Les gagnants des 6h d’Imola
Ferrari
La Rossa rentre d’Imola avec la victoire et les trois premières places au championnat des pilotes. La n°51 de James Calado, Antonio Giovinazzi et Alessandro Pier Guidi s’est imposée après avoir mené la grande majorité des 6 heures. C’est le deuxième succès consécutif de la marque après son triplé en ouverture de la campagne au Qatar.
La 499P victorieuse a notamment géré avec brio sa stratégie pour se maintenir en tête sur un circuit défavorable aux dépassements. Autrefois « dévoreuse de pneus », la Ferrari a bouclé ses trois premiers relais sans changer des gommes medium, soit plus de 500 km couverts avec un train.
« Au début de notre programme, la référence sur la gestion des pneumatiques était Toyota. Mais je pense qu’on est maintenant à leur niveau », nous expliquait Alessandro Pier Guidi avant l’épreuve. La 499P gomme donc ses défauts de jeunesse.
BMW et Alpine
L’Hélice n’a jamais semblée si près d’un premier triomphe en mondial. D’abord parce que la n°15 pilotée par Kevin Magnussen est parvenue à suivre la cadence des Ferrari pendant les deux premières heures ensoleillées. Ensuite parce que la M Hybrid V8 n°20 (Frijns-Rast-van der Zande) ramène une excellente 2e place finale du tracé romagnol. Et ce, malgré une course retardée par une collision avec la Toyota n°7…
Autre LMDh en forme : l’Alpine A424. L’équipage de la n°36 a signé le deuxième podium du programme après Fuji (Japon) l’an dernier. Frédéric Makowiecki, Jules Gounon et Mick Schumacher ont déployé une habile stratégie en enfilant les Michelin les plus tendres au tiers de la course. On s’en reparle un peu plus loin.
L’équipe a aussi bien réagi au ping-pong stratégique induit par une neutralisation à une heure et demi de l’arrivée. « Nous avons été agressifs avec la n°36 en privilégiant deux relais plus courts plutôt qu’un long suivi d’un très court en fin de course, témoignait après l’arrivée Philippe Sinault, le directeur de l’équipe Alpine Endurance Team. Les éléments se sont alignés et cela nous a permis d’attaquer sans compromettre nos pneus. C’est un bel effort collectif qui récompense le travail de toute l’équipe ».
Nicklas Nielsen et Sébastien Buemi
Le sang-froid, c’est surtout une qualité. Ces deux pilotes l’ont prouvé dimanche à Imola.
Parti dernier après les soucis d’Antonio Fuoco en qualifications, Nicklas Nielsen a brillé pendant les deux premières heures de course. Au volant de la n°50, il a d’abord débordé les deux Aston Martin et la Porsche-Proton en moins de deux kilomètres.
Et pendant son premier relais, il a également déposé les deux Porsche usine ou la Cadillac n°38 dans des dépassements aussi propres que décisifs. Le Danois était pointé au 7e rang après une heure de course. Impressionnant.
Côté défense, Sébastien Buemi a rappelé qu’il était l’un des meilleurs pilotes d’endurance de notre époque. Au volant de la Toyota n°8, il a offert pendant la dernière heure une résistance aussi opiniâtre qu’efficace (et sportive) à la Ferrari n°50 d’Antonio Fuoco.
L’incertitude stratégique
A Imola, Michelin mettait à disposition des équipes ses pneus soft et medium. Et cette allocation a offert aux teams une très large palette de stratégies possibles, sur un tracé où les dépassements sont compliqués.
Or, les conditions ont beaucoup évolué pendant l’épreuve. Le mercure a ainsi dégringolé de 31 à 23°C et le ciel dégagé puis couvert dans l’après-midi. De quoi mettre en lumière (ou en difficulté) diverses voitures et différents pilotes.
Quelques phénomènes inhabituels ont été constatés. On s’étonnera par exemple d’entendre Kamui Kobayashi évoquer la dégradation des enveloppes. Jusqu’ici, Toyota était réputée pour sa maîtrise des exigeances Michelin. A l’inverse, la Ferrari n°50 a bouclé quatre relais avec les mêmes gommes medium à l’intérieur.
L’Alpine n°36 de Jules Gounon a également prouvé qu’on pouvait couvrir deux relais en « soft » pour économiser une douzaine de secondes sur la mise en température. Autant de preuves que la créativité était à l’honneur ce week-end.
Les acquis et la hiérarchie seront bientôt remises en cause. Mi-mai, Michelin organise une séance d’essais au circuit Paul Ricard. Il s’agira de tester les mélanges prévus pour la saison prochaine. Bibendum détient de l’exclusivité de la fourniture des Hypercar jusqu’en 2029.

