Stellantis n’a pas encore trouvé de nouveau capitaine à la barre, mais la vision stratégique est déjà entre les mains de certains « experts ». Face à la nouvelle tornade des droits de douane imposés par Donald Trump et au spectre d’une « guerre commerciale » entre l’UE et les USA, Stellantis a mandaté McKinsey & Co pour des conseils stratégiques sur Maserati et Alfa Romeo, selon le média Bloomberg.
L’autre mur de Trump ?
Indéniablement, les 25% de Trump sur les voitures importées aux USA sont une mauvaise nouvelle supplémentaire, surtout pour Maserati, mais aussi pour Alfa Romeo. Concernant le Trident, les Etats-Unis représentent 35 à 40% des ventes et, à l’instar d’Alfa Romeo, Maserati exporte tout depuis l’Italie. John Elkann, qui prévoit de transférer la production de Maserati vers Modène, dans le cadre des efforts visant à rétablir les relations avec Rome, a averti le mois dernier que les droits de douane imposés par Trump pourraient peser sur la production automobile du pays, qui est déjà bien sinistrée.
Parallèlement, Maserati intensifie la personnalisation de ses voitures de luxe afin d’attirer une clientèle plus aisée et d’accroître ses profits. On peut en effet penser que les 25% supplémentaires n’auraient que peu d’impact sur une clientèle qui est prête à mettre 300 ou 400.000 euros sur la table pour une voiture, à condition que les prestations soient au top évidemment ! Maserati ne peut, d’un claquement de doigts, s’aligner sur la réputation et le niveau de Ferrari ou de Lamborghini, sans s’appuyer sur une gamme complète, renouvelée et moderne.
Peut-on être et avoir été ?
Pour Alfa Romeo aussi, cela est problématique car les Etats-Unis constituent l’un de ses principaux marchés (14% des ventes 2024), quand bien même les volumes y sont limités. Récemment, Alfa Romeo a reboosté le Tonale outre-Atlantique avec une baisse des prix et un nouveau moteur 2.0 turbo plus au goût du marché.Toutefois, les nouvelles taxes pourraient réduire à néant ces efforts. Avec la fin du binôme Giulia/Stelvio actuel, qui ne sera pas remplacé avant 2026 et en l’absence du Junior, seulement européen, le Tonale, lui-même laissé un peu en déshérence depuis son lancement avant un restylage attendu peut-être fin 2025, va porter seul le Biscione outre-Atlantique, ce qui laisse présager d’une année 2025 compliquée. Stellantis doit, pour l’instant, jouer la carte des rabais substantiels pour compenser, et cela sur toutes ses marques.
Mais qui c’est McKinsey ?
Stellantis a donc mandaté le cabinet McKinsey pour des conseils stratégiques.Le président John Elkann a demandé au cabinet de conseil d’évaluer les options pour les marques, notamment des partenariats « avec des constructeurs pour accéder aux nouvelles technologies ». Quels partenariats ? Des approches avec des constructeurs bien implantés aux Etats-Unis, notamment des japonais ? Un partenariat avec des groupes chinois, qui ont l’avantage technologique, afin aussi de pénétrer le gigantesque marché chinois où Alfa Romeo et Maserati sont quasiment inexistants ?
Les européens constatent évidemment leur retard technologique et leurs lacunes abyssales en capacité de production de batteries et en accès aux terres rares sur les géants de l’empire du Milieu. Le diktat idéologico-règlementaire de la Commission européenne se fracasse sur le mur de la réalité. De là à faire naître des rumeurs de scission de prestigieux labels à des chinois, il n’y a qu’un pas…à très haut risque.
La vente de Maserati en particulier n’est désormais plus un tabou, mais le président n’aurait toutefois pas l’intention de vendre à un concurrent chinois. Alors, à des américains ? « McKinsey a été invité à présenter ses réflexions concernant les droits de douane américains récemment annoncés sur Alfa Romeo et Maserati », a déclaré à l’agence un porte-parole des marques, refusant de commenter davantage. Nous avons notre avis sur la question…et si, pour Alfa, le salut était de se rapprocher de sa fille légitime, Ferrari ?
McKinsey…évidemment, ce nom vous parle, puisque les gouvernements français, depuis des années, en raffolent et ont recours abondamment à ces sociétés privées « expertes » en prospective pour dicter conseiller les décideurs sur les politiques publiques, moyennant de très juteux contrats. On se demande aussi en quoi cela est efficace, quand on voit les résultats du pays…La pratique est efficace, pour certains sans doute, mais pas pour l’intérêt général.
