La deuxième manche du championnat du monde d’Endurance FIA WEC s’est tenue sur le circuit Enzo et Dino Ferrari, devant plus de 65.000 spectateurs. Une belle fréquentation qui confirme le regain d’intérêt de la discipline, laquelle offre de la variété. On profite de deux catégories (nombreux constructeurs, diversité des mécaniques) et d’un plateau de pilotes de prestige (dont 13 anciens pilotes de F1 en Hypercar). Le spectacle est au rendez-vous, le tout sur 6 heures.
Le circuit
Ah, les circuits à l’ancienne ! Il n’y a que ça de vrai. Evidemment, le circuit d’Imola porte le poids des ans, ses infrastructures ne pouvant rivaliser avec les nouvelles installations. Mais le tracé émilien a pour lui le charme de son site, entre rivière et vignes, dans un parc vallonné et à proximité d’une charmante bourgade. Imola, c’est aussi une piste rythmée et étroite qui propose de nombreux dénivelés et…plusieurs spots très propices pour les photographies !
Le « spot » le plus appréciable est la Variante Alta, où l’on est près de la piste afin d’observer les voitures sautiller sur les vibreurs. Aque Minerali est également spéctaculaire avec cette descente et ce freinage en appui. Le charme des pistes anciennes vient aussi de l’Histoire qui en impreigne les lieux. L’accès au parking media se fait par la Via Nuvolari, et l’on se rend ensuite au premier virage par la Via Luigi Musso.
Le souvenir du 1er mai 1994 flotte toujours
Puisque nous parlons d’Histoire, comment ne pas évoquer le souvenir du 1er mai 1994 ? Avec le temps, Imola est devenu également un lieu de mémoire, presque de pélerinage. En marchant à proximité de la courbe de Tamburello, comment ne pas avoir immédiatement le souvenir de ce funeste 1er mai 1994 ? Et pour ceux qui l’ignorent, les plus jeunes évidemment, le mémorial Ayrton Senna est là pour nous le rappeler : situé à l’intérieur de l’enceinte du parc, le mémorial est quasiment au niveau où l’accident de Senna s’est produit, mais dans la partie intérieure de Tamburello, en face du point d’impact. Du côté droit de la piste en effet, juste derrière les murets de protection, la rivière prend place. D’innombrables T-Shirts, pancartes, drapeaux et autres objets sont ainsi accrochés au grillage, tandis que les passants se succèdent sans discontinuer pour observer la statue tragique représentant le champion brésilien.
N’oublions pas Ratzenberger
En poursuivant son chemin, on arrive ensuite au Monument Gilles Villeneuve, qui avait eu un très gros accident dans cette courbe, très rapide avant qu’une chicane n’y soit installée en 1995. Le lien est fait avec l’autre drame de 1994 qui s’était déroulé la veille lors des qualifications, emportant Roland Ratzenberger. Un petit mémorial lui est ausi dédié, sur le flanc de la tribune de Tosa, de l’autre côté de la piste, en face de là où s’était arêtée sa Simtek désarticulée et son pilote, gisant, à l’intérieur…
La course : Ferrari a dû batailler, mais a gagné
Le début de saison confirme la supériorité intrinsèque de la Ferrari 499P. Si certains peuvent y voir une Bop avantageuse, la victoire sur ses terres, après le triplé Qatari, confirme Ferrari dans son rôle de favori. Toutefois, cette domination risque de se payer avant Le Mans avec des ajustements de la Bop… Ferrari a été très fort à domicile, mais la course n’a pas été si facile. Le samedi, Antonio Giovinazzi s’est chargé de placer en pole position a n°51, avec une superbe chrono qui a relégué son second, Robert Kubica, sur la 499 « Giallo », à 7 dixièmes de seconde !
La course allait-elle s’annoncer comme une balade pascale ? Le risque de pluie était annoncé pour la fin de course, ravivant chez les rouges le spectre du désastre de 2024, mais le ciel est finalement resté clément. C’est bien sur la piste que la concurence s’est montrée plus coriace que prévue, à la faveur notamment d’un Full Course Yellow et de deux interventions de la Safety-Car qui ont rebattu les cartes stratégiques, sur un circuit où le trafic est important et doubler pas évident.
La première heure et demie a vu le duo des Ferrari n°51 et n°83 se détacher de la meute mais ensuite, plusieurs protagonistes sont venus s’immiscer dans la bagarre au gré des salves de ravitaillements et des changements dans le classement. La n°51 n’a cependant jamais tremblé. Giovinazzi, Pir Guidi et Calado enchaînent donc après le Qatar. Il faut aussi remonter à…1973 pou trouver une victoire de Ferrari en mondial d’Endurance à domicile !
