Le nanar du samedi : 60 secondes chrono
par Joest Jonathan Ouaknine

Le nanar du samedi : 60 secondes chrono

Dans cette anthologie des "films de bagnoles", impossible de passer à côté de 60 secondes chrono. "60 secondes chrono", oui mais qu'est-ce qui part en 60 secondes ? La crédibilité de Nicolas Cage ? L'attention du spectateur ? A vouloir être politiquement correct et moralisateur, un sympathique délire de 1974 devient un navet sans saveur.

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Dans cette anthologie des "films de bagnoles", impossible de passer à côté de 60 secondes chrono. "60 secondes chrono", oui mais qu'est-ce qui part en 60 secondes ? La crédibilité de Nicolas Cage ? L'attention du spectateur ? A vouloir être politiquement correct et moralisateur, un sympathique délire de 1974 devient un navet sans saveur.

60 secondes chrono (Gone in 60 seconds en V.O.) est le remake d'un film de 1974 (La grande casse en V.F.). La grande casse est LE film de H.B. Halicki (dont il est l'acteur principal, le scénariste, le réalisateur et le producteur.) C'est une bisserie typiquement seventies avec personnages immoraux, gags "énaurmes" et surtout de belles courses-poursuites. La principale poursuite dure 40 minutes et beaucoup de gens regardent ce film rien que pour cette scène.

Halicki meurt en 1989. Sa veuve souhaite lui rendre un dernier hommage avec un remake. Jerry Bruckheimer, spécialiste du film d'action, confie la réalisation à Dominic Sena. Sena est un obscur tâcheron, techniquement bon, mais sans aucune ambition. Jusque là, son CV se limite à Kalifornia et à quelques clips de Janet Jackson.

Caged

Nicolas Cage est une trogne d'Hollywood. Au début des années 90, il traîne son regard délavé sur les plateaux des films indépendants : Arizona junior, Sailor et Lula, Leaving Las Vegas, Red Rock West, Kiss of death... C'est une valeur sûre du film d'auteur. Il excelle dans les rôles troubles, les "gentils" qui s'avèrent être méchants ou les personnages torturés.

De son propre aveu, ses cachets sont partis en BDs et en voitures. Au milieu des années 90, il commence à choisir ses scénarios en fonction du salaire proposé. 60 secondes chrono est considéré comme son premier flagrant délit de cachetonnage.

Les personnages

En 25 ans, le politiquement correct est passé par là. Le personnage principal n'est plus un assureur excentrique qui vole des voitures pour l'argent. Memphis Raines est un repris de justice en pleine rédemption, qui donne des cours de karting aux enfants. S'il vole des voitures, c'est parce que son petit frère s'est mis dans les ennuis jusqu'au cou. Angelina Jolie est l'une des voleuses. C'est l'un de ses premiers grand rôles au cinéma. Les fans seront bien déçus : vêtements amples et décoloration Prisunic, elle n'est guère mise en valeur.

Le destinataire des voitures, un trafiquant de drogue Colombien, laisse place à un gangster. Comme il est machiavélique, il est bien sûr Français (une constante, dans les films de genre US)... Ou Anglais, on ne sait pas trop. Enfin bref, c'est un sale intello.

Bruckheimer y rajoute des personnages secondaires. D'où un flic noir (dont le rôle se limite à rappeler que voler des voitures, c'est pôôôôô bien) et deux zyvas tchatcheurs (ils ont visiblement embauché Benny B comme consultant.) Enfin, l'incontournable Robert Duvall fait une apparition.

Interdit aux plus de 13 ans

Aux Etats-Unis, les ados vont seuls au cinéma (et ce sont de gros consommateurs de films.) Le classement est donc primordial. Un film interdit aux mineurs non accompagnés est promis à un suicide commercial. Qui plus est, Buena Vista (filiale "grand public" de Disney) veut en faire un film "familial".

Bruckheimer a donc pas mal édulcoré le scénario. La version de 1999 est nettement plus moraliste ; terminée l'ambiance "sex & drugs & rock n'roll". Il enlève aussi la violence ou les jurons. D'où des dialogues niveau Tiji. Malgré tout, la censure tique sur le fait que les voitures soient volées  et sur l'emploi de "bitch". 60 secondes chrono s'en tire avec un "interdit aux moins de 13 ans non-accompagnés".

C'est en soi ridicule car le scénario semble écrit par un garçon de 12 ans : "Nicolas Cage, il fait vroum-vroum avec sa voiture ! Angélina Jolie, elle montre son soutif ! Et puis les clefs, elles sont dans le caca du chien ! Et puis, Nicolas Cage, sa voiture se transforme en fusée ! Et puis le flic, il tue le méchant et il devient ami avec Nicolas Cage !"

Pour plaire aux amateurs de voitures, les acteurs n'arrêtent pas de parler belles carrosseries : modèle du héros d'un film, date de lancement de tel modèle, etc. Sauf que la plupart des données sont fausses ! Les amateurs rigoleront aussi sur la synchronisation à hurler de rire : voiture qui démarre avant que l'acteur ne tourne le contact, Nicolas Cage qui change de vitesse (avec une boîte manuelle) sans quitter le volant des mains...

D'ailleurs, la fameuse "Eleanor" n'existe pas. Il s'agit d'une création de Chip Foose, dans l'esprit des Mustang Shelby (on y reviendra.)

Oublié en 60 secondes chrono

Avec son budget de 90 millions de dollars, 60 secondes chrono ne rapporte que 100 millions. Sena change deux ou trois lignes au scénario, puis il tourne Opération Espadon.

Nicolas Cage va de mal en pis. La personne chargé de vendre ses voitures l'escroque. L'acteur est ensuite ruiné par un divorce. Pour se refaire financièrement, il tourne à la chaîne des séries B aux scénarios toujours plus minces...

Reste le cas d'Eleanor. Unique Performance veut créer des répliques de la voiture du film. Vous apportez votre vieille 'Stang et ils vous la transforment en Eleanor ! Ils ont l'imprimatur de Chip Foose et du Shelby American Automobile Club. Ol'Shel' visite leurs ateliers. Les voitures sont belles, mais le business model d'Unique Performance est douteux. Le Texan va jusqu'à se brouiller avec son club (qui touche des royalties sur tout se qui est badgé "Shelby".) L'histoire donne raison à Shelby : clients floués, voitures maquillées puis revendues à d'autres, ouvriers impayés... L'affaire se termine au tribunal.

Crédits photos : Buena Vista

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Dans cette anthologie des "films de bagnoles", impossible de passer à côté de 60 secondes chrono. "60 secondes chrono", oui mais qu'est-ce qui part en 60 secondes ? La crédibilité de Nicolas Cage ? L'attention du spectateur ? A vouloir être politiquement correct et moralisateur, un sympathique délire de 1974 devient un navet sans saveur.

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