Nissan en crise : vers 20 000 licenciements mondiaux et 5,3 Mds $ de pertes

Nissan CEO - Ivan Espinosa
Crédit Nissan

Nissan s’apprête à effectuer 20 000 licenciements dans le monde. Une perte de 5,3 milliards $ est prévue malgré une hausse des ventes aux États-Unis.

Le constructeur automobile japonais Nissan, autrefois pionnier du véhicule électrique avec la Leaf, affronte aujourd’hui l’une des plus graves crises de son histoire. Un nouveau rapport de Nikkei Asia suggère que l’entreprise pourrait annoncer la suppression de 20 000 emplois, soit 15 % de ses effectifs mondiaux, marquant une détérioration significative de sa santé financière.

Une crise bien plus profonde qu’annoncée

En décembre dernier, Nissan avait déjà déclaré son intention de supprimer 9 000 postes dans le monde sur deux ans. Mais la révision à la hausse de ce chiffre—plus du double désormais—témoigne d’une situation encore plus critique que prévu. L’annonce officielle pourrait intervenir très prochainement, à l’occasion de la publication des résultats de l’exercice fiscal 2024, qui s’est clôturé le 31 mars 2025.

Selon les prévisions financières révisées, les ventes mondiales sont revues à la baisse à 3,35 millions de véhicules, contre les objectifs initiaux. Le chiffre d’affaires net attendu s’élève à 12,6 billions de yens (environ 85 milliards de dollars). Si ce chiffre semble impressionnant, il masque une perte nette colossale estimée entre 700 et 750 milliards de yens, soit environ 5,3 milliards de dollars.

Les causes d’un naufrage industriel

Dans un communiqué officiel daté du 24 avril, le nouveau PDG Ivan Espinosa a expliqué cette révision par une analyse poussée des actifs de production et des performances financières de l’entreprise. Il précise que cette perte massive est principalement due à une dépréciation des actifs et aux coûts de restructuration engagés pour redresser l’entreprise.

Curieusement, Nissan n’évoque aucun impact tarifaire (les droits de douane de Trump NDLR) pour expliquer cette situation, bien que les tensions commerciales puissent indirectement jouer un rôle dans le recul de compétitivité de certains modèles Nissan à l’international.

« Nous disposons encore de solides ressources financières, d’un portefeuille de produits attractif, et surtout de la détermination nécessaire à la relance de Nissan », a déclaré Espinosa.

Des ventes en hausse aux États-Unis, mais à quel prix ?

Ironie du sort, Nissan continue de vendre des voitures. Sur le marché américain, les ventes ont même augmenté de 5,4 % en 2024. Toutefois, cette croissance s’est faite au prix fort : des incitations massives, incluant des remises importantes et des programmes comme Nissan One, ont été déployées pour stimuler les ventes.

Le programme incite les concessionnaires à atteindre leurs objectifs grâce à des primes en espèces, même si cela signifie vendre certains véhicules à perte. Cette stratégie, bien que momentanément efficace pour écouler les stocks, met en péril les marges bénéficiaires et reflète une dépendance préoccupante à la vente subventionnée.

Vers une transformation douloureuse mais nécessaire

Cette situation souligne l’urgence d’une refonte stratégique chez Nissan. La marque doit se repositionner sur un marché de plus en plus concurrentiel, dominé par des acteurs chinois dynamiques et des rivaux historiques mieux préparés à la transition électrique et numérique.

La restructuration à venir—y compris les licenciements massifs, la rationalisation des actifs et la révision de la stratégie produit—pourrait bien représenter le tournant salvateur ou fatal pour le constructeur japonais.

Notre avis par leblogauto.com

Nissan affronte une période critique de son existence. La réduction drastique des effectifs, les pertes financières et la dépendance à des ventes subventionnées montrent que l’entreprise ne peut plus se contenter de rustines financières. Une réinvention en profondeur s’impose pour éviter une spirale irréversible. Espinosa joue ici son avenir, tout comme celui de l’un des emblèmes de l’automobile japonaise.

Crédit illustration : Nissan.