Galères pour la n°50
Tandis que la Ferrari 51 a maîtrisé son sujet, la n°50 a vécu un week-end bien compliqué. Le samedi déjà, Antonio Fuoco voyait son meilleur temps annulé pour un non respect minime des limites de pistes à la Variante Alta, ce qui non seulement privait la n°50 de l’hyperpole, mais les condamnait à partir très loin, en 16e place ! La course n’a été ensuite qu’une longue course poursuite pour remonter dans le classement. Misant sur un décalage de stratégie pneus, Fuoco s’est retrouvé à 1h de la fin en grosse lutte avec la Toyota n°7 de Buemi. Le duel a été viril, mais s’est terminé par des contacts au freinage de Tamburello. Fuoco est passé à fond dans les graviers puis a subi une crevaison, qui a fait plonger la n°50 au classement.
Alpine en hausse, Peugeot stagne
Finalement, derrière le trio Giovinazzi – Pier Guidi – Calado vainqueur, BMW place sur la 2e marche du podium la M Hybrid n°20 de René Rast, Robin Frijns et Sheldon Van der Linde. Et sur la 3e place, cocorico avec le superbe podium de l’Alpine A424 du trio Jules Gounon – Fred Makowiecki et Mick Schumacher, lequel a réalisé une superbe prestation. Le jeune allemand a résisté en fin de course à Robert Kubica, qui revenait comme un boulet de canon suite à un dernier arrêt très tardif. L’ancien pilot Haas peut tourner la page de la F1 ! Alpine progresse et se bat dans la cour des grands, avec un second podium après celui de Fuji en 2024.
Moins de fortune pour les lionnes : Peugeot est toujours en retrait, avec comme meilleur résultat une 9e place pour la n°93 pilotée entre autres par Jan-Eric Vergne. Porsche et Cadillac ont été également à la traîne, la marque américaine ayant aussi joué de malchance. Seule la 963 n°6 du Penske Motorspot représente la firme de Weissach dans le top 10.
En LMGT3, la bagarre a été comme d’habitude très serrée. La star locale, c’était évidemment Valentino Rossi. L’ancien champion du monde moto avait fait sensation le samedi, en décrochant la pole position sur sa BMW M4 n°46 du team WRT. Malheuresement, Rossi a commis une erreur d’appréciation sur une tentative harsadeuse de dépassement contre une Ferrari dans Rivazza et a envoyé la 296 GT3 dans le décor. La BMW s’est vue ingliger une pénalité logique et a reculé au classement.
S’en est suivi alors une remontée fantastique de la BMW qui a multiplié les dépassements avant de fondre sur le leader, revenant dans ses échappements à l’entame du dernier tour ! Mais au final, Manthey Racing s’adjuge la victoire LMGT3 grâce à Richard Lietz, Ryan Hardwick et Riccardo Pera. Une course sans encombre pour le trio de la n°92 bleue Manthey 1st Phorm qui doit beaucoup à un très bon Richard Lietz.
Vive le V12
Pour terminer, évoquons l’Aston Martin Valkyrie V12, nouvelle venue de la catégorie hypercar. Bon, soyons clairs, la superbe voiture verte débute et demeure loin du compte en performances. Les 009 et 007 ferment la marche, aux 17e et 18e positions, à 4 tours des vainqueurs ! Le meilleur temps de la 009 est à 1″8 de la Ferrari qui a gagné. Par contre, la Valkyrie remporte haut la main la palme du son le plus spectaculaire, avec son V12 atmosphérique qui semble si anachronique ! En bonus vidéo, 2 minutes de pur son !
Championnats
Pour l’instant, c’est Ferrari qui écrase tout :
Pilotes
1) A. Pier Guidi – A. Giovinazzi – J. Calado (Ferrari AF Corse) – 50 points
2) R. Kubica – P. Hanson – Y. Ye (AF Corse) – 39 points
3) A. Fuoco – M. Molina – N. Nielsen (Ferrari AF Corse) – 38 points
4) S. Van der Linde – R. Frijns – R. Rast (BMW M Team WRT) – 27 points
5) R. Marciello – K. Magnussen – D. Vanthoor (BMW M Team WRT) – 26 points
Constructeurs
1) Ferrari – 92 points 2) BMW – 63 points 3) Toyota – 53 points 4) Alpine – 15 points
5) Porsche – 12 points 6) Cadillac – 11 points 7) Peugeot – 10 points 8) Aston Martin – 0 pt
Très belle course
Belle prestation des ALPINE
On attend Le Mans !!!
😀