grandes quantités de vapeur à 60-150 bar dans la roche réservoir ce qui implique l’utilisation de chaudières.

Comme dans tous les cas de recyclage une bonne connaissance de la qualité d’eau brute conditionne les choix du traitement de recyclage et garantit la production régulière de vapeur indispensable à la production du champ.

Des séismes provoqués par l’activité humaine

Les tremblements de terre induits par les activités humaines sont bien documentés et suscitent une préoccupation croissante indique une lettre de recherches publiée en mars 2023 par un ensemble de chercheurs de l'université de Stanford (USA).

Lesquels indiquent que le bassin sédimentaire de l’Ouest canadien (BSOC) connaît une longue histoire de sismicité liée à l’exploitation pétrolière : une histoire plus ancienne liée aux techniques conventionnelles d'exploitation des ressources, de production, de récupération secondaire. 

Mais ils constatent désormais une récente augmentation de la sismicité du BSOC causée par le développement non conventionnel de schistes via la fracturation hydraulique. La fracturation hydraulique des schistes plus profonds a provoqué des tremblements de terre : comme la Formation d'Exshaw, la Formation de Duvernay , la Formation de Montney et les schistes de Muskwa. À ce jour, le développement conventionnel et non conventionnel a induit des événements de magnitude modérée (M4), le plus grand événement étant M4,6.

"Des tremblements de terre de grande magnitude ( M  > 5) ont été provoqués ailleurs dans le monde par la fracturation hydraulique, l'évacuation des eaux usées et des systèmes géothermiques améliorés" affirment-ils encore. 

Parfois, ces tremblements de terre ont causé des pertes économiques et humaines. En réponse, des moratoires ont été imposés sur le développement des ressources en raison des préoccupations liées au risque sismique. Ainsi, les tremblements de terre induits soulèvent des questions d'une gestion efficace des risquesD’autant plus qu’une transition énergétique soucieuse du climat nécessite une injection souterraine de CO 2 à grande échelle. Par conséquent, une analyse détaillée des tremblements de terre de Peace River est importante pour garantir des pratiques sécuritaires d’injection souterraine à l’avenir, en particulier compte tenu du potentiel de stockage du CO 2 en Alberta.

Notre avis, par leblogauto.com

Une information et un constat qui font désormais écho avec les récents séismes survenus au Japon … Concernant le Sénégal, l’expert exhorte le gouvernement sénégalais à prendre des mesures préventives.

«  Par principe de précaution, il faut tout d'abord identifier et cartographier l'activité sismique au large des côtes sénégalaises et par la suite, procéder à un monitoring systématique de cette activité sismique, surtout autour des blocs d'exploitation » propose-t-il dès aujourd’hui …. avant qu’il ne soit trop tard.

Mieux vaut prévenir que guérir …. quant au Japon …. il va désormais falloir prévenir ET guérir ….

Sources : Presse sénégalaise, OCIG,

Ryan Schultz et al., Geophysical Research Letters, March 2023 de l'université de Stanford (USA) 

Pour plus d’infos sur le procédé technique : rapport de Suez ici

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Pour résumer

A l’heure où le Japon est frappé par de puissants séismes, et que le pays met le paquet sur le financement des énergies fossiles, risquant même de contrecarrer les efforts des signataires de l’accord de Paris en faveur de la transition énergétique, un media sénégalais pointe du doigt l’impact de l’exploitation pétrolière sur les risques sismiques. Au Sénégal …, mais bien évidemment ailleurs aussi.

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