La fusion Nissan-Honda en train de capoter ?

Séisme dans l’industrie automobile. Alors que tout semblait aller « comme sur des roulettes », voilà que la presse nippone indique que la fusion entre Honda et Nissan serait abandonnée. Cela secoue Nissan, mais aussi Renault par répercussion. Pour Honda, le titre s’envole !

Pourquoi cela capote ?

Honda est en position de force vis-à-vis de Nissan. Pour autant, les premières discussions laissaient entendre que la fusion se ferait d’égal à égal. Un traitement particulier qui n’a pas laissé insensibles les patrons de Nissan. En effet, ils sont plutôt chatouilleux dès qu’on leur parle de « filiale ». Ce n’est pas pour rien qu’ils ont fait plonger les projets de « fusion » entre Renault et Nissan et mis fin à l’ère Ghosn.

Cette « fusion » semblait contenter un peu tout le monde : Renault qui se débarrasse d’un ex-allié devenu un boulet (quand on rame dans le sens opposé au leader on n’avance plus) et Nissan qui est fragilisé depuis des mois. Honda de son côté y voit une opportunité, même si les investisseurs pensent que la digestion sera difficile. Tout avançait tranquillement pour déboucher, en 2026, sur la création du troisième constructeur mondial. En en plus un poids lourd « nippono-japonais » !

Mais, plusieurs médias japonais « bien informés » rapportent que Honda aurait changé un peu son fusil d’épaule. Ainsi, au lieu d’une fusion d’égal à égal, les dirigeants de Honda préfèrent finalement acquérir les actions de Nissan. Nissan ne serait plus un égal, mais une simple filiale.

La même raison qu’avec Renault

Selon le quotidien financier Nikkei, Nissan aurait alors claqué la porte des négociations. Chatouilleux on vous dit ! Les patrons de Nissan veulent bien un allié, un égal, mais ils veulent préserver l’autonomie de Nissan. Une fusion qui ressemble plus à un accord de coopération globale qu’autre chose. Une « Alliance » nouvelle génération, non plus avec Renault, mais avec Honda.

« Les deux entreprises avaient discuté d’une structure de holding, mais n’ont pas pu se mettre d’accord sur des conditions telles que le ratio d’intégration. Honda a approché Nissan avec une proposition visant à en faire une filiale: Nissan a décidé de mettre fin aux négociations, en raison d’une forte opposition au sein de l’entreprise », a indiqué le Nikkei.

Les investisseurs réagissent avec virulence

Ces informations ont fait réagir les investisseurs et ont chahuté les cours de bourse. L’action Nissan chutait de 4,86%. Cela a poussé l’opérateur de la bourse de Tokyo à suspendre le titre, le temps que la tempête passe et que des éclaircissements soient apportés par les deux parties.

À l’inverse, le titre Honda a bondi de 8,19 %. Visiblement, les investisseurs estiment que Nissan sera aussi un boulet pour Honda et préfèrent voir le constructeur de Tokyo continuer seul. Il n’a pas un besoin urgent de Nissan. L’inverse est bien moins vrai. Dans la foulée, à la bourse de Paris, le groupe Renault perd 3 % en milieu de matinée. Là, les investisseurs voyaient d’un bon œil la séparation entre Renault et Nissan-Mitsubishi.

Selon Nissan, dans une déclaration transmise à l’AFP, le groupe devrait faire une annonce à la mi-février concernant son avenir. Cela concernera évidemment la fusion avec Honda. La mi-février est encore loin et l’incertitude n’est jamais bonne en affaires.

Pourquoi une telle fusion serait souhaitable ?

L’industrie automobile mondiale est parcourue de soubresauts à cause du véhicule électrique. Plusieurs marchés d’importance, dont l’Europe, prévoient de pousser à outrance l’électrique. Même si cela paraît absurde de ne vouloir que du VE dans les véhicules neufs en 2035, l’industrie doit bien s’y plier, sous peine de renoncer à un marché automobile européen de près de 13 millions de véhicules par an.

Mais, l’investissement dans le véhicule électrique est colossal. Il vient en plus des investissements dans des véhicules de moins en moins émetteurs de pollution à l’échappement. Sans oublier les « aides à la conduite » toujours plus nombreuses. Pour pouvoir assurer ces investissements, mieux vaut être à plusieurs. Cela passe par des accords de coopération technique, ou bien, comme ici, par une fusion.

De plus, cette fusion ferait des deuxième et troisième constructeurs japonais derrière Toyota un géant mondial, capable de rivaliser justement avec Toyota, mais aussi les constructeurs chinois.

Nissan en difficultés devra renoncer ou couler

Si pour Honda, la fusion n’est pas obligatoire, pour Nissan c’est très différent. En effet, Nissan est en grandes difficultés. Déjà, le groupe est fortement endetté. La marge opérationnelle a fondu et Nissan a essuyé une perte sur le troisième trimestre 2024. On attend les chiffres du T4 2024 le 13 février, mais il pourrait confirmer la très mauvaise posture de Nissan.

Et le constructeur de Nishi-ku à Yokohama ne peut pas compter sur des marchés clés où il a perdu pied. Les USA boudent les Nissan faute de PHEV par exemple. Et en Chine, le tout électrique a mis une claque à la marque. Nissan taille dans ses effectifs, ainsi que dans ses capacités. Nissan est un animal blessé. Ce sont les plus dangereux car ils peuvent réagir comme ici, en mettant fin à une acquisition qui sauverait les meubles.

