BEAU TEMPS
Ferrari : triplé historique
Quand vous placez vos trois voitures sur le podium en WEC, vous avez forcement fait quelque chose de bien. Ce vendredi, les 499P ont démontré une nouvelle fois leur immense potentiel. Alessandro Pier Guidi a réalisé le meilleur tour en course en 1:41.259. Soit un avantage de près d’une demi seconde sur la plus véloce des BMW.
Une domination qui se traduisit aussi lorsqu’elles ont fait des choix différents des autres. En début de course, les 499P étaient chaussées en Michelin « durs » sur les quatre roues quand les autres équipes avaient misé sur des « medium » pour les roues droites. Cela n’a pas empêché la n°51 de James Calado de creuser un écart d’une vingtaine de secondes sur la concurrence en moins d’une heure.
Au sein de l’équipe, on a encore distingué un peu de nervosité dans la stratégie – et les consignes – dans les dernières heures avec de nombreux allers-retours à la radio entre ingénieurs et pilotes. En signant ce triplé, les équipages Ferrari prennent des points et repoussent déjà l’opposition à une vingtaine de points au championnat WEC. Cette saison démarre avec de vraies perspectives de titre…
• Ferrari n°50 (Fuoco/Molina/Nielsen) : 1er avec 318 tours
• Ferrari n°51 (Calado/Giovinazzi/Pier Guidi) : 3e à 3 secondes
• Ferrari n°83 (Hanson/Kubica/Ye) : 2e à 2 secondes
BMW : la menace se précise (en WEC aussi)
Vous avez eu une défaillance électronique. Vous avez changé de capot. Vous avez reçu une pénalité. Et vous terminez à 10 secondes de la victoire. Vous êtes donc visiblement dans le rythme. BMW a confirmé ce week-end que la M Hybrid V8 est sur la bonne voie après avoir aussi joué la victoire aux 24 Heures de Daytona fin janvier.
Une statistique probante : la n°15 est la seule non-Ferrari à avoir tourné en moins de 1:42 sur le circuit de Losail pendant l’épreuve. Mais Kevin Magnussen a fait face à des bugs au moment d’une neutralisation tandis que Dries Vanthoor a heurté inutilement la Ferrari n°50.
Plus régulière, la « Shell » (n°20) a effectué une course solide mais commis un impair pneumatique dans les derniers cycles d’arrêts. « La voiture a incroyablement progressé en termes de facilité de pilotage », reconnaissait Sheldon van der Linde à l’arrivée. Reste à faire la course parfaite. Le jour où l’équipe BMW/WRT y parviendra en WEC, la victoire sera à portée.
• BMW n°15 (Magnussen/Marciello/Vanthoor) : 4e à 10 secondes
• BMW n°20 (Frijns/Rast/van der Linde) : 7e à 36 secondes
Toyota : ne jamais sous-estimer…
On peut toujours compter sur l’équipe japonaise. Présente sans interruption au sommet de l’endurance depuis 2012, Toyota a une nouvelle fois prouvé son savoir-faire en sauvant un week-end franchement mal parti. Le parcours de la n°8 mérite d’être considéré. 17e sur la grille après un petit raté de Brendon Hartley en qualifications, la GR010 a repris douze place en dix heures.
Au volant au départ, Sébastien Buemi avait pourtant constaté au micro de la diffusion internationale : « il est très difficile de doubler sur ce circuit ». L’équipe a donc avancé son premier ravitaillement pour l’aider à bénéficier d’une piste claire. Après deux heures, la voiture avait retrouvé le top 5. L’équipe géra ensuite au mieux son allocation pneumatique et signa des chronos intéressants sur les longs runs. Sur la n°7, la seule alerte sérieuse fut la pirouette de Mike Conway en début de course. Au final, elle fut sans grande conséquence.
• Toyota n°7 (Conway/de Vries/Kobayashi) : 6e à 23 secondes
• Toyota n°8 (Buemi/Hartley/Hirakawa) : 5e à 19 secondes
VARIABLE
Peugeot : trois points mérités
Un an après l’adoption de l’aileron arrière, l’Hypercar tricolore manque encore de pointe de vitesse. La nouvelle suspension installée cet hiver n’a pas pu faire la différence sur un tracé tout plat et très rapide : « C’est une amélioration de la suspension destinée à aider l’aérodynamique a mieux travailler, stabiliser la plateforme », expliquait le directeur technique du programme, Olivier Jeansonnie, à nos confrères de DailySportscar. Le meilleur tour en course de Mikkel Jensen reste à 1,2 seconde de la meilleure marque établie par la Ferrari n°51 d’Alessandro Pier Guidi.
Mais ce week-end, l’équipe a su s’adapter aux circonstances, pointant toujours aux portes du top 10 et en évitant toute erreur majeure. « Losail est un circuit qui ne dégrade que peu les pneumatiques, donc nous n’avons pas eu de problème pour gérer le quota, expliquait l’ingénieur en chef après le damier. Mais le circuit a beaucoup évolué. Nous devions trouver les bonnes combinaisons selon les conditions pour être plus rusés que les adversaires à portée, se servir au mieux des voitures de sécurité et garder nos deux voitures dans le tour de tête le plus longtemps possible ». Les trois points au classement du WEC , ramenés par la n°93, sont un encouragement. Peugeot doit encore apprendre des choses sur sa 9×8 modifiée. Rendez-vous à Imola.
• Peugeot n°93 (di Resta/Jensen/Vergne) : 9e à 1:29
• Peugeot n°94 (Duval/Jakobssen/Vandoorne) : 12e à 1 tour

Alpine : le jour et la nuit
Les quatre premières heures de cette course d’ouverture du WEC se disputèrent de jour. Les six heures suivantes de nuit. Et le crépuscule a eu des conséquences sur la hiérarchie entre les équipes. En témoigne les déboires des Alpine. Après le passage par la case joker evo cet hiver (nouveau turbo), les A424 ont effectué un remarquable début de course. Ferdinand Habsbourg se maintint même à la troisième place derrière les deux Ferrari « usine » pendant le premier relai.
Mais la température de la piste tomba de 32 à 18°C en soirée. Et les Alpine disparurent des radars. « Notre voiture apprécie les conditions chaudes, expliquait Jules Gounon, pilote de la n°36 au feed international, nous devons apporter beaucoup d’énergie dans nos pneumatiques ». Les couvertures chauffantes étant proscrites, les hommes de Philippe Sinault ont même réalisé un quadruple relai en Michelin durs pour éviter une périlleuse phase de mise en température. La voiture sœur (n°35) perdit ses chances lorsque Charles Milesi se glissa entre deux LMGT3. Le chas de l’aiguille était trop étroit. Cela a peut-être coûté quelques points aux bleus.
• Alpine n°35 (Chatin/Habsbourg/Milesi) : 14e à 1 tour
• Alpine n°36 (Gounon/Makowiecki/Schumacher) : 13e à 1 tour
Aston Martin : en rodage
Prendre le train en marche n’est jamais facile. L’équipe Heart of Racing, chargée de faire courir les nouvelles Aston Martin Valkyrie, en a fait l’expérience ce week-end. Les sonores Hypercars (V12 atmo, 6,5-litres) ont connu quelques avaries pour leur première course en WEC. La n°009 a vu sa porte passager s’ouvrir puis s’envoler après 55 minutes de course. La n°007 est la seule voiture de sa catégorie à avoir abandonné pendant cette course de 10 heures.
Et côté perf ? Le meilleur tour d’une Aston Martin été réalisé par Tom Gamble en 1:42.978. L’écart est de moins de deux secondes avec les Ferrari. « Je pense qu’une fois qu’on comprendra mieux ce qu’il se passe en termes de vitesse en qualifications et de mise en température des pneus, probablement d’ici Le Mans, nous serons plus compétitifs dans tous les aspects », expliquait Harry Tinknell, pilote de la 007 à nos confrères de Sportscar365. Un premier point positif a été identifié par les ingénieurs de Michelin. « On voit que la voiture est douce avec ses pneumatiques », juge Pierre Alves, responsable des programmes endurance de Bibendum.