Les perdants des 6h d’Imola
Antonio Fuoco
S’il est habituellement l’un des plus brillants des pilotes Ferrari, le vainqueur des 24 Heures du Mans 2024 a connu un week-end pénible aux 6h d’Imola.
D’abord en débordant trop fréquemment les limites du circuit en qualification. Les meilleurs chronos du Calabrais furent annulés par les commissaires, laissant la Ferrari n°50 en dernière position sur la grille de départ. « Je dois m’excuser auprès de l’équipe, expliquait-il avec contrition samedi après-midi. Je chercherai à compenser mon erreur demain ».
Le dimanche, Fuoco fut chargé comme l’an dernier du sprint final. Dans sa remontée, il buta sur la Toyota n°8 de Sébastien Buemi. Il ne parvînt à trouver la faille qu’en forçant par l’extérieur du « S » de Tamburello, donnant des coups de ponton au passage.
La manœuvre se solda par un passage dans le bac à gravier, une crevaison et une pénalité de 45 secondes pour la Ferrari n°50. Dans leur décision n°98, rendue après la course et audition des deux pilotes, les commissaires ont jugé que : « ce type de contact, surtout à haute vitesse, doit être évité ».
Le pilote italien se console tout de même avec le meilleur tour en course.
Porsche
Dominantes dans le championnat IMSA, les Porsche 963 de l’équipe officielle ont du mal à exister en WEC. Grâce à un tour de passe-passe stratégique, la n°6 de Matt Campbell, Kévin Estre et Laurens Vanthoor a certes brièvement occupé la tête après quatre heures d’épreuve sur les 6h sur le circuit d’Imola.

Mais le dimanche des 963 n’a ramené qu’une 8e et une 11e places sous le damier. « Les différences de performance entre les Hypercar nous a donné de quoi réfléchir », déclarait Thomas Laudenbach, vice-président de Porsche Motorsport après le damier.
La marque allemande grogne… Un chiffre éclairant en témoigne. Le meilleur tour en course d’une Porsche fut signé par Michael Christensen (Porsche n°5) en 1:33.499. Soit à près d’une seconde du meilleur tour en course d’Antonio Fuoco (1:32.504).
Cadillac
« Ferrari va nous atomiser », nous prévenait Sébastien Bourdais vendredi après la première séance d’essais libres. Le Manceau a le compas dans l’œil. Sa Cadillac n°38 fut de surcroît gênée en qualifications et engluée dans le trafic en course.
Son équipier Earl Bamber connût également un accrochage avec la Peugeot n°93 de Paul di Resta. Résultat final après un demi-tour d’horloge : une anonyme 16eplace. L’équipage « 3B » (Bamber-Bourdais-Button) n’a pas marqué de point après deux manches.
La n°12 n’a pas brillé davantage. A la recherche de la performance perdue, Alex Lynn a connu une sortie de route lors de la troisième séance d’essais libres. Avec Will Stevens et Norman Nato, le Britannique parvint à arracher la 10e place finale. On est loin du Qatar, où la LMDh américaine menaçait directement les Ferrari.
Les 6h d’Imola derrière nous, la prochaine manche du championnat du monde d’endurance (WEC) : le 10 mai à Spa-Francorchamps (Belgique).
Photos : FIA WEC / DPPI

Vivement SPA et LE MANS !!!
🙂