Maserati et Alfa Romeo, des victimes dont les soucis ne datent pas d’hier
Les grands groupes industriels y ont recours, c’est un secret de polichinelle, mais cela interroge tout de même sur le pilotage du navire Stellantis. Il faut néanmoins tordre le coup à ceux qui ne cessent, notamment sur les réseaux sociaux, de torpiller Stellantis en l’accusant d’être responsable de tous les maux actuels.
Cela a commencé sous l’ère FCA de feu Sergio Marchionne, un financier avant tout, qui a mené une politique de rentabilité court-termiste favorable aux actionnaires, mais, à long terme, désastreuse pour l’industrie italienne : modèles vieillissants aux carrières interminables (Quattroporte, Panda, etc) ou pas remplacés (Grande Punto, Mito, Giulietta…quelles aberrations !) gammes faméliques, vente de bijoux de famille (Magnetti Marelli, Ducati), plans produits hasardeux (le rebadgeage des Chrysler en Lancia, Fiat 500 L, 124, Freemont, etc.), erreurs stratégiques (transformation d’Abarth en marque avec un réseau coûteux, virage manqué de l’hybridation, retard de l’infotainment), départ de talents clés (le designer Walter de Silva parti chez Audi, Luca di Meo parti chez VW pour créer Cupra qui a récupéré d’ailleurs une partie de la clientèle alfiste, etc).
Trouver un grand patron charismatique et aimant l’automobile
L’aura de Marchionne s’est construite sur le succès de la Fiat 500 (dont la genèse a commencé avant son arrivée à la tête de FIAT en 2004) et l’engouement pour la plateforme Giorgio chez Alfa qui a donné la Giulia et le Stelvio, mais ces quelques beaux arbres ont caché une forêt de choix catastrophiques à long terme. Cela a continué, d’une certaine façon, avec Carlos Tavarès sous l’ère Stellantis, qui a clairement placé le financier avant le produit, en conjuguant hausse des prix et « cost-killing » forcené, le tout accentué par des orientations stratégiques radicales et « casse-gueule », à l’image de la gamme Folgore de Maserati, donnant les résultats que l‘on sait. Les Directions ont choisies des politiques de gammes et des choix stratégiques à court terme et sans inspiration ou respect de l’ADN des marques.
Où sont les grands patrons qui ont une vraie connaissance du produit, un véritable amour de l’objet automobile et qui savent être à la fois à l’écoute des clients, à l’affût des « vrais besoins » (même si on ne peut nier les contraintes imposées par la politique européenne) et des remontées « par le bas » (réseau, clubs). Cela reflète bien un changement d’époque, où nous sommes passés des dirigeants issus du monde des ingénieurs et des techniciens, à des dirigeants financiers, qui n’ont ni la même formation, mais également ni la même culture, ni la même mentalité, ni le même rapport à l’automobile et à son histoire.
On peut prendre pour exemple les nouvelles orientations de Jaguar. La marque surfe sur la vague de la déconstruction et reprend les codes marketing d’autres univers (mode, cosmétique…). Et ce, au point de perdre totalement son socle historique sans pour autant s’assurer de conquérir une nouvelle clientèle en faisant du « déjà vu » tendance, mais désincarné.
Un plan produit remis en question ?
Les droits de douane vont peut-être obliger Alfa Romeo à questionner le bien-fondé de certains choix du plan produit, voire à l’infléchir. Le Biscione a pour l’instant enterré le retour de la Giulietta et s’accroche au mirage d’un « E-SUV » pour 2027/2028 ! Ce très grand SUV (encore un, le 4e de la gamme, un comble pour une marque dite sportive !) viserait évidemment BMW/Mercedes/Audi. Alfa Romeo l’a pensé d’abord pour le marché américain.
Le succès d’un tel véhicule, forcément très cher, est tout à fait hypothétique avec les droits de douanes qui condamnent sa compétitivité face à une concurrence mieux implantée localement, et la réalité du positionnement d’Alfa Romeo, qui, tout en se voulant premium et sportif, n’est pas au niveau des allemands en termes d’offre, de gamme, de force de frappe marketing et d’image client.
Alfa Romeo est confronté à la quadrature du cercle, ne pouvant improviser une implantation industrielle américaine rapidement, surtout pour un constructeur qui fait moins de 15.000 ventes sur le 2e marché mondial (16 millions en 2024…), sans sacrifier alors la production en Italie, ce qui serait totalement explosif socialement, explosif politiquement et suicidaire pour son identité. La production du Junior en Pologne a déjà fait couler de l’encre.

Faire appel à McKinsey est pour un PDG une planche de salut au cas où cela tourne mal pour lui !!
Il aura toujours son parachute doré !
