Espionnage chez Renault : plusieurs hypothèses
par Bernard Muller

Espionnage chez Renault : plusieurs hypothèses

En cette période de salon de l’auto de Genève, Renault aurait sans doute préférer faire parler de lui par ses nouveaux modèles et ses concepts prometteurs. Las, l’actualité poursuit le groupe avec les derniers développements de l’affaire d’espionnage qui continue de secouer le groupe.

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Rappelez vous, il y a quelques semaines, Le Point nous annonçait que l'ex régie débarquait brusquement 3 membres de la direction pour cause de corruption et d’espionnage au profit de compagnies extérieures, voir, de la Chine. En cause, les secrets sur les véhicules électriques et les offres à venir du constructeur dans ce domaine. Ainsi, les 3 protagonistes auraient revendu des informations sensibles, en échange de rémunérations déposés sur des comptes secrets en Suisse et au Lichtenstein.

L’affaire aurait pu (dû pour la direction de Renault?) en rester là avec le départ des 3 directeurs, mais l’information est vite remontée auprès du gouvernement qui y a vu, l’occasion de se refaire une popularité égratignée, en volant au secours d’un groupe français victime des « copieurs » chinois et avec la complicité de paradis fiscaux bien connus. Un scénario tellement classique qu’on se disait que les accusés auraient au moins pu faire preuve d’originalité dans le choix de leurs clients ou de l’endroit ou l’argent est déposé.

Avec l’implication du gouvernement et la publicité faite sur cette affaire, une enquête sérieuse a démarré, diligentée par la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur) et qui doit faire la lumière sur toute cette affaire. La direction de Renault perdait ainsi le contrôle de l’enquête et de la communication. Les résultats de cette enquête ne seront pas encore publiés avant quelques jours, mais une chose est déjà certaine: de comptes secrets en Suisse et au Lichtenstein il n’y a pas trace, de quoi déjà mettre sérieusement en doute la responsabilité des 3 accusés. Au fur et à mesure que l’enquête avance, les preuves que Renault utilise pour étayer ses accusations semblent de plus en plus fragiles, pour ne pas dire inexistantes…

Voyant le vent tourner, Patrick Pelata, directeur général du constructeur automobile, monte au créneau et déclare dans le Figaro, le groupe victime de manipulations. En fait, les informations venaient d’un détective privé qui aurait informé la direction de faits d’espionnage. Le constructeur n’aurait eu alors d’autres choix que de rapidement limoger les accusés, pour éviter que d’autres informations, plus sensibles encore, ne sortent.

Ces déclarations furent d’ailleurs rapidement démenties par l’avocat du groupe, maître Jean Reinhart, craignant sans doute un procès en diffamation…

Patrick Pelata fut ensuite sommé de s’expliquer auprès de Mme Lagarde, ministre de l’économe, et dût avouer que le groupe s’était peut-être emballé un peu vite. Car l’affaire qui aurait du redorer le blason du gouvernement, risque non seulement d’avoir l’effet contraire, mais aussi de brouiller les relations déjà sensibles avec la Chine, accusée trop rapidement d’être la source de l’espionnage.

Selon Patrick Pelata, il n’y a que deux scénarii possibles :

-    Soit le groupe Renault est victime de manipulations, provenant d’un individu, ou ayant comme origine des concurrents ou réseaux voulant nuire au groupe, comme le détaillent InRocks et Le Point

-    Soit le groupe a réellement été victime d’espionnage, solution qui aurait certainement maintenant la préférence de Renault

A ces deux possibilités, nous nous permettons d’en ajouter une troisième, que Patrick Pelata ne peut bien sûr évoquer. Que toute cette histoire ait été en fait montée de toute pièce par la direction pour se séparer des 3 cadres, cadres qui étaient peut-être en désaccord avec la politique du groupe, notamment en ce qui concerne l’implication de Renault dans les véhicules électriques…

Cette thèse a d’ailleurs subitement gagné en crédibilité avec l’apparition d’un ancien cadre : Philippe Clogenson, ancien directeur du marketing client, dont l’histoire présente de troublantes similitudes avec celles des 3 cadres.

En effet, M. Clogenson, qui raconte sa version des faits dans le Parisien, fut licencié en décembre 2009 après avoir été accusé, d’avoir touché sur des comptes à l’étranger et via des sociétés écrans, des pots de vin provenant de prestataires de Renault. Accusations qu’il dément bien évidemment.

Si les ventes de Renault ne semblent pas souffrir de cette histoire, elle devrait encore refroidir les relations déjà tendues entre le gouvernement et la direction du groupe Renault. Mais elles risquent surtout de mettre en lumière d'éventuelles méthodes brutales de gestion du personnel du constructeur. C’est la motivation des employés de Renault qui risque d’y prendre un coup, et la direction de perdre la confiance du personnel, comme l'indique le Figaro

Parions que cette histoire se terminera par quelques têtes coupées pour servir de fusible (Patrick Pelata par exemple, voir encore plus haut) et un gros chèque pour les 3 cadres licenciés.

Lire également:

La France répond à Carlos Ghosn, Renault agacé par les services de renseignements français, Espionnage : Renault attaqué aux Prud’hommes, Affaire Renault : le constructeur porte plainte contre X, Affaire Renault : de moins en moins clair

Source: Le Parisien, Le Figaro, Le Point, Les InRocks

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Pour résumer

En cette période de salon de l’auto de Genève, Renault aurait sans doute préférer faire parler de lui par ses nouveaux modèles et ses concepts prometteurs. Las, l’actualité poursuit le groupe avec les derniers développements de l’affaire d’espionnage qui continue de secouer le groupe.

Bernard Muller
Rédacteur
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