• Aston Martin n°007 (Gamble/Gunn/Tinknell) : abandon après 6 heures
• Aston Martin n°009 (de Angelis/Riberas/Sorensen) : 17e 23 tours
TEMPÊTE
Cadillac : comment se saborder…
Le rythme était d’enfer. Les circonstances étaient favorables. Et tout s’est terminé en un éclair. Après un peu plus de deux heures de course, les deux Cadillac occupaient les deux premières places des 1 812 km du Qatar. Elles avaient bénéficié de leur rythme soutenu, de leur faible appétit en énergie et d’une neutralisation bienvenue pour « sauter » les Ferrari. La n°38 de Jenson Button précédait la n°12 d’Alex Lynn derrière la voiture de sécurité. Le freinage brusque du premier surprit le second. L’accrochage força les deux voitures à rentrer aux stands pour réparations. Elles perdirent aussi toute chance de victoire pour leur première sortie avec l’équipe Jota à l’exploitation.
La n°38 – alors pilotée par Sébastien Bourdais – perdit de surcroît une dizaine de tours avec des inquiétudes sur la commande d’accélérateur. Le demi tête à queue d’Earl Bamber en début d’épreuve fait figure d’anecdote. Alex Lynn résuma l’état d’esprit chez les dorés après cette première manche du WEC : « Il y a plein de choses positives, mais pour être honnête, je ne peux pas passer outre l’amertume que je ressens aujourd’hui ».
• Cadillac n°12 (Lynn/Nato/Stevens) : 8e à 37 secondes
• Cadillac n°38 (Bamber/Bourdais/Button) : 16e à 11 tours
Porsche : pas la clé
Il y a douze mois, la marque allemande avait signé un triplé au Qatar. Un an plus tard, changement de décor. Malgré la nouvelle suspension avant homologuée il y a quelques mois, les 963 ont été inexistantes à Losail pour cette manche d’ouverture du WEC. Evidemment, les esprits chagrins se tourneront vers la balance de performance, chargée d’égaliser le niveau des différentes voitures. « Nous ne pouvions pas aller plus vite » jugeait le champion du monde sortant, Laurens Vanthoor.

Dès les qualifications, le mal était fait. Les deux voitures officielles ont bien tenté des stratégies décalées pour parvenir à se sortir d’un maudit peloton, où doubler était mission impossible. La n°5 a également été retardée par une crevaison après une demi-heure puis du remplacement d’un amortisseur. La n°6 a été percutée au départ, exigeant un changement de capot. Sur la n°99, l’inexpérience de Nico Pino et Nico Varrone, confrontés de surcroît à des soucis de freins, a empêché la 963 « Proton » d’exister. Un week-end oubliable… à oublier.
• Porsche n°5 (Andlauer/Christensen/Jaminet) : 10e à 1 tour
• Porsche n°6 (Campbell/Estre/Vanthoor) : 11e à 1 tour
• Porsche n°99 (Jani/Pino/Varrone) : 15e à 4 tour
Texte : Andy David (Auto Press Club) / Photos : Ferrari, Peugeot, Porsche
Forza !!!!
Quelle démonstration
🙂
BOP
?
Peujo aurait dû gagner…..
https://www.endurance-info.com/auto/article/115496-wec-qatar-la-bop-reajustee-en-hypercar
Compare avec TOY, pas des 2éme couteaux
Pour Peugeot, c’est encourageant !
Bon pour l’image de marque (ils en ont besoin.)
Bon pour l’expérience technique et le développement des futures technologies.
Pour Alpine, c’est un peu décevant, néanmoins, ils sont apparemment fiables !?
… Ils feront mieux la prochaine fois.
BOP complètement pourrie en début de saison 2025. La balance entre Hypercar et LmdH ne fonctionnent toujours pas. Sans parles de la balance Aston Martin proprement scandaleuse. Dommage que la FiA et l’ACO pourrissent cette série avec leur arrangement avec certains constructeurs…