McPhy, spécialiste de l’hydrogène, c’est l’histoire d’une belle histoire qui finit en eau de boudin : liquidation judiciaire. Sans aucune proposition de reprise, le fabricant d’électrolyseur va mettre la clef sous la porte. L’ex-prodige de la bourse de Paris disparait un peu dans l’indifférence générale. C’est pourtant crucial pour le modèle hydrogène tant vanté par certains.
Les dirigeants de McPhy n’ont pas attendu que la situation pourrisse. C’est tout à leur honneur. Début avril, la société avait sollicité la justice commerciale pour signaler des « tensions sur sa trésorerie » et donc une situation qui se compliquait. En effet, la trésorerie à fin 2024 était de 40 millions d’euros. Cela peut paraître beaucoup, néanmoins, dans le scénario le plus sombre, cela ne laissait que six mois de sursis au groupe.
Ils ont alors tenté de trouver un repreneur de tous les actifs (reprise « in bonis »). Hélas, aucun candidat ne s’est fait connaître. Pour éviter la faillite pure et simple avec pertes et fracas, McPhy a donc annoncé sa liquidation ce mercredi 14 mai après la clôture de la bourse de Paris.
Souvenez-vous, McPhy a commencé à se faire connaître en pariant sur de l’hydrogène en plaquettes. Sous forme solide et stable, l’hydrogène était associé dans une mollécule. On faisait alors le plein de ces plaquettes puis une réaction chimique permettait de récupérer l’hydrogène. Avantages selon McPhy : facilité de manutention, de logistique, rapidité du plein, stabilité dans le temps.
Mais, les rendements n’étaient pas meilleurs qu’en comprimant l’hydrogène. Déjà qu’ils ne sont pas brillants…
Le mirage de l’hydrogène vert
McPhy s’est réorienté vers la construction d’électrolyseurs. Le principe étant d’avoir des réacteurs ultra efficients (cogénération, etc.). Ces réacteurs devaient alors permettre de produire de l’hydrogène à partir d’une électricité en surnombre, propre, décarbonée. Enfin, vous connaissez la chanson.
La start up devient pépite, attire les investisseurs et fait son entrée en bourse dans le SBF 120 (deuxième grand indice derrière le CAC 40, il est composé du CAC Large 60 et du CAC Mid 60). C’est l’euphorie, tout le monde croit dans les promesses de l’hydrogène. Youpi tralala !
Hélas, trois fois hélas, McPhy connait des retards de livraisons, et les commandes ne suivent pas. Fini le SBF 120, le soufflet retombe et McPhy tente quand même de survivre. En vain, donc.
Désormais, il va falloir apurer le passif. La société a déjà prévenu que les reprises partielles d’actifs envisagées ne couvriront pas le passif social, a priori. Cela signifie donc que les actionnaires en seront pour leurs frais. La valeur résiduelle des actions devrait être nulle. Introduite en 2014 à 8,25 €, l’action avait grimpé à plus de 40 € pendant la pandémie à la Covid-19. Les promesses de transition énergétique par l’hydrogène étaient en plein boom. L’action est à moins de 0,20 € à date.
Pourquoi l’hydrogène est une coûteuse utopie ?
Le narratif de l’hydrogène dans la transition énergétique est séduisant. On utilise l’hydrogène comme vecteur d’énergie pour « stocker » l’électricité produite en trop, pour retrouver de l’électricité par la suite. Cela peut être pour les transports ou pour les énergéticiens. En effet, un producteur d’électricité voyant que sa production est trop importante pour la demande (solaire, éolien, etc.) aurait pu utiliser cet électrolyseur pour tamponner la production et stocker sous forme de H2.
C’est dans ce narratif que s’inscrivait McPhy avec des électrolyseurs industriels de différentes tailles, pour différents besoin. Il y avait même un électrolyseur dans un container pour aller « partout ». Dans sa présentation, McPhy indiquait que son électrolyse alcaline était la meilleure et que le fonctionnement sous 30 bars réduisait les besoin en compression. Pour rappel, le H2 gazeux se stocke à 350 ou 700 bars.
Mais, le H2 se heurte bêtement à la physique. C’est un gaz très peu dense, très petit. Il fuit littéralement de partout et demande donc des réservoirs très lourds comparé à un simple Jerrycan par exemple. Sa faible densité fait qu’il faut le comprimer très fort (700 bars on l’a dit) pour au final avoir peu d’énergie contenu dans le volume. Pour rappel un litre de carburant liquide c’est entre 9 et 10 kWh par litre, contre 1,6 kWh/l pour du H2 sous 700 bars.
Pire, le rendement de toute la chaîne est très mauvais. Grosso-modo, 1 kWh d’électricité à l’entrée donne 0,2 kWh à la sortie. Il y a des façon plus intelligentes et efficientes de stocker ces kWh. Surtout, pour être utilisé dans les transports, le H2 peut être brûlé dans un moteur à combustion interne « classique » adapté. Mais, les pistes les plus suivies, hélas, sont les piles à combustible. Coûteuse, demandant des métaux rares et précieux, elles ne tiennent pas non plus (encore ?) leur promesses. Il est moins coûteux au global d’utiliser l’électricité pour produire des électrocarburants liquides utilisables dans les moteurs actuels.
Et maintenant pour McPhy ?
Un liquidateur judiciaire va être nommé par le Tribunal de Commerce. Ce liquidateur va chercher à vendre au meilleur prix les actifs de McPhy. Parmi ceux-là, il y a les électrolyseurs, les brevets, les machines, etc. Est-ce qu’il y aura une société qui rachètera le tout pour se lancer à son tour dans le paris fou de l’hydrogène ? La hype est retombée, il faut bien l’avouer.
