Grand prix de France historique 2025 : plateau royal, succès populaire

Grand prix de France historique 2025

La France ne figure plus au calendrier du championnat du monde de Formule 1 depuis 2023, mais le grand prix historique ne cesse de monter en puissance et comble largement un public toujours plus nombreux, qui a franchi la barre des 90.000 spectateurs cette année. Beaucoup de jeunes étaient présents, et on ne peut que se réjouir de voir la passion traverser les générations. Il faut dire que l’organisation a mis les petits plats dans les grands, avec un programme très riche (Masters Groupe C, Formule 2, Formule 3, Formule 1 d’avant 85, roulages de monoplaces des années 1990-2010) et un superbe plateau de pilotes et d’invités prestigieux.

Les protos s’invitent parmi les monoplaces

Dans la catégorie Groupe C, qui peut paraître étonnante mais qui rappelle la riche histoire du Paul Ricard en Endurance, nous pouvions admirer l’ancien pilote Benetton et Williams Thierry Boutsen, engagé sur une splendide Lancia LC2 Martini Racing, Zack Brown (team principal de McLaren) sur une Jaguar XJR-9, l’ancien vainqueur du Mans Marcel Fässler sur une Porsche 962C ou encore l’ancien pