Scandale des véhicules d’occasion « zéro kilomètre » en Chine

La Chine convoque les constructeurs auto pour faire la lumière sur les ventes opaques de véhicules d’occasion à « zéro kilomètre ». Une technique utilisée un peu partout dans le monde et même en France.

Une réunion sous haute surveillance entre Pékin et l’industrie automobile

Le ministère du Commerce de Chine a récemment convoqué plusieurs grands constructeurs automobiles pour une réunion cruciale sur la pratique controversée des ventes de véhicules d’occasion à « zéro kilomètre ». Cette rencontre a réuni des représentants d’entreprises majeures comme Dongfeng, des plateformes de distribution automobile, ainsi que la China Automobile Dealers Association. L’objectif : comprendre si l’industrie exploite une faille réglementaire pour gonfler artificiellement ses chiffres de ventes en période de ralentissement.

Bien que qualifiée de simple réunion d’échange et non d’enquête officielle, l’initiative du ministère souligne la gravité du phénomène. Le Ministère a initié l’événement à la suite de vives critiques formulées par Wei Jianjun, président de Great Wall Motor Co., sur le réseau social Weibo.

Des véhicules neufs déguisés en voitures d’occasion

Selon l’association des concessionnaires, certains constructeurs en difficulté réorientent des véhicules neufs invendus vers des sociétés de financement ou des concessionnaires de véhicules d’occasion. Ces voitures, n’ayant jamais servi, rejoignent ensuite les plateformes de revente en ligne avec un kilométrage nul, tout en étant comptabilisées comme des ventes. Cette pratique, bien que choquante moralement, n’est pas expressément interdite par la réglementation actuelle en Chine. Ainsi, cela ouvre la voie à des manipulations statistiques.

En comparaison, aux États-Unis, ce type de manœuvre serait assimilé à une fraude. Wei Jianjun appelle donc les autorités, y compris la Commission de régulation des valeurs mobilières, à encadrer fermement cette dérive.

Un phénomène révélateur de la crise du secteur

La multiplication des voitures à « zéro kilomètre » sur le marché secondaire serait symptomatique d’un profond désordre dans le secteur automobile chinois. Wei Jianjun va même jusqu’à comparer la situation à celle de China Evergrande, le géant de l’immobilier en faillite, mettant en garde contre un effondrement similaire.

Il estime que plus de 4 000 vendeurs d’occasion proposent actuellement ces voitures presque neuves en ligne. Ce chiffre met en lumière l’ampleur de la pratique et suggère qu’elle est loin d’être marginale.

Une guerre des prix aux conséquences destructrices

La pression sur les ventes est exacerbée par une guerre des prix sans précédent. Par exemple, BYD, leader du marché, a récemment annoncé des réductions allant jusqu’à 34 % sur ses modèles, valables jusqu’à la fin juin. Malgré ces efforts, l’entreprise a enregistré sa plus faible croissance de livraisons en quatre ans, entraînant une chute de près de 10 % de ses actions en quelques jours.

Cette stratégie agressive de baisse des prix, bien qu’elle puisse stimuler les ventes à court terme, aggrave la pression financière sur les constructeurs et entraîne des distorsions de marché, comme celles observées avec les véhicules d’occasion à kilométrage nul.

Notre avis par leblogauto.com

Face à cette situation, la Chine semble prête à agir. La convocation des acteurs majeurs de l’automobile montre une volonté politique de réguler un marché qui s’emballe. La réunion marque un tournant potentiel pour le secteur, qui devra sans doute revoir ses méthodes de distribution et son éthique commerciale pour retrouver la confiance des consommateurs et des autorités.

En France, on accuse souvent tel ou tel constructeur de gonfler les ventes d’un mois en faisant des « immatriculations tactiques ». Le procédé est le même, faire immatriculer des véhicules par des concessionnaires par exemple, puis revendre en occasion « zéro kilomètre ». Le constructeur y perd en marge. Toutefois, il peut afficher des résultats en volume « satisfaisants ». Là non plus, rien d’illégal.

Avec : Bloomberg.

Crédit illustration : STR/AFP via Getty Images.

(2 commentaires)

  1. Certes mais vous ne dites pas le nom du constructeur français qui fait cela chaque mois depuis automne 2023 … ce qui est étonnant c’est que l’Argus l’écrit chaque fin du mois 2 à 3 jours avant cette échéance. Auto Infos le signalait mais depuis ils ont une communication plus consensuelle. Les retombées publicitaires, la belle affaire!

    Le marché chinois est opaque mais en général on est depuis 10 ans sur une désinformation généralisée des services de communication des constructeurs. VW et Tesla en étant les champions et aucun média ne vérifie relayant ces bêtises.

  2. A chaque voiture vendue, son constructeur chinois obtient une subvention du GVT – fédéral ou régional, ou peut-être des deux. On a parlé de 13000€ par voiture pour une BYD VE par exemple.
    Ces voitures 0 km sont donc subventionnées par l’état chinois. Inutile de poursuivre le raisonnement !
    En revanche je suis étonné que le ou les régulateurs des trois bourses chinoises n’interviennent pas sur la communication des constructeurs locaux cotés, car elle ne me parait ni exacte ni vraiment sincère.
    Le capitalisme en Chine est assez spécial, c’est un fait.

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