En France, on a encore Lhyfe qui continue l’aventure de l’hydrogène vert. La société vient de trouver un financement de 53 millions d’euros pour quatre sites de production. Mais c’est insuffisant et la société a lancé un financement participatif.
Et HYVIA, filiale hydrogène de Renault, il y a quelques mois.
HOPIUM, survit, et progresse techniquement.
https://www.actusnews.com/en/hopium/pr/2025/04/29/hopium-resultats-annuels-2024-en-amelioration-un-exercice-traduisant-le-nouvel-elan-strategique-de-hopium
C’est vraiment triste et dommage…
– Pour l’emploi
– Pour l’indépendance énergétique
– Pour l’écologie
En plus, c’était parfait pour le futur pour effacer le principal problème des EnR.
Cela fragilise l’économie française du futur.
Le principal responsable… Curieusement oublié dans l’article est la faiblesse du prix du baril de pétrole et donc la faiblesse des prix des carburants rendant automatiquement hors de prix les alternatives…
Vous n’avez pas dû lire tout l’article: C’est une chimère fuyarde encore pire qu’une Tesla en mode sentinelle fumant 10% de capacité/j à l’arrêt, stockant trop peu au litre chèrement compressé, avec au final des carburants synthétiques moins chers.
C’est ceux qui persistent là dedans qui se vautrent tous les uns après les autres…
Si vous êtres certain du contraire, mettez donc votre pognon dans le financement participatif de celui qui vogue encore vers l’iceberg! Pour rire…
Indirectement en rapport…
Les Experts : Normes CO2, les règles assouplies – 12/05
https://www.bfmtv.com/economie/replay-emissions/les-experts/les-experts-normes-co2-les-regles-assouplies-12-05_VN-202505120269.html
Plusieurs petites choses.
– La combustion de l’hydrogene dans un moteur à combustion interne pollue parce que la combustion n’est pas parfaite, et oxyde notament l’azote de l’air produisant des NOx. Le rendement énergétique n’est pas formidable non plus. C’est pour ça qu’on privilégie une cycle hydrogène vers pile à combustible, qui à le bon gout de ne pas polluer, et d’avoir un rendement énergétique meilleur.
– L’hydrogène n’a pas beaucoup d’intérêt dans les pays ou le réseau électrique est développé, et pour les véhicule qui peuvent facilement se connecter au réseau. En gros l’immense majorité des véhicule terrestre dans les pays un peu développés.
– Reste le marché de niche qu’est l’aviation, à supposer qu’on est encore le droit de prendre l’avion. L’autre marché de niche ce sont les trains sur les lignes qui ne seraient pas électrifiées. Concernant le naval à priori le cout de l’hydrogene est bien trop conséquent pour que ce soit une solution, on risque de préféré les carburant de synthèse, avec un gros étage de dépollution derrière.
– Concernant le stockage de l’électricité comme « tampon » hydrogène est une solution particulièrement couteuse. La aussi ont préférera probablement produire des électro carburant, utilisable là ou les batteries ne peuvent pas être suffisante. Les électro carburant sont sensé polluer moins, et ont des certificats d’émission de CO2, en gros il sont produit par capture atmosphérique ou industrielle de CO2 qui est reformé pour faire un carburant de synthèse particulièrement « pas trop crade ». L’idée ce sont des carburants qui ne chauffe pas trop par exemple – comme l’éthanol – pour ne pas trop réagir avec l’azote de l’air.
– Concernant le stockage, le dihydrogène est la plus petite molécule gazeuse sur terre et de très très loin. C’est beaucoup plus petit que l’hélium. Les membranes sensé faire l’étanchéité de réservoir sont en faite des grillages très fins constitué de plusieurs couche. On a déjà un mal de chien à faire des membrane pour le gaz naturel, c’est encore pire pour l’hélium des dirigeable, pour le dihydrogène c’est un vraie pure. Et pour l’hydrogene liquide il faut le maintenir sous -252.78 C°. Alors que le gaz naturelle liquéfié c’est seulement -160°C … En gros ca fuit de partout – c’est pas tres grave si on arrive à valorisé les gaz qui fuit comme dans les navire qui transporte du gaz, dont les fuite alimente le moteur – et ca coute très cher à conditionner – que ce soit par compression, 700bar soit seulement 45kg/m3 ou par cryogénisation, donc liquide 71kg/m3 -. Résultat les kg d’hydrogène à stocker prenne de la place et le contenant est lourd. Certes l’hydrogene propose 3 fois plus d’énergie pour la masse masse que l’essence, et le rendement d’un PAC et double d’un moteur à combustion. 5 kg d’hydrogène risque de ne pas suffire à concurrencer 60L d’essence synthétique.
Excellent exposé @Plouf le canard
Néanmoins : « – Reste le marché de niche qu’est l’aviation, à supposer qu’on est encore le droit de prendre l’avion. » ???
Le H2 sera obligatoire en masse d’ici 2040 …. L’aviation civile double tous les 20 ans depuis 1945 !
Pour être prêt en 2040, il faut se préparer industriellement 10 années avant !
Il ne faut pas oublier la décarbonisation et la souveraineté énergétique.
« – Concernant le stockage de l’électricité comme « tampon » hydrogène est une solution particulièrement couteuse. »
2 jours de panne d’électricité en Espagne auraient coûté 1,6 milliard d’euros, soit 0,1 % du PIB !???