S. Marchione ( j’était chez Fiat à cette époque là) a parfaitement su dire merde aux syndicats italiens …et se barrer aux US et en Hollande, c’est ce qu’il a fait de mieux ! Il a sauvé Ferrari, en le sortant du giron de FIAT !!
Je ne me fais pas de mouron pour Maserati …et en sortant la Folgore électrique ils ont prouvé qu’ils étaient capables de se sortir du thermique si un jour, c’est nécessaire !
La Maserati Folgore coupé n’est pas chère du tout ! N’importe quel riche moyen a 200/250 mille euros à sortir sans difficulté !!
Les thermiques seront aux abois en 2035 …et la Folgore coupé est là pour faire le centre-ville (de luxe) des grandes capitales mondiales ! Concernant Alfa Romeo, c’est beaucoup plus délicat son avenir !!
PS
Au-delà de 2035 ce sont les thermiques qui seront des voitures de niche ! Bon appétit !!
Alors Chat GPT c’est tout de même moins cher niveau conseil …
« Les thermiques seront aux abois en 2035 … »
La bonne blague, c’est mal barré !!!!!
Et en France, plus ZFE, plus de VE……
La VE est plus destinée pour les gros rouleurs à l’année… Donc avant ceux qui habitent à la campagne avant tout !
Ceux qui peuvent facilement recharger la nuit en recharge lente et pour avoir un coût des 100 km divisé par 2 ou 3 voire 4 dans les extrêmes.
Les ZFE …. Ce sont les essences de 2006 et les diesels de 2011.
L’intérêt des VE est relativement faible dans ce cas.
… Et le jour où le pétrole passera les 150 $ le baril …. Ce qui n’est radicalement pas le cas en ce moment !
On en reparlera…
Il va falloir subventionner les VT !?
Excellent article qui résume parfaitement la situation actuelle de Stellantis.
La partie européenne de FCA s’est sabordée, aujourd’hui beaucoup l’oublie en accusant les exPSA de tous les maux actuels de Stellantis.
Le deal de la fusion, imposé par Exor c’était probablement de ne pas démanteler FCA pour ne garder que la partie intéressante (et surtout complémentaire pour PSA) : les marques américaines.
Le deal, c’était de sauver les marques italiennes, en maintenant l’intégrité de l’exGroupe Fiat.
Il aurait mieux valu que le groupe Fiat soit racheté par un chinois sur le modèle de Geely/Volvo.
La situation aurait été probablement plus saine et plus claire pour tout le monde : un vrai rachat (pas une fausse fusion entre égaux qui embrouille tout le monde et alimente les rancoeurs) par un groupe étranger qui est le seul patron, sans ambiguïté mais qui déploie tous ses moyens financiers pour relancer le Groupe Fiat, en plaçant des italiens à chaque poste clé (ingénierie, R&D et design).
« Le deal, c’était de sauver les marques italiennes, en maintenant l’intégrité de l’exGroupe Fiat. »
Je ne suis même pas sûr. Déjà avant la fusion Elkann (pour rappel Président de FCA) voulait déjà se débarrasser de Maserati et Alfa, ça faisait les gros titres. Magnetti Marelli, Comau et j’en passe, c’est lui qui les a revendu. Depuis la fusion c’est sous sa présidence que 10000 emplois en Italie ont été liquidés. La R&D et ingénierie ont été coulées au profit de PSA. Seuls quelques miettes de ce qui n’existait pas chez PSA ont été gardé. Elkann a carrément donné les clefs de la boutique à PSA. C’est ce que beaucoup ont du mal à accepter mais c’est la vérité pourtant.
En tout cas c’étaient des rumeurs depuis un moment cette vente probable de Maserati et Alfa, ça devient de plus en plus concret.
Finalement PSA voulait se rapprocher de FCA pour le marché américain. Au final on se demande si la branche US va rester dans le giron, et on perd probablement bientôt Alfa et Maserati.
Allez je fais mes pronostics, dans 5-6 ans le groupe je le vois sans Alfa et Maserati, sans Dodge/RAM et Chrysler qui se seront scindés. D’ici la la tentative Lancia aura foirée. On se retrouvera donc avec un groupe PSA + Fiat et Jeep qui est très européanisé et dont le partage de plateforme se fait plutôt bien (Avenger, Compass notamment).
Comau, c’est sous Stellantis que l’entreprise a été partiellement revendue (2024 avec 50,1% des parts à One Equity Partners).
Il est facile de tout mettre sur le dos d’Elkann tout en cachant les erreurs stratégiques de Tavares.