Nissan préfère faire seppuku que de devenir une filiale

Les investisseurs sentent l’odeur du sang. Nissan attire les convoitises. Ainsi, Foxconn (Hon Hai), géant taïwanais de l’assemblage électronique, a proposé à Nissan l’acquisition d’une participation majoritaire. Foxconn voit par exemple Xiaomi réussir son pari de créer des véhicules et voudrait bien participer à la fête. Cette approche par le Taïwanais avait poussé Nissan à discuter avec Honda.

À refuser l’acquisition par Honda, Nissan pourrait finir dépecé si on sonne l’hallali !

Fusion Nissan Honda : et Mitsubishi dans tout cela ?

De son côté, le groupe Mitsubishi n’entend pas forcément s’allier à Honda. Mitsubishi est encore suffisamment indépendant pour continuer son petit bonhomme de chemin. Les dirigeants ne cherchent pas à devenir un acteur mondial de l’automobile. Ils considèrent, en effet, que l’Asie du Sud-Est est un marché suffisant.

Surtout, sur ce marché, le VE n’est pas encore le « must have ». Mitsubishi pourrait alors reprendre son indépendance totale et continuer ses accords de coopération au coup par coup.

Pour Renault, ne pas pouvoir « se débarrasser » des actions Nissan pourrait être problématique, au moins dans un bilan comptable. Les liens techniques sont si distendus que cela ne toucherait pas grand chose de la stratégie industrielle. Le cours de bourse était monté suite à la plus value potentielle que représentait la vente des actions Nissan à Honda. Sans cela, le cours chute naturellement.

Honda pourrait-il se montrer plus agressif et acheter Nissan ? La bête est mal en point, Honda pourrait. Mais, cela ferait partir la « fusion » Nissan Honda sur de très mauvaises bases.

(20 commentaires)

  1. Avec son ego surdimensionner de Nissan ,ça ne m’étonne pas , ils veulent le beurre et l’argent du beurre et Honda devrait pas s’allier avec se concurrent encombrant.
    Renault est déjà passé par la , mais un moins il avance dans l’électrique, contrairement à Nissan qui a lancé son Suv Arya qui n’a aucun succès pour l’instant, on n’en voit pas dans nos rue .
    Heureusement que son partenaire français est là pour lancé la future Micra et Pixo électrique cousines de la R 5 et Twingo Etech , même Mitsubishi compte sur Renault pour avoir ses propres modèles électriques.

  2. La fusion capote? Cad que devant Honda qui en enfile finalement une, Nissan qui pensait éviter de se faire ouvrir le c.. cesse de faire les courbettes locales devenues bien dangereuses dans ce contexte…
    Mais si c’est troquer Honda pour Foxconn, ils vont avoir reculé pour mieux chanter… « Gare au Gorille »! Cela doit bien distraire Ghosn des problèmes libanais.

  3. Nissan, ou comment se saboter.

    Carlos Gohsn avait proposé de son temps un rapprochement plus fort entre Nissan et Renault, sans vraiment que ce soit une fusion. En gros une fusion sans vraiment en être une ou les deux entités existeraient toujours au sein d’un groupe à 50-50. Bien plus efficace qu’une espèce d’alliance ou en fait tout reposait sur des accords industriels, des partages de technologies etc… La suite on la connait, les Japonais refusent, par peur de main mise de Renault, affaire CG etc… Alors que ça aurait pu être un groupe monstre ou aucunes des marques ne se seraient marchés dessus, ni fait concurrence.

    Nissan est à l’agonie, il vendent leur c*l un peu partout et se rapprochent de Honda en s’imaginant qu’ils vont faire un truc à égale…Forcément, Honda étant en bien meilleurs forme, il est évident qu’ils ne vont pas se rabaisser à Nissan pour faire une fusion à 50-50. Nissan est forcément en position de faiblesse dans l’affaire et il était plus qu’évident que c’était eux les « rachetés ». Et là ils nous font un mélodrame.

    Mais qu’ils aillent couler ceux la. Et se faire racheter miette par miette aux quatres coins de la planète. Ce serait même drôle que Renault en profite pour reprendre des activités. Le coup fatal.

    1. sauf que si Nissan se déprécie de trop, Renault va perdre de l’argent.
      ce n’est pas l’intérêt de Renault d’avoir des parts dans une boite malade.

      1. Si Honda veut les actions Nissan de Renault , cela peut se vendre le triple ( ou + )….
        – 2014 — La tentative d’OPA de Porsche SE sur VW …. une belle blague ….

  4. C’est assez prévisible en fait. Nissan est LE problème ! C’était pas Renault et ça sera pas Honda. Mais apparemment chez Nissan ils pensent pouvoir négocier ou imposer des choses alors que le groupe est au bord du gouffre.
    Je vais pas pleurer sur ces idiots même si j’aimais beaucoup la marque.
    De toutes façons Nissan a pas le choix il va revenir auprès de Honda d’ici peu (on verra si ils veulent encore d’eux)

  5. C’est peut-être une partie de poker menteur, comme dans toute négociation commerciale. Je ne vois pas Nissan faire la fine bouche car ils sont au bord du gouffre et je pense que le gouvernement japonais va appuyer de tout son poids pour trouver une solution nippo-nippon.

  6. Sur BFM Business, ils annoncent qu’en bourse Honda vaudrait 5 X plus que Nissan… Impressionnant, comment Nissan est tombé aussi bas !?

    1. « Nissan, autant voir grand » disait la pub des années 90/00?
      Là c’est « autant voir gland », dit le « chêne » Renault!

      1. « Là, c’est « autant voir gland », dit le « chêne » Renault !
        Putaing …celle-là l’ami, c’est dommage que ne soit pas de moi ! Bravo !

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