Les tarifs douaniers imposés par Trump plongent l’industrie automobile européenne dans l’incertitude et forcent à revoir les stratégies.
Des géants de l’automobile bousculés par l’incertitude tarifaire
Les tarifs douaniers mis en place par l’administration Trump provoquent une onde de choc majeure dans l’industrie automobile mondiale, en particulier chez les grands constructeurs européens.
Stellantis, Mercedes-Benz et Volkswagen, entre autres, peinent à naviguer dans un climat commercial instable où les droits d’importation fluctuent rapidement, affectant la rentabilité, la logistique et la planification stratégique.
Alors que les États-Unis demeurent un marché clé pour ces marques, les coûts induits par les droits de douane perturbent les chaînes d’approvisionnement mondiales, font grimper les prix des véhicules et forcent plusieurs fabricants à revoir leurs prévisions financières pour 2024 et 2025.
Mercedes et Stellantis retirent leurs prévisions
Face à cette volatilité commerciale, Mercedes-Benz et Stellantis ont été contraints de retirer leurs orientations financières pour l’année en cours. Mercedes avertit que si les tensions commerciales persistent, cela pourrait gravement affecter ses bénéfices d’exploitation, ses marges et sa trésorerie. Stellantis, propriétaire de marques comme Jeep, adopte une posture prudente, expliquant que des ajustements seront nécessaires selon l’évolution des droits.
Volkswagen, de son côté, maintient pour l’instant ses prévisions, mais indique clairement que les nouvelles taxes ne sont pas encore prises en compte, soulignant l’incertitude grandissante.
Des ajustements tactiques en chaîne
Pour faire face à cette pression économique, les constructeurs adaptent leur logistique et leurs stratégies de production.
Chez Mercedes, l’idée d’un transfert de production supplémentaire vers les États-Unis est à l’étude afin de contourner les tarifs douaniers sur les véhicules importés d’Europe. Leur usine de Tuscaloosa, en Alabama, pourrait ainsi jouer un rôle accru dans l’assemblage de modèles destinés au marché nord-américain.
Des décisions d’investissement en suspens
La politique commerciale américaine ne crée pas seulement de la confusion, elle freine également les investissements. Par exemple, General Motors a annulé ses orientations financières et suspendu un plan de rachat d’actions de 4 milliards de dollars, en attendant une meilleure visibilité sur les évolutions réglementaires.
Stellantis réfléchit à recalibrer ses investissements régionaux, envisageant une production plus locale afin d’éviter les frais d’importation. Le constructeur discute aussi activement avec ses fournisseurs pour intégrer davantage de pièces fabriquées aux États-Unis dans ses modèles.
Des alliances et une coopération souhaitées
Volkswagen affirme être prêt à coopérer avec les responsables politiques américains pour développer la production locale et atténuer les effets des tarifs. Déjà implanté à Chattanooga, Tennessee, le groupe allemand fabrique une partie de ses véhicules localement. Toutefois, moins d’un tiers de ses ventes aux États-Unis sont issues de cette usine, le reste étant encore importé d’Europe et du Mexique.
Une industrie à la recherche de stabilité
La présidence Trump affirme que ces mesures tarifaires visent à favoriser la production locale et l’emploi. Cependant, les dirigeants de l’industrie automobile craignent qu’une telle stratégie, si elle se poursuit sur le long terme, nuise à la compétitivité globale du secteur. Selon Harald Wilhelm, directeur financier de Mercedes, les tarifs pourraient réduire les marges de production de l’entreprise de 300 points de base, faisant chuter la rentabilité prévue de 6–8 % à seulement 3 %.
Notre avis par leblogauto.com
Le message est clair : les constructeurs automobiles européens réclament de la prévisibilité. Pour le moment, les allégements partiels annoncés par Trump restent insuffisants pour compenser les perturbations majeures que ces tarifs engendrent. L’industrie automobile attend désormais des décisions plus stables et durables pour continuer à investir, produire et vendre sur le marché américain.
Avec : Bloomberg.
Crédit illustration : Ford.