Revers pour l'UAW dans l'usine Nissan du Mississippi
par Elisabeth Studer

Revers pour l'UAW dans l'usine Nissan du Mississippi

Nissan vient de tenir en échec le projet de l'UAW (United Auto Workers), syndicat du secteur automobile américain de s'implanter dans une usine détenue par l'alliance Renault-Nissan à Canton au Mississippi. Le conflit aura néanmoins permis d'afficher au grand jour les divisions politiques et raciales qui règnent aux Etats-Unis. L'usine est située dans l'une des régions les plus pauvres des USA, 80 % de ses employés sont des Afro-Américains.

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Nissan vient de tenir en échec le projet de l'UAW (United Auto Workers), syndicat du secteur automobile américain de s'implanter dans une usine détenue par l'alliance Renault-Nissan à Canton au Mississippi. Le conflit aura néanmoins permis d'afficher au grand jour les divisions politiques et raciales qui règnent aux Etats-Unis. L'usine est située dans l'une des régions les plus pauvres des USA, 80 % de ses employés sont des Afro-Américains.

Dans le cadre d'un scrutin organisé en fin de semaine dernière, près de 60% des 3 400 salariés ont rejeté l'ouverture d'une section syndicale sur le site de Canton. Une information transmise par le National Labor Relations Board (NLRB), l'autorité fédérale en charge des relations sociales et organisatrice du scrutin. A noter toutefois qu'environ 3 000 salariés à temps partiel et employés temporaires de l'usine n'ont pas été autorisés à se prononcer, ne rentrant pas dans le périmètre des électeurs.

Nissan a estimé que le résultat de ces élections plaçait le constructeur « en position concurrentielle pour l'avenir". Rappelant que « 60 % des employés ont voté contre l’implantation de la section syndicale », la direction a déclaré attendre de l’UAW « qu’il respecte cette décision et cesse de vouloir syndicaliser les salariés du site. » Tout en ajoutant qu'elle continuait de dialoguer avec les employés, et remerciait le RNLB d’avoir organisé le scrutin.

Délit d'entrave ?

Reste tout de même que les employés favorables à l'ouverture d'une section syndicale n'ont pas jeté l'éponge pour autant. Leur détermination est d'autant plus forte que l'UAW a accusé Nissan d'avoir mené une campagne tout azimut contre les syndicats.

Si le président de l'UAW, Dennis William a certes admis qu'il s'agissait d'un revers pour les salariés, il a toutefois refusé de parler de défaite. Selon lui, les résultats sont liés aux « manœuvres odieuses » de "Nissan et ses alliés anti-travailleurs" menées en vue de semer "la peur, la désinformation et l'intimidation". En juillet dernier, un représentant de l'UAW, Gary Casteel, avait déclaré que le constructeur menait une campagne anti-syndicats des plus agressives dans l'histoire moderne américaine.

Fabien Gâche, délégué CGT français a quant à lui fait part de « pressions » et « de tentatives d’intimidation considérables que l’on n’imagine pas en France ». Selon lui, « la direction fait peser une pression permanente contre les salariés. Ceux qui parlent de se syndiquer sont menacés de licenciement, ils sont mis à l’écart. La répression est forte en interne » a-t-il ajouté. Il indique par ailleurs que les multiples interpellations des dirigeants Renault-Nissan n’ont rien donné, se plaignant d'être face à un « déni complet de la situation. »

En juin 2016 , des représentants de United Auto Workers (UAW) étaient venus manifester à Boulogne-Billancourt, accusant Renault d’interdire une section syndicale dans l'usine du Mississippi. L’UAW affirmait alors que la direction exerçait des pressions sur les salariés de l'usine, afin de les décourager d’élire des représentants syndicaux. Le soutien de 30% des 5000 salariés  étant nécessaire à l’implantation d’une cellule syndicale légale.

Nissan avait alors affirmé dans un communiqué "respecter la loi dans chaque pays où il est présent", se déclarant être attentif à "ce que tous les employés soient au fait de ces lois, comprennent leurs droits, puissent exprimer librement leur opinion et élire des représentants comme ils le souhaitent". Ajoutant : "la décision de se joindre ou non à un syndicat est entièrement la décision des employés. Nissan soutient leur droit à choisir des représentants, comme le droit de se représenter aux-mêmes" .

Le constructeur dément désormais les accusations laissant entendre qu'il aurait menacé de licencier des salariés impliqués dans des activités syndicales voire même de fermer l'usine en cas de résultats favorables  à la création d'une section syndicale.

Depuis de nombreuses années les syndicats se battent pour s'implanter dans les usines du sud des Etats-Unis, région qui attire les constructeurs – en majorité étrangers - alléchés par des niveaux de salaires plus bas et une main d’œuvre moins syndicalisée que dans la région des Grands Lacs. L'UAW tente notamment - jusqu'à présent sans succès - de créer une section dans une usine de Volkswagen dans le Tennessee.

L'usine Nissan est quant à elle à l'origine de près de 25 000 emplois indirects dans le Mississippi, l'une des régions les plus pauvres d'un des Etats les plus pauvres des Etats-Unis. Plus des deux-tiers des 711 000 habitants de cette circonscription sont des Afro-Américains. Ils descendent pour la plupart d'esclaves employés dans la culture du coton, laquelle demeure un des principaux secteurs économiques de la région depuis des décennies. L'UAW aura usé de la corde raciale pour tenter de s'implanter dans la région où naquit le blues. Axant son discours sur l'émancipation de la population noire américaine.

Sources : Nissan, AFP, UAW, France Inter

Crédit Photo : Nissan

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Nissan vient de tenir en échec le projet de l'UAW (United Auto Workers), syndicat du secteur automobile américain de s'implanter dans une usine détenue par l'alliance Renault-Nissan à Canton au Mississippi. Le conflit aura néanmoins permis d'afficher au grand jour les divisions politiques et raciales qui règnent aux Etats-Unis. L'usine est située dans l'une des régions les plus pauvres des USA, 80 % de ses employés sont des Afro-Américains.

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