Les entreprises chinoises de conduite autonome misent sur l’Europe

Les géants chinois de la conduite autonome accélèrent leur expansion en Europe, profitant d’un cadre plus ouvert qu’aux États-Unis.

Offensive technologique : la Chine trace sa route autonome en Europe

Face à un marché américain devenu quasi inaccessible en raison de préoccupations sécuritaires et de restrictions politiques, les entreprises chinoises de conduite autonome réorientent leur stratégie vers l’Europe. Des sociétés comme QCraft, Momenta, DeepRoute.ai ou encore WeRide prennent d’assaut le Vieux Continent, cherchant à s’y implanter durablement à travers des essais, des partenariats et l’établissement de nouveaux sièges.

Alors que la Chine représente déjà le plus grand marché automobile au monde, avec plus de 60 % des véhicules vendus en 2024 équipés de technologies de niveau 2 — c’est-à-dire une conduite assistée dans certaines conditions —, Pékin ambitionne désormais de dominer le marché mondial des véhicules autonomes. Cette volonté stratégique s’appuie sur un fort soutien politique national et une feuille de route réglementaire claire.

Les entreprises chinoises trouvent en Europe un terrain plus hospitalier pour cette expansion, bien que le cadre réglementaire y reste morcelé. En comparaison, le marché américain est perçu comme verrouillé, notamment depuis que l’administration Biden a restreint l’accès des entreprises chinoises aux technologies connectées. Cela rend l’Europe encore plus attractive pour les acteurs de la tech automobile chinoise. « L’Europe est le seul marché où ils peuvent venir », résume Tu Le, fondateur de Sino Auto Insights.

Sièges, tests, partenariats : une stratégie d’implantation accélérée

La percée des acteurs chinois de la conduite autonome ne se limite pas à une présence symbolique sur les salons automobiles. Elle prend la forme d’initiatives concrètes. QCraft, par exemple, a annoncé l’ouverture prochaine d’un siège européen à Munich. L’entreprise, déjà présente dans 26 villes chinoises avec ses bus autonomes de niveau 4, envisage de commercialiser sa technologie en Europe d’ici deux ans.

Momenta, autre poids lourd du secteur, a noué des partenariats stratégiques avec des géants de l’automobile comme Toyota, General Motors et Mercedes-Benz. En Chine, elle fournira une technologie de conduite autonome pour la Mercedes CLA électrique, tandis qu’en Europe, des essais sont prévus dès 2025 en Allemagne, en collaboration avec Uber. Munich, berceau de BMW et épicentre de l’innovation automobile allemande, servira de point de départ à ces tests grandeur nature.

DeepRoute.ai, également positionnée sur le niveau 4 de la conduite autonome, prévoit la création d’un centre de données européen, dès que ses accords en cours avec des constructeurs automobiles européens et chinois seront finalisés. À terme, cette structure servira de base pour l’analyse et la gestion des données générées par ses systèmes de conduite.

Cette dynamique est soutenue par la participation remarquée de ces entreprises aux grands rendez-vous européens de l’automobile. Lors du dernier salon de Munich, Momenta, QCraft, Horizon Robotics et DeepRoute.ai ont partagé la scène avec les constructeurs de véhicules électriques chinois, affichant ouvertement leur ambition de conquérir le marché européen à travers une offre technologique à la fois compétitive et abordable.

Réactions contrastées en Europe face à cette concurrence chinoise

L’arrivée massive des entreprises chinoises sur le marché européen de la conduite autonome suscite des réactions contrastées. D’un côté, certains acteurs locaux, à l’image de Jim Hutchinson, PDG de la start-up britannique Fusion Processing, appellent à un renforcement des réglementations et à davantage de surveillance. Hutchinson évoque des enjeux de sécurité nationale, mais aussi la nécessité d’une « concurrence équitable » pour les entreprises européennes.

De l’autre côté, certains acteurs estiment que cette concurrence chinoise pourrait servir d’aiguillon à une industrie européenne encore en retard. Le PDG de la start-up Wayve, Alex Kendall, affirme que l’arrivée des entreprises chinoises contribuera à stimuler l’innovation en Europe. Pour lui, le marché est encore loin de la saturation et dispose de marges de progression importantes. « Même si tu es dans une partie du monde, il y a des hectares d’espace pour grandir », déclare-t-il.

Mais les obstacles réglementaires subsistent. Aujourd’hui, la plupart des pays européens n’autorisent que les systèmes de niveau 2, qui imposent une vigilance constante du conducteur. Le niveau 3, qui permet au conducteur de détourner les yeux de la route dans certaines conditions, n’en est qu’à ses débuts. L’Allemagne et la Grande-Bretagne font partie des rares pays à autoriser certains essais publics sur route.

La Commission européenne s’efforce de simplifier ce cadre juridique fragmenté pour favoriser l’innovation tout en maintenant un haut niveau de sécurité. La présidente Ursula von der Leyen a d’ailleurs appelé à une initiative paneuropéenne sur les véhicules autonomes, affirmant qu’ils sont déjà une réalité aux États-Unis et en Chine, et qu’il est urgent que l’Europe se positionne également.

Dans ce contexte, des entreprises européennes comme la start-up berlinoise Vay mènent leurs propres expérimentations. Elle teste actuellement des robotaxis et des bus autonomes en Allemagne, tout en exploitant un service de location à distance à Las Vegas. Son cofondateur, Fabrizio Scelsi, plaide pour un soutien gouvernemental accru envers les acteurs locaux, tout en reconnaissant l’apport des innovations étrangères. Selon lui, la compétition obligera les entreprises européennes à « affiner très rapidement leurs stratégies ».

Notre avis, par leblogauto.com

L’arrivée massive des entreprises chinoises de conduite autonome en Europe marque un tournant stratégique dans la transformation de la mobilité mondiale. Cette expansion répond à un verrouillage du marché américain et exploite la fragmentation réglementaire européenne. La Chine exporte non seulement ses voitures, mais désormais ses technologies avancées. L’Europe devra accélérer sa réponse pour ne pas rester spectatrice dans la course à l’autonomie.

Crédit illustration : Qcraft.

Un commentaire

  1. Toujours la même question :
    Y a-t-il un marché en Europe pour la voiture Autonome !?
    Pour le moment, j’en doute fort, mais je peux me tromper.
    C’est pour remplacer les chauffeurs de taxis et de VTC… Pour faire encore plus de chômeurs ?
    A part pour les déplacements sanitaires qui nous coûte des milliards… Où est l’intérêt ?

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