Industrie automobile unie : une lettre historique contre les droits de douane de Trump

L’industrie automobile américaine signe une lettre conjointe, et historique de par son unicité, pour s’opposer aux droits de douane de Trump, dénonçant de lourdes conséquences.

En effet, lors d’un événement baptisé par Donald Trump le « Jour de la Libération », l’ancien et actuel président américain a annoncé l’imposition d’un droit de douane de 25 % sur toute voiture ou pièce automobile qui n’est pas fabriquée aux États-Unis.

Peu importe leur origine, qu’elles viennent du Canada, du Mexique, du Japon ou d’ailleurs, toutes sont désormais taxées lourdement à l’entrée sur le territoire américain. Et comme on pouvait s’y attendre, même pour les constructeurs américains.

Dès sont entrée en vigueur, cette mesure a provoqué des remous dans l’industrie automobile, mobilisant de nombreux acteurs du secteur qui voient dans cette décision une menace directe pour l’économie américaine, l’emploi et la stabilité de la chaîne d’approvisionnement.

Une réaction immédiate : un front uni contre les tarifs

Dans un geste rare, presque tous les grands groupes de l’automobile se sont unis pour adresser une lettre commune historique à l’administration Trump. Cette lettre, portée par des organisations majeures comme la National Automotive Dealers Association, l’Alliance for Automotive Innovation, et la Motor & Equipment Manufacturers Association, alerte sur les conséquences dévastatrices de cette politique.

Les signataires, parmi lesquels figurent des géants tels que General Motors, Toyota, Volkswagen, Stellantis et Hyundai, dénoncent un impact en cascade : hausse des prix pour les consommateurs, chute des ventes chez les concessionnaires, augmentation du coût des réparations et perturbations massives de la chaîne d’approvisionnement.

Tesla est la seule grande marque automobile absente de cette mobilisation collective. On se demande bien pourquoi…

Pourquoi cette mobilisation est historique

Selon Carla Bailo, PDG d’ECOS Consulting LLC et ancienne présidente du Centre de recherche automobile (Center for Automotive Research), voir l’ensemble de l’industrie automobile parler d’une seule voix est extrêmement rare. Habituellement, chaque entreprise envoie sa propre communication. Mais cette fois, les enjeux sont tellement cruciaux que l’unité était nécessaire.

« L’impact est si profond, de l’équipementier au fabricant d’origine (OE), qu’il y a plus de puissance à agir ensemble », a déclaré Bailo au Detroit News. Cet alignement exceptionnel démontre à quel point l’industrie perçoit ces nouveaux droits de douane comme une menace très forte.

Les inquiétudes majeures des constructeurs automobiles

Dans leur lettre considérée comme historique, les industriels de l’automobile soulignent qu’une perturbation brutale de l’approvisionnement pourrait entraîner des arrêts de production, provoquer des licenciements massifs et même entraîner des faillites de fournisseurs fragiles. Plus que la hausse des droits de douane, c’est la brutalité de leur mise en place qui les empêche d’adapter leur outil de production et les chaînes d’approvisionnement.

En effet, l’industrie automobile américaine reste particulièrement vulnérable : une seule défaillance dans la chaîne d’approvisionnement peut suffire à paralyser la production d’un constructeur entier, comme cela s’est produit durant la pandémie de Covid-19. Les effets dominos seraient donc rapides et désastreux pour l’économie américaine.

Premiers signes de crise dans l’industrie

Certains constructeurs n’ont pas attendu pour prendre des mesures d’urgence. Volvo, par exemple, a déjà procédé à des licenciements de centaines de travailleurs en prévision des nouveaux tarifs. D’autres marques reconnaissent qu’elles tenteront de retarder les hausses de prix sur leurs véhicules. Toutefois, elles précisent rapidement après qu’ils ne pourront tenir cette stratégie que sur une courte durée.

Par ailleurs, certains fabricants commencent à réduire les importations de véhicules aux États-Unis pour éviter d’être lourdement pénalisés. Certains constructeurs ont carrément arrêter la vente de certains modèles. Tant pis pour les Américains.

La réponse incertaine de l’administration Trump

À ce jour, il n’est pas clair comment Trump réagira à cette lettre de protestation. Lors d’une récente déclaration, il a évoqué vouloir « aider certaines entreprises automobiles », soulignant que ces dernières avaient besoin de temps pour relocaliser leur production sur le sol américain.

Ainsi, Trump a notamment mentionné que de nombreuses entreprises s’appuyaient sur des pièces fabriquées au Canada, au Mexique et dans d’autres pays, mais qu’elles seraient incitées à rapatrier leur production aux États-Unis. Cette relocalisation nécessiterait du temps et des investissements massifs, que toutes les entreprises ne peuvent pas immédiatement assumer.

Notre avis par leblogauto.com

Si la pression exercée par l’industrie n’aboutit pas à une révision des tarifs, le secteur automobile pourrait connaître une mutation rapide et brutale.

Entre relocalisation, licenciements et révision complète des chaînes de production, on pourrait voir le paysage automobile américain totalement redessiné dans les prochaines années.

Ce bras de fer entre l’industrie et l’administration Trump sera décisif pour l’avenir du secteur aux États-Unis. Les prochains mois pourraient bien marquer une révolution industrielle, dont l’issue reste encore incertaine.

Avec : Detroit News.

Crédit illustration : Whitehouse.gov.

(8 commentaires)

  1. Il est bon en animal de télé réalité … en ce sens cela marche car les médias en parlent toutes les 10 minutes de ce mec.

    Trump et Kardashian même combat mais cela ne donne pas un cap politique. Un gâchis de 4 ans pour ce pays.

  2. Les « marchands » ne sont pas contents…Parce que l’on touche à leurs intérêts.
    Mais s’occupent-ils des intérêts à long terme du pays ?
    De leur peuple… Surtout pas dans l’immédiat…
    Ils garantissent le savoir-faire et l’emploi dans le pays !?
    Ce qui garantit pérennement la richesse et l’indépendance d’un pays est de maintenir les usines et les BE chez soi.
    L’état doit protéger tout cela.
    Alors les avis des capitaines d’industrie à la « Serge Tchuruk » je les prends avec des pincettes.

    Après, je ne dis pas que la politique trop violente de Trump va forcément marcher.
    L’Américain moyen n’est pas le chinois moyen bien gentil et bien serviable, il risque de ne pas supporter les effets « atomiques. »
    Il faudrait faire cette politique sur 20-30 ans… Pas en quelques mois…
    Il y a aussi la façon de faire qui est importante !

    1. Serge Tchuruk a beaucoup été critiqué, mais il était précurseur : apple applique exactement ce qu’il avait décrit et ça lui réussit. Mais c’est hors sujet, ce n’est pas applicable dans l’automobile

      1. « Mais c’est hors sujet, ce n’est pas applicable dans l’automobile »

        @Amiral, oh que SI !
        Avant, de l’époque de nos vieux… les 2 CV et 4L étaient fabriqués en France… à l’époque des dinosaures pour les jeunes… Puis au Portugal pour la Citroën… Jusqu’aux abus avec Tavares.
        Tout le monde l’a fait… Les coupables sont la norme… Mais ce sont surtout les lois de l’UE et l’OMC qui sont les déclencheurs et les encouragements pour qu’ils deviennent coupables.
        … De ce côté-là, Trump est un saint homme !

        1. @SGL, si j’ai tout bien compris, il faudrait que chaque pays impose à chaque constructeur d’avoir des usines sur son territoire pour pouvoir y vendre les voitures qu’il y produit? Et encore, tu ne parles pas uniquement des usines mais aussi de leur conception (le BE plus haut c’est bien Bureau d’Etudes?)
          On a en gros 200 pays dans le monde, si un constructeur veut vendre partout dans le monde, il va devoir créer 200 bureau d’études pour concevoir des pièces et des voitures construites dans les 200 usines qu’il aura construit dans ces mêmes pays? Vive les économies d’échelle…

          1. @seb, idéalement… Nous sommes français… C’est la France qui compte !? … Pas vous ?
            Dans un sens, je comprends Trump.
            Mais dans les faits… et plus réaliste… d’abord favoriser l’UE, car nous sommes Européens et il faut jouer en groupe… Puis faire des échanges « équilibrés » avec le reste du monde.
            L’Europe est la zone économique la forte du Monde pour le rappel.

          2. Historiquement, la France a inventé la voiture… Citroën, Renault et Peugeot et des dizaines de marques de luxe ont marqué l’histoire de l’automobile.
            Est-ce le cas des 200 autres pays ? Et pourquoi il faudrait jeter l’éponge ?

  3. « En effet, lors d’un événement baptisé par Donald Trump le « Jour de la Libération », l’ancien président américain a annoncé l’imposition d’un droit de douane de 25 % sur toute voiture ou pièce automobile qui n’est pas fabriquée aux États-Unis. »

    « l’ancien président américain » ??? Je sais que c’est un ancien président mais c’est surtout l’actuel, et pour encore quasiment 3 ans et demi. ^^

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