Voilà bien un nom barbare pour une chose que vous avez forcément tous rencontrée sur nos routes : ces serpentins de bitume noir sur l’asphalte des routes. Mais, qu’est-ce que c’est que ces traînées exactement ? On les appelle des « pontages de fissures ». Nouvel épisode de nos « termes d’automobile ».
Quand on rencontre ces hiéroglyphes ou ces géoglyphes, on se prend à penser que c’est sans doute le bitume qui ressue avec la chaleur d’un été trop ensoleillé. Cependant, il y a des portions de routes qui en sont totalement dépourvues, tout en étant dans le sud de la France. Dans le même temps, on peut croiser des collections entières de tortillons sur des routes du nord de la France. La chaleur de l’été n’est donc sans doute pas la bonne piste.
En fait, c’est même l’inverse ! En effet, il faut chercher du côté du mauvais temps pour comprendre ce phénomène des pontages de fissures. Comme son nom l’indique (quand on le connaît, c’est évidemment plus simple), ces « jetés de bitume » ne sont pas disposés au hasard. Ils sont positionnés sur les craquelures et fissures qui apparaissent sur nos routes.
Retarder la dégradation de la route
C’est une technique simple pour retarder la réfection des routes ! Voilà le fin mot de l’histoire. Lorsqu’une route est utilisée, elle est soumise à la fois aux intempéries, aux changements de températures (gel, chaleur, etc.), ainsi qu’aux passages des véhicules plus ou moins lourds. Il en résulte un bitume qui travaille, et qui vieillit. Et si les professionnels de la création de routes essaient de trouver la bonne composition de bitume pour qu’il reste suffisamment élastique pour s’adapter aux contraintes, il finit immanquablement par fissurer.
Or, une fissure sur la route, c’est comme une fissure sur le mur d’une enceinte fortifiée. C’est un point de faiblesse par lequel l’ennemi peut s’engouffrer. Et ici, l’ennemi, c’est l’eau. L’eau qui s’infiltre, ravine peu à peu le soubassement de la route. Mais, l’eau qui s’infiltre peut également geler. Ce faisant, elle élargit au passage la fissure, voire provoque un trou ou un effondrement de la route. Si on ne fait rien pour la contrer, cette détérioration s’accélère d’autant plus.
Et c’est donc là qu’interviennent les pontages de fissures. On rétablit l’étanchéité de la route en appliquant du bitume, ou la plupart du temps un élastomère étanche et élastique. De temps en temps, on peut saupoudrer de gravillons si l’aplat d’élastomère est important. Mais, la plupart du temps, les DIR (Directions Interdépartementales des Routes) se contentent de dessiner de jolis serpentins. Le côté aléatoire des fissures donne l’aléa des dessins.
Il y a grosso modo deux techniques pour les pontages :
- appliquer un joint que l’on vient coller sur la route ;
- projeter un élastomère liquide chauffé qui durcit en refroidissant.
Des routes très techniques
Evidemment, il vaut mieux éviter que les fissures n’apparaissent en premier lieu. Pour cela, les Colas et consorts inventent continuellement de nouveaux bitumes. Ils seront adaptés à telle ou telle météorologie moyenne. Ainsi, un enrobé posé dans le nord de la France ne sera pas le même que celui dans le sud. Les couches sous-jacentes font aussi l’objet d’études des matériaux poussées et continuelles pour trouver les meilleures couches, les meilleurs granulats.
Bref, si ces serpentins noirs sur la route restent poétiques pour certains, désormais, vous savez au moins à quoi ils servent.
Je me posais justement la question
😀
Les motards adorent… surtout quand on en arrive à en avoir un % de la chaussée digne de la photo d’illustration.
Problématique sous la pluie (zones de glissance à rapporter avec la surface de contact d’un pneu moto et son instabilité naturelle) comme dans la chaleur de l’été quand ceci fond.
Une technique justifiée initialement car l’usage en fut limité, mais actuellement elle a été poussée bien trop loin et d’ici quelques années on en arrivera à avoir plus de rustines que de bitume d’origine.
Sur la photo d’illustration, on voit surtout que ces pontages de fissures se trouvent sur le passage des roues des différents véhicule. On voit clairement qu’au milieu il n’y en a pas tant que ça donc rien de gênant pour le motard qui roule au milieu de la voie, l’endroit idéal pour être vu dans le rétro intérieur d’une voiture.
ça fait plus de 15 ans que je n’ai plus de moto, je n’arrive pas à me souvenir si je roulais au milieu de la voie ou plutôt vers le milieu de la route, genre au même niveau que si j’étais en voiture.
@Seb
Lorsque la route est sinueuse le motard se déplace de droite à gauche et inversement sans toutefois franchir la ligne médiane.(en principe) Dans ce cas les pontages se retrouvent souvent sous les roues de la moto.
Lorsqu’il peut ce type de raccord rend la conduite assez délicate.
Lorsqu’il pleut…
Le milieu des voies, en général on évite à moto: C’est là ou le gras s’accumule le plus, faute d’action mécanique des pneus des véhicules qui circulent éventuellement combiné au lessivage de la pluie.
En règle général il est préférable de rouler dans une des 2 traces voitures, sauf bien entendu trajectoire de virage mais plus ils sont serré plus une partie des voitures « trajecte » plus ou moins, avec leurs pneumatiques qui balaient statistiquement des zones plus larges.
Donc la gène voir le danger sont réels: La surface de contact au sol de pneumatiques moto c’est qq cm2 par pneu, sans équilibre naturel: Effet peau de banane assez brutal quand cela décroche tandis qu’en voiture dans les mêmes conditions l’immense majorité des conducteurs ne ressentiront même pas la perte d’adhérence, souvent partielle vu la surface en contact et la largeur de ces rafistolages, d’1 pneu avec les 3 autres qui restent collés au sol.
Merci pour cette révévation qui me boulverse tout autant que le jour ou j’ai découvert que les ralentisseurs en forme de pyramide tronquée portaient le nom de « coussins berlinois ». Pour ça j’ai cru jusqu’à aujourd’hui que c’était un reflux du goudron dans le macadam, probablement lié à la chaleur ou à l’usure de la route, mais jamais que c’était du à une réparation, un entretien. Désormais à chaque fois que j’en croiserai sur ma route, je manquerai pas de dire « Ah ben c’est encore des pontages de fissure » (même seul à bord), en pensant au Blogauto.
* J’ai écris « révévation » au lieu de révélation. C’en est bien la preuve…