Chine : Les médias d’État dénoncent la vente de voitures « zéro kilomètre »

La Chine s’attaque aux voitures d’occasion « zéro kilomètre », une stratégie controversée utilisée pour gonfler artificiellement les ventes. C’est un pan entier de la stratégie de baisse des prix qui fait rage dans le pays. Il en va, selon le gouvernement chinois, de l’avenir de la filière automobile.

La Chine monte au front contre les véhicules d’occasion « zéro kilomètre »

Les médias d’État chinois, et en particulier le très influent People’s Daily – porte-voix du Parti communiste – ont vivement critiqué une pratique jugée trompeuse dans le secteur automobile : la vente de véhicules d’occasion dits « zéro kilomètre ». Ce phénomène, qui consiste à faire passer des voitures neuves comme des véhicules d’occasion sans aucun kilométrage, est désormais dans la ligne de mire des autorités. Selon le journal, cette méthode nuit à la santé financière de l’industrie tout en menaçant les droits des consommateurs.

Une stratégie pour gonfler artificiellement les chiffres de vente

Cette pratique est en réalité une extension de la guerre des prix féroce qui secoue actuellement le marché automobile chinois. En effet, certains constructeurs, sous pression pour atteindre leurs objectifs de vente, vendent leurs véhicules à des concessionnaires ou à des entreprises de financement comme s’il s’agissait de véritables ventes au détail. Ces voitures sont ensuite remises sur le marché de l’occasion avec zéro kilomètre au compteur, sans jamais avoir été utilisées.

Le People’s Daily met en garde : ce procédé fausse les chiffres, mine la confiance des consommateurs, et déstabilise le marché. Il appelle les constructeurs à se concentrer sur l’innovation technologique, l’amélioration du service client, et la qualité des produits, plutôt que de s’obstiner à atteindre des volumes de ventes au détriment de la transparence.

Une intervention réglementaire de plus en plus musclée

Le gouvernement chinois ne se contente pas de simples critiques. Ces dernières semaines, les régulateurs ont convoqué à plusieurs reprises les dirigeants de l’industrie automobile pour leur demander de « s’autoréguler ». Le message est clair : mettre fin aux ventes à perte et aux rabais jugés déraisonnables. Cette pression est survenue peu de temps après que BYD, leader du marché, a réduit certains prix jusqu’à 34 %, déclenchant un effet domino dans le secteur.

Rivalités et accusations : un climat de tension dans l’industrie

La polémique autour des voitures à « zéro kilomètre » a également ravivé les tensions entre constructeurs. Wei Jianjun, le fondateur de Great Wall Motors, a été le premier à tirer la sonnette d’alarme, allant jusqu’à comparer la situation à celle d’Evergrande, le géant de l’immobilier chinois en faillite. Il n’a pas nommé directement de constructeurs, mais les sous-entendus ont été clairs.

Peu après, Geely a relancé des accusations passées contre BYD, affirmant que certains de ses modèles hybrides utiliseraient des composants – notamment des réservoirs de carburant – non conformes aux normes environnementales. BYD, de son côté, a fermement réfuté ces allégations et rappelé qu’il respectait toutes les réglementations en vigueur. L’entreprise a même menacé de poursuites judiciaires pour diffamation, tout en supprimant un post polémique sur Weibo, son réseau social.

Un appel à la responsabilisation de l’ensemble du secteur

Le message des autorités est clair : la course au volume de ventes à tout prix n’est plus tolérée. Le People’s Daily encourage à une transformation en profondeur du modèle économique du secteur automobile chinois, en insistant sur l’importance de la qualité, de la sécurité et de la transparence dans les pratiques commerciales. La pratique des voitures « zéro kilomètre » n’est pas simplement une question de technique de vente, mais un véritable enjeu de confiance pour les consommateurs et de stabilité pour l’ensemble du marché.

Alors que la Chine souhaite devenir un leader mondial de l’électromobilité et de l’innovation automobile, ces pratiques risquent de ternir son image à l’international. L’intervention des médias d’État souligne une volonté politique ferme de réformer l’industrie et de protéger les consommateurs contre les dérives commerciales. À l’heure où la guerre des prix menace la viabilité économique de plusieurs acteurs du secteur, un encadrement plus rigoureux semble désormais inévitable.

Crédit illustration : STR/AFP via Getty Images.

(4 commentaires)

  1. Alors quel est le niveau des immatriculations 0 km pour VW, Audi, BMW, Mercedes, Nissan, Toyota ou Honda sur ce marché? Quels impacts pour ces labels concernant cette guerre des prix? VW fait-il des remises?

    1. pour vw, on sait déja depuis qq mois que l’id3 est vendue dès 16000 euros, je suppose que pour les autres non chinois, pour tenir le coup, pas d’autre issue que de grosses remises.

      1. Ou des ventes à perte …
        Le site dit  » Chinois  » TEMU, enregistrée aux îles Caïmans et appartenant à Pinduoduo  » PPD Holdings  » basé à Dublin , Irlande perdrait 7 dollars par commande/vente ….
        Le fondateur , Zheng Huang a commencé chez Alphabet ( google Youtube etc etc ….)…. une fois bouffé la moitié des clients Amazon , cela devrait être très très rentable …..
        En Juin 2025 ( j’ai acheté chez Temu ) strictement le même produit de la même usine chinoise est au quart du prix d’Amazon … Amazon multiplie le prix par quatre …. dans peu de temps Amazon sera assommé ….

  2. C’est juste la manifestation de la guerre à outrance entre les plus grands constructeurs chinois, notoirement en surcapacité de production pour le marché local. Les exportations ne sont pas au niveau attendu et les stocks s’allongent.
    Les stocks coûtent très cher à une entreprise qui doit les déprécier dans son bilan – mais il y a des façons de les sortir du bilan, dont la vente à une filiale ou entreprise partenaire.
    Bref, la guerre coûte cher et il n’y a pas de too big to fail en Chine, comme je l’ai déjà écrit avec le scandale Evergrande (sic, tiens).

    La question n’est plus l’existence de ces stocks mais comment vont-ils être traités : on continue à solder, on les détruit, on les réintègre dans le groupe et on stoppe la production pendant un temps ?

    Attendons la communication de ces grands groupes pour voir plus clair, au milieu des hyperboles verbales on devrait commencer à comprendre ce qui va se passer.

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