Porsche contre Cadillac, BMW, Acura et Lamborghini. Voici l’affiche dans la catégorie reine (GTP) à l’orée de la première manche du championnat d’endurance nord-américain IMSA. La campagne 2025 s’ouvre ce week-end avec la 63e édition des 24 Heures de Daytona. Le tracé atypique mélange pleine charge sur les bankings et tortueux inflield.
Le joker BMW
Enfin à son niveau ? Deux ans après ses débuts, la GTP munichoise semble désormais en mesure de se battre pour la victoire sur le circuit floridien. Le pilote belge Dries Vanthoor a d’ailleurs réalisé la pole position (1:33.895) des 24 Heures de Daytona, jeudi après-midi, au volant de la M Hybrid V8 n°24. « Nous sommes heureux d’avoir signé la première pole du programme LMDh » se félicite Andreas Roos, le patron de l’escouade.
D’où vient ce bond en avant, après deux campagnes décevantes ? Le boss de l’équipe allemande a confirmé à nos confrères de Sportscar365 que l’Hélice avait fait usage de son premier joker evo*, retravaillant notamment le système de freinage de la voiture. « Pour la course, cette pole ne dit tout de même pas grand-chose » tempère Dries Vanthoor. La juste exploitation des pneumatiques Michelin sera un facteur essentiel sur un double tour d’horloge. Côté pilotes, on surveillera par ailleurs les débuts au sein de l’équipe de Kévin Magnussen, quelques mois après ses adieux à la Formule 1.
La gestion des pneumatiques
Pas de changement par rapport à l’an dernier. Michelin demeure le fournisseur officiel du championnat et les couvertures chauffantes restent proscrites. Deux mélanges sont à disposition des équipes dans la classe GTP pour ces 24 Heures : medium et soft. Mais les gommes les plus tendres, prévues pour les conditions les plus froides, ne peuvent être utilisées que pendant des fenêtres temporelles dictées par les organisateurs, notamment de nuit. Une fois le feu vert donné par la direction de course, quand faire le switch ? Les ingénieurs des équipes devront viser au plus juste et arbitrer entre mise en température et dégradation.
D’autant que la classique floridienne est un course à part : programmée en janvier, elle offre souvent de grand contrastes thermiques. Or, selon les bulletins météo locaux, cette édition pourrait être très froide : la température devrait chuter sous les 7°C pendant la nuit. Surveillez donc la stratégie des équipes, notamment aux petites heures…
Porsche doit réapprendre
La marque allemande a dominé la saison dernière, remportant les championnats pilotes et constructeurs, ainsi que la victoire aux 24 Heures de Daytona. Mais la 963 a légèrement évolué cet hiver, dépensant elle aussi un joker evo*. Les modifications – qui concernent l’équipe Porsche-Penske mais aussi les écuries clientes JDC Miller et Proton – concernent les suspensions avant.
« C’est un domaine où les ingénieurs et les pilotes nous avaient donné du feedback, expliquait récemment Urs Kuratle, le responsable du programme, à nos confrères de Dailysportscar. C’était une route à explorer. Cela va nous donner davantage d’ajustements possibles ». Or, en sport mécaniques, les trains roulants sont avant tout là pour favoriser le bon fonctionnement de l’aérodynamique et pour autoriser les pneumatiques Michelin à être exploités au mieux. Les ingénieurs Porsche vont donc devoir refaire leurs gammes ce week-end. Si la marque allemande, tenante du titre, est en ballotage favorable, rien n’est joué.
Au bon endroit, au bon moment
61 voitures engagées réparties sur les 5,729 km de la piste floridienne. Cela fait du monde… et potentiellement du grabuge. A Daytona, les neutralisations sont généralement nombreuses et les ingénieurs d’exploitation se grattent la tête pour gérer le trafic et la stratégie. Comme en Nascar, des spotters sont placés sur la tribune principale pour aider les pilotes à naviguer parmi les GT.
Pour les équipes jouant la gagne, il s’agit souvent de rester (ou de revenir) dans le tour du leader jusqu’à la dernière intervention de la voiture de sécurité. Puis de remporter le sprint final… Tel fut le cas l’an dernier : l’incendie d’une Lexus entraîna une sortie de la voiture safety car à moins de 60 minutes de l’arrivée. Une fois le drapeau vert présenté, la Porsche n°7 et la Cadillac n°31 se disputèrent la victoire : Felipe Nasr s’imposa face à Tom Blomqvist, avec deux secondes d’écart à peine sous le damier.
De nouvelles alliances
Il y a la marque et il y a l’équipe d’exploitation. L’intersaison a vu un jeu de chaises musicales. Cadillac confie désormais deux de ses V-Series.R à l’écurie Wayne Taylor Racing, jusqu’ici affiliée à Acura. Mécanos et ingénieurs doivent donc se faire la main sur la sonore GTP. Même chose pour les pilotes : Felipe Albuquerque ou Ricky Taylor, piliers de l’équipe, découvrent la Caddy. Son big block atmosphérique de 5,5-litres est bien différent du « petit mais costaud » bloc nippon.
De son côté, Acura confie de nouveau ses ARX-06 à l’équipe Meyer Shank Racing. L’équipe américaine avait triomphé en 2023 avant d’être disqualifiée plus d’un mois après l’arrivée. MSR avait fait une pause d’un an en IMSA… Le véloce Tom Blomqvist est de retour au volant. Il pourrait être l’un des animateurs de cette édition.
Enfin, Lamborghini s’est séparé du team ‘Iron Lynx pour engager sa SC63 sous ses propres couleurs vertes blanches et rouges. Un projet désormais « usine » mais qui ne devrait jouer que le rôle d’outsider ce week-end… L’engin ne participera qu’aux manches de la Michelin Endurance Cup et une seule voiture est alignée.
Le top 5 des qualifications
1 – BMW n°24 : Vanthoor, Magnussen, Marciello, Eng
2 – Acura n°93 : Ohta, Palou, Yelloly, Van der Zande
3 – Porsche n°7 : Vanthoor, Tandy, Nasr
4 – Cadillac n°31 : Bamber, Drugovich, Vesti, Aitkens
5 – Porsche n°85 : Aron, Wehrlein, Bruni, van der Helm
* Comme en championnat du monde d’endurance (WEC), les voitures engagées dans la catégorie GTP en IMSA sont soumises à une homologation rigoureuse des organisateurs. Pour opérer des modifications portant sur la performance, les équipes doivent préalablement en informer les autorités sportives. Ils dépensent alors un « joker evo ». Et leur nombre est limité sur la période d’homologation de la voiture.
Qu’est-ce que la Michelin Endurance Cup ?
Le championnat IMSA – qui démarre ce week-end – mélange épreuves courtes (100 ou 160 minutes) et longues (jusqu’à 24 heures). Les cinq épreuves majeures de la saison sont regroupées au sein de la Michelin Endurance Cup, donnant lieu à un classement spécifique :
Le programme 2025 :
24 Heures de Daytona : 25-26 janvier
12 Heures de Sebring : 15 mars
6 Heures de Watkins Glen : 22 juin
6 Heures d’Indianapolis : 21 septembre
Petit Le Mans : 11 octobre
Merci pour cette alléchante mise en bouche.
Je prends beaucoup de plaisir à suivre l’IMSA GTP et les 24H de Daytona.
Vive la Michelin Endurance Cup !
Des infos sur Acura en WEC ?