Cars Story #8 : Le Toyota RAV4, un précurseur « Fun »

Toyota Rav4

Vous n’aimez pas le Toyota Rav4, le Peugeot 3008, le Nissan Qashqai et autres SUV ? Alors vous allez adorer détester notre sujet du jour ! Nous allons tout simplement vous raconter l’histoire du précurseur de cette catégorie qui domine outrageusement le marché de l’automobile actuel.

Un concept-car Rav4 pour le Fun

En 1989, le Recreational Active Vehicle with 4-wheels Drive était un concept car original
En 1989, Toyota a présenté un concept-car original : le Recreational Active Vehicle with 4-wheels Drive – (C) Toyota

Tout a débuté en 1989 à l’occasion du salon de l’Automobile de Tokyo durant lequel le premier constructeur japonais a présenté un concept assez « fun ». Baptisé Recreational Active Vehicle with 4-wheels Drive, ce véhicule de loisirs aurait pu être remisé dans la boîte à souvenir mais les réactions favorables du public et de la presse ont changé la donne. L’arrivée du Suzuki Vitara, à savoir un tout-terrain de taille compacte, a sans doute également pesé dans la balance.

Si certains décideurs de Toyota ont flairé le bon coup, le projet ne faisait pas pour autant l’unanimité. Ainsi, il a fallu attendre mars 1991, pour que les études de la version de série soient lancées. Les designers sont repartis d’une feuille blanche ou presque. Le design de la version finale s’est éloigné de celui du prototype qui avait fait mouche à Tokyo. Comme souvent chez Toyota, la version commerciale, devait plaire aux quatre coins du globe et être donc bien plus sage et consensuelle que le concept initial. Pour autant, une fois n’est pas coutume chez le constructeur japonais, on n’est pas tombé sur les lignes austères et insipides du reste de la gamme. La nouvelle Toy’ devait pouvoir compter sur son sex appeal pour séduire les jeunes cadres dynamiques !

Le Toyota Fun Cruiser ouvre la voie aux SUV

Le Fun Cruiser hors route
Le Toyota Rav4 a débuté sa carrière sous l’appellation « Fun Cruiser » – (C) Toyota

Sur le plan technique, les ingénieurs de la marque ont innové tout en adoptant des solutions techniques éprouvées ! Le châssis ? Celui de la Corolla faisait parfaitement l’affaire! Le moteur ? L’utilisation du 3S-FE, à savoir un 1998cm3 coiffé d’une culasse à 16 soupapes, s’imposait. La transmission ? Elle était à 4 roues motrices ! Le vrai tour de force de Toyota a été de rassembler le meilleur de l’univers de la berline compacte et du véhicule tout terrain dans une seule voiture ! En un mot, Toyota venait d’inventer le Sport Utility Vehicle tel que nous le connaissons en Europe.

Le meilleur des deux mondes

L’habitacle était un peu austère mais il était robuste – (C) Toyota

À cette époque, les tout-terrains, avaient un châssis-échelle séparé et un pont arrière rigide. Ce cocktail se montrait redoutable dans les sentiers battus mais se montrait à la peine sur la route. Toyota a fait le pari de sortir une voiture au look « baroudeur », avec une caisse autoportante, 4 roues indépendantes, une transmission intégrale permanente et un blocage manuel du différentiel central.

Après moult péripéties en interne, le petit 4×4 urbain s’est dévoilé au salon de Tokyo en 1993. La vieille Europe a finalement dû attendre le Salon de Genève en mars 1994 afin de découvrir la nouvelle Fun Cruiser. Ce coup d’essai a été un coup de maître. Loin d’être ridicule en tout terrain, le Fun Cruiser offrait des prestations routières et des performances comparables à celles d’une compacte. Uniquement disponible en 3 portes lors de sa sortie, le petit SUV ne mesurait que 3m71. La gamme était simple et ne comprenait qu’un seul moteur à savoir le 2.0 16v de129ch qui était associé à une boîte de vitesse mécanique à 5 rapports. Une transmission automatique à convertisseur de couple, était aussi disponible en option. Elle ne comptait que 4 vitesses.

Le Fun Cruiser (re)devient le Toyota Rav4

Un Rav4 à 5 portes et châssis long a débarqué en avril 1995 – (C) Toyota

Le succès a été fulgurant tant et si bien que Toyota a dû revoir ses ambitions à la hausse en portant sa production mensuelle de 4500 à 8000 véhicules ! Il faut dire que la gamme s’est développée puisqu’un châssis long doté d’une carrosserie à 5 portes est apparu au catalogue en avril 1995. Néanmoins avant l’arrivée de cette 5 portes, Toyota a dû rebaptiser son Fun Cruiser. En effet, le SUV japonais s’était attiré les foudres de Ford qui estimait avoir les droits commerciaux sur l’appellation « Fun ». Encore heureux qu’il n’y ait jamais eu de série spéciale « Fiesta »… La firme d’Aichi n’a pas cherché midi à quatorze heures afin de rebaptiser son SUV. Il suffisait de reprendre le nom du concept-car de 1989 : Recreational Active Vehicle with 4-wheels Drive ou Toyota Rav4 pour les intimes !

Un restylage et un cabriolet pour le Toyota Rav4

Toyota Rav4 restylé
En novembre 1997, Toyota a offert une petite cure de jouvence à son Rav4 – (C) Toyota

La recette fonctionnant à merveille, le constructeur japonais s’est contenté de restyler son Rav4 en novembre 1997 en lui greffant de nouveaux feux avant et arrière et en modifiant le design des boucliers. Ces retouches ont modernisé le style sans dénaturer la personnalité du Toyota Rav4. Un très désirable cabriolet a également intégré le catalogue européen en 1998. Cette version, déjà existante au Japon se basait sur la 3 portes. Elle était assez proche de l’esprit du concept-car présenté en 1989. En réalité, il s’agissait plus d’une version découvrable, que d’un véritable cabriolet étant donné que seules les places arrière pouvaient rouler cheveux au vent.

Rouler cheveux aux vents en Rav4? C’est possible avec la version cabriolet – (C) Toyota

La suite de la carrière du premier des Toyota Rav4 a été assez calme. Le SUV japonais n’a connu aucune évolution majeure jusqu’à la fin de sa carrière. Produit à 800 000 exemplaires, le précurseur des SUV a finalement cédé sa place à un Rav4 de seconde génération. Ce dernier a repris les mêmes ingrédients que son ainé tout en se modernisant… et en adoptant un moteur diesel D4D !

Les petites histoires de la grande

Le Fun Cruiser est plutôt avare en petite histoire ! Néanmoins, nous en avons quand même 5 à partager avec vous.

Commençons par son nom. Au Japon, le SUV nippon n’a pas connu les mêmes soucis qu’en Europe. Et pour cause, Toyota l’avait directement nommé Rav4 dans son pays d’origine. L’appellation Fun Cruiser était donc spécifique à l’Europe. Elle devait à la fois donner une image jeune et dynamique au véhicule (« Fun ») tout en l’inscrivant dans la gamme 4×4 de la marque où l’on retrouvait notamment le redoutable Land Cruiser.

Dans nos contrées, le Rav4 avait – comme son nom l’indique – une transmission intégrale ! Néanmoins dans certains pays, comme aux États Unis, il a existé en traction avant. On est bien d’accord que cette version aurait dû s’appeler Rav2 ?

Arrivée en Europe en 1998, la version cabriolet n’a existé qu’en phase 2 dans nos contrées. Néanmoins, cette carrosserie est apparue avant le restylage au japon. Il est donc possible de trouver des Rav4 Cabriolet en phase 1 et… conduite à droite !