(8 commentaires)

  1. Je suis loin d’etre un specialiste, mais quand on voit la santé actuelle de Renault, c’est quand meme a se demander pourquoi Nissan en est la.
    Gohn avait cherché le volume a tout pris, ce qui n’a pas vraiment été une réussite sur d’autres plan, et « l’alliance » n’a jamais vraiment été faite niveau technique, avec des développement de plateformes électriques séparées par exemple. Mais aujourd’hui, Renault a une vraie gamme électrique dont aurait pu bénéficier Nissan, qui du coup aurait pu passer ses investissement électriques sur d’autres domaines (qualité, gros moteurs pour US…).
    Bref, c’est à n’y rien comprendre…

    1. Ajoutez à cela la gamme des futurs moteurs présentés par Horse (Geely/Renault) qui répondent clairement aux enjeux de ses prochaines années. Pour le moment seul BYD a fait la même démarche comme Toyota ou Honda. Nissan n’a pas souhaité entrer dans Horse.

    2. @Alphasyrius
      De Meo fait un boulot formidable… Renault est devenue très sexy depuis 5 ans… et même si ce n’est pas le sujet, par comparaison, stellantis c’est pris les pieds dans le tapis en 2024, ça aide un peu indirectement.
      Gohn, comme Tavares on fait beaucoup d’erreurs (vers leur fin de mandat) … Sauf à leur début pour les deux ! Ils ont été des dieux…
      Renault est radieux, mais son avenir n’est pas sûr… le groupe est petit, seul et trop régional… d’ici 5 années, il est en danger, et il sera une proie un jour ou l’autre.

  2. Ben le miracle chinois n’opère plus. Comparé à BYD, Kia ou Hyundaï, Nissan est attaqué en Chine par les constructeurs nationaux et aux USA et en Europe par les coréens. Donc Nissan doit sa survie depuis 10 ans aux remises sur le plan commercial.

    Au Japon Nissan ne vend pratiquement plus rien, ces deux succès commerciaux ayant comme base technique Renault et Mitsubishi.

    Renault a toujours eu l’habitude de se sortir les doigts du c…l comme Peugeot quand cela ne va pas bien. Je pense que Nissan ne sait pas faire car l’économie japonaise est ultra capitaliste. Là où l’Etat japonais sauvera un Toyota … il laissera crever un Nissan. Alors trop de labels japonais en mode survie : Mazda, Mitsubishi, Isuzu, Nissan pour trois groupes en bonne santé : Toyota, Honda et Suzuki. Subaru étant à part. Face aux chinois il faut accepter la disparition d’une partie de l’industrie automobile japonaise. USA, Allemagne, Italie et France sont bien passés par là.

  3. nissan n’a pas voulu faire l’alliance avec renault, il voulait avaler renault( qui l’avait déja sauvé sous m schweitzer), quelle ingratitude chez nissan, ils n’apprennent rien avec les erreurs passées. hélas pour renault, c’est pas le moment de vendre ses 35% , mais y en aura t’il un meilleur.

  4. Produits attractifs hummm… Nissan a perdu son âme, celui d’un constructeur japonais dont les voitures étaient aussi solides que celles de Toyota, – ce qui est fini depuis longtemps.
    Effectivement Nissan a subi de plein fouet la concurrence des Coréens, exactement sur le même créneau, celui de la voiture banale mais pas chère. Et la concurrence chinoise pointe son nez.
    Les errements de la Direction du groupe n’ont rien arrangé.
    Bref, ça sent le roussi.

    1. Avant, Nissan faisait la « Golf » des VE mondiale qui était la Leaf… Un vrai succès et référence.
      Il avait la GTR… Top et 2 ou 3 X moins chères que les supercars.
      C’était des voitures fiables et des modèles comme les Micra, Qashqai étaient la coqueluche des acheteurs.

  5. Ca me ferait tellement jubiler de voir Renault reprendre Nissan. Une bonne fois pour toute cette fois.
    Ca ne se passera jamais, déjà parce-que les Japonais seraient trop fier et préfèreraient voir couler définitivement le navire plutôt que de se faire racheter. Et puis surtout ce n’est plus du souhait de Renault. Mais d’un coté vaut il mieux réinvestir pour revendre cher plus tard, ou perdre tout simplement des million de valorisation boursière?

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