« PSA + Fiat et Jeep qui est très européanisé et dont le partage de plateforme se fait plutôt bien (Avenger, Compass notamment). »
Pas tant que ça visiblement. L’Avenger est une catastrophe niveau fiabilité, la Fiat 600 ne connait pas le succès escompté,. l’Ypsilon est un bide, même en Italie (travestir une 208 en Lancia n’est pas un gage de succès). le Compass actuel est de l’ère FCA.
Même du côté de l’ex-PSA, surtout Citroën, DS et Opel – Peugeot s’en sort mieux – ce n’est pas la joie.
« pas une fausse fusion entre égaux qui embrouille tout le monde et alimente les rancoeurs »
Pourtant, avec l’éviction de Carlos Tavares elle est on ne peut plus clair. Il y a juste que certains ont crû que Stellantis = PSA.
Je ne suis pas certain que les chinois auraient fait mieux. D’ailleurs, ou en est Volvo depuis ?
« Maserati et Alfa Romeo, des victimes dont les soucis ne datent pas d’hier »
… Tu m’étonnes ! C’est peu de le dire.
Même si je suis forcé de reconnaître que Tavares n’a pas arrangé les choses (pour Maserati)… Mais ce n’est que sur les quatre dernières années… Industriellement, cela reste un bref passage.
Pour moi un groupe a besoin de marque « flagship » ce que alfa et Maserati auraient dues être.
Ça va être tristouille sans, juste du rebadgeage?
Un peu de nuances quand même…
Le Junior n’est pas un simple rebadgeage… Comme l’Arna (qui n’était pas une si mauvaise voiture), c’est une vraie Alfa d’entrée ! Au moins à 50 %, le reste est de l’optimisation.
Stellantis commence par le bas après une politique pauvre en modèle… Idem pour Lancia qui avait une situation pire, sans même tentative de relance depuis 10 ans.
Il va avoir une montée de gamme… Mais en attendant, il faut penser à faire alimentaire !
« La Junior porte la forte progression d’Alfa Romeo de Stellantis »
https://www.auto-infos.fr/article/la-junior-porte-la-forte-progression-d-alfa-romeo-de-stellantis.286883
C’est pourtant ce qu’à tenté de faire Marchionne avec Alfa Romeo, mais ça n’a pas marché. Pour Maserati, marque de luxe, l’erreur a été de faire »descendre en gamme » la marque.
Ils ont déjà une partie de la solution vu que l’Alfa Romeo Tonale et le Dodge Hornet sont presque la même voiture, ainsi que la 33 Stadale et la Maserati MC20. Le noeud du probleme, c’est Alfa qui fait le grand ecart avec la 33 Stradale d’un coté avec partage de plateforme avec Maserati et de l’autre le Junior et son Puretech Peugeot.
Faut faire un choix de marché pour Alfa, les Etats Unis avec Maserati et Dodge ou l’Europe avec Lancia,DS,Peugeot.
Le Junior qu’a tant fait polémique pourrait être très bien badgé Lancia par exemple
Ok @SebG, Alfa fait le grand écart.
Mais ce n’est pas nouveau, et cela, peut-être justement sa force pour l’avenir ?
La Junior et son Puretech Peugeot …Et patati et patata, ben en attendant fait tourner la boite et doit faire pas loin des 90 % des ventes d’Alfa actuellement !?
Alfa à un très grand potentiel de progression… et Stellantis n’intervint que depuis 4 années seulement… Nous sommes donc qu’au début d’un commencement de renouveau !
Patient donc !
Pareil pour la majorité des 15 autres marques d’ailleurs…
« La Junior et son Puretech Peugeot …Et patati et patata, ben en attendant fait tourner la boite et doit faire pas loin des 90 % des ventes d’Alfa actuellement !? »
90% il ne faut pas exagérer, c’est la moitié des ventes Alfa Romeo en Europe (avec un pic à 68% en France).
Le PureTech est un véritable repoussoir, les concessionnaires ayant du mal à revendre en occasion les modèles équipés de ces moteurs (j’étais intéressé par un Opel Mokka 2 en occasion, il y en a un sacré paquet avec le 1,2L). Et comme les pépins s’accumulent en ce moment, cela risque, tôt ou tard, de rejaillir sur les ventes de la Junior.
oui c’est la conflagration mais c’est étudié pour – Ne subsisteront après demain que les blasons; j’ai confiance aux meilleurs cités dans l’article. Ils resteront . Aux US , déjà on freine les hausses de taxes sous impulsion des américains eux mêmes qui ont su se faire entendre par DT. La Chine reste concernée, car DT veut et détruit l’ancien monde . il faut lire entre les lignes, le GESARA vient
Petite coquille, Ducati n’a jamais appartenu à Fiat.