D’habitude, quand on vous raconte une histoire, on essaye de vous retracer l’ensemble des évolutions mécaniques du modèle. On ne l’a pas fait cette fois-ci et la raison est simple ! Du début à la fin de sa carrière, le Rav4 n’a quasiment pas évolué. Il n’a été disponible qu’avec un seul moteur qui était fiable et plutôt performant. En revanche, ce 2.0 16v essence de 129 ch n’était pas particulièrement sobre.

Durant les années Les GTI n’étaient plus trop à la mode. Le Rav4, notamment en châssis court et en cabriolet, était alors devenu le nouveau chouchou des jeunes cadres dynamiques.

Le Toyota Rav4 électrique

Toyota Rav4 EV - La première Rav4 électrique.
La première Toyota Rav4 a été commercialisée avec une motorisation électrique de 67ch – (C) Hatem BEN AYED

Contrairement à l’actuelle, la première génération de Rav4 n’a pas gouté aux joies de l’hybridation, cette technologie ayant été lancée en 1997 avec la première génération de Prius ! Néanmoins, il y a eu une méconnue et très confidentielle Toyota Rav4 électrique entre 1997 et 2003. Cette version de 67ch ne s’est écoulée qu’à 328 exemplaires !

(10 commentaires)

  1. Non pas vraiment la voiture du jeune cadre dynamique mais plutôt de la bourgeoise urbaine ! Il y en avait partout, et ils étaient increvables, et ils détonaient vraiment au milieu des autres voitures.
    Chez Toyota ils ne vendaient plus que ça.

  2. Toyota a copié le Suzuki Escudo (le Vitara chez nous aut’).

    D’ailleurs le Vitara 1er du nom est bien plus sympa de look à mon goût

    1. Oui et non. Le Suzuki Vitara héritait déjà de plusieurs petits 4×4 funs.
      Mais il était encore très typé tout-terrain.

      Avec son style de bagnole surélevée, le RAV4 a plus à la gent féminine urbaine qui y voyait plusieurs avantages :
      – placée haut pour « dominer la route » (comme quoi cela ne doit pas être une histoire de sexe contrairement à ce que certains croient mordicus)
      – style et couleurs funs (courant Twingo, etc.)
      – 3 portes, très pratiques pour installer les enfants à l’arrière
      – pas trop cher pour l’époque (et remplaçait avantageusement une Mini Cooper).

      Le RAV4, selon moi, c’est plus comparable au Suzuki X-90. L’erreur de Suzuki avec le X-90 qui avait le même style que le Rav4, c’est de l’avoir conçu 2 places…

      1. Je vais ajouter une petite réponse technique :).

        Il est vrai qu’il est tentant de comparer le Vitara et le Rav4 mais pour moi, se sont deux autos distinctes même si le résultat semble similaire. Le Vitara est un véritable 4×4 en réduction à qui on a voulu donner de meilleures aptitudes routières. Comme le Rav4 vous allez me dire? Oui mais non. Le Vitara repose sur un châssis échelle séparé et dispose d’un essieu arrière rigide !

        Il n’y a rien de tout ça dans le Rav4. On a un châssis avec une caisse autoportante hérité de la Toyota Corolla et des trains roulants de paisible berline avec un Mc Pherson à l’avant et surtout un bras tiré à l’arrière. Le Rav4, c’est la voiture de Monsieur tous le monde qu’on a « 4x4tisé ».

        1. Les prestations routières d’un Vitara n’avaient rien à voir avec celles d’un Rav4 : un vrai 4X4 à pont enclenchable contre un SUV AWD.
          Sous la pluie les Vitara c’était vraiment la galère.

          1. Faudra qu’on en parle un de ces jours de ce Vitara d’ailleurs :).

        1. Oui à peu de chose prêt c’est un Vitara.
          Mais Suzuki pensait qu’il fallait faire « solide » pour être crédible. Et un 4×4 solide c’est carré…..

          A l’époque la mode est passé aux véhicules « rondouillards » avant de revenir sur du carré zarbi.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *