Nissan USA : cap sur la production locale pour contrer les tarifs de 25 % imposés par Trump

Face aux tarifs US de 25 %, Nissan renforce sa production locale au Tennessee pour relancer ses ventes et réduire sa dépendance aux importations.

Face à une conjoncture économique marquée par la politique tarifaire agressive de l’administration Trump, Nissan entreprend un virage stratégique majeur aux États-Unis. Sous la direction de Christian Meunier, nouveau président de Nissan Americas depuis janvier, le constructeur automobile japonais cherche à maximiser la production de son usine phare de Smyrna, dans le Tennessee. Cette décision, motivée par la mise en place de tarifs douaniers de 25 % sur les véhicules importés, vise à réduire la dépendance aux usines étrangères, notamment celles situées au Mexique et au Japon.

Maximiser la production nationale : priorité stratégique

L’usine de Smyrna, véritable pierre angulaire de la production nord-américaine de Nissan, possède une capacité annuelle de 640 000 véhicules en fonctionnement sur trois équipes. En 2024, elle a produit environ 314 500 véhicules sur deux équipes, laissant une marge importante pour optimiser son potentiel.

Ce plan s’inscrit dans une logique de relocalisation qui précède les récents tarifs douaniers. Toutefois, elle est désormais accélérée par les nouvelles politiques commerciales.

L’idée est de produire davantage de véhicules destinés au marché américain sur le sol américain. Ce faisant, Nissan devrait d’éviter les surcoûts liés aux importations. En parallèle, la marque s’engage dans une réévaluation de la provenance des composants, incluant une potentielle augmentation de la production locale de groupes motopropulseurs.

Ajustement progressif mais ferme

Malgré cette volonté affirmée, Meunier reste prudent sur le calendrier. Il reconnaît que modifier les lignes de production ou rapatrier la fabrication de certains modèles prendra du temps.

L’optimisation de la production locale se fera donc en plusieurs étapes. À court terme, Nissan devrait augmenter la cadence sur les modèles déjà produits à Smyrna, comme le Nissan Rogue, véhicule le plus vendu par la marque aux États-Unis. À moyen terme, Nissan prévoit l’introduction de nouveaux modèles, notamment une version hybride et potentiellement une version Infiniti.

Nissan envisage également d’étendre la fabrication à d’autres composants clés, tels que les moteurs et pièces forgées. Aux États-Unis, le constructeur dispose déjà d’une infrastructure importante, avec une capacité de production de plus d’un million de véhicules, 1,4 million de moteurs, ainsi qu’une vaste production de pièces. Pourtant, seulement 525 600 véhicules y ont été fabriqués en 2024, preuve qu’une marge d’expansion significative reste à exploiter.

Impact des tarifs sur la stratégie commerciale

Les tarifs douaniers imposés par Donald Trump, notamment les 25 % sur les véhicules importés et les pièces automobiles, ont été un catalyseur de cette transformation. Meunier souligne que de telles mesures peuvent nuire aux opérations de Nissan si aucune solution équilibrée n’est trouvée. Le constructeur espère donc un compromis pour éviter des impacts économiques trop sévères, en particulier sur les pièces détachées.

En réaction aux tarifs, Nissan a déjà ajusté ses prix aux États-Unis, notamment pour les modèles Rogue et Pathfinder, avec des réductions allant jusqu’à 2 000 dollars selon les versions. De plus, Nissan a suspendu les commandes américaines de deux SUV de luxe Infiniti assemblés au Mexique, illustrant une stratégie plus sélective sur les importations.

Diversité des sites de production

Outre l’usine de Smyrna, Nissan exploite également une grande installation à Canton, dans le Mississippi. Cette dernière fabrique actuellement la Nissan Altima et le Frontier, un pick-up de taille moyenne. L’usine emploie environ 5 000 personnes et fonctionne sur un ou deux postes selon les modèles. Le Frontier, bien qu’en perte de vitesse sur le marché ces dernières années, représente toujours un potentiel de croissance important pour le constructeur.

Perspectives : relance et adaptation

Selon Meunier, Nissan traverse une période de transformation profonde mais dispose d’un plan solide pour redresser ses performances. En misant sur la production nationale, l’entreprise se positionne pour réduire son exposition aux risques commerciaux internationaux tout en répondant plus efficacement aux besoins du marché américain. Le développement de nouveaux produits plus adaptés au marché local, combiné à une stratégie de prix réactive, permet à Nissan d’envisager une relance progressive mais durable.

Notre avis par leblogauto.com

La politique de Trump, bien que controversée, a servi de catalyseur à un changement stratégique chez Nissan. Le constructeur japonais mise désormais sur la flexibilité de ses installations américaines pour faire face à un environnement commercial incertain. En augmentant la production locale, en développant de nouveaux modèles et en adaptant sa chaîne d’approvisionnement, Nissan cherche à se réinventer sur un marché en pleine mutation. Le pari est audacieux, mais il pourrait bien permettre à la marque de regagner du terrain dans un paysage automobile de plus en plus compétitif.

Source : Automotive News.

Crédit illustration : Nissan USA.

(5 commentaires)

    1. Oui tout à fait… Sauf comme l’on dit souvent en ce moment… Les clients font se présenter avec tant de hausses de prix !?
      Forcément, cela va faire mal !

      1. les constructeurs qui ont des usines aux US comme ford croulent sous les commandes et en profitent donc pour monter leurs prix

        1. Ah bon ?
          Mais ils n’anticipent pas une forte hausse probable liée aux % de pièces venant du Mexique et du Canada ?
          Il me semble avoir lu que les F150 ont justement 60 % pièces venant du Mexique et du Canada ???
          Pouvant faire grimper les prix de 5 à 15 k$ par modèles… Désolé, des variations de prix, les estimations font des grands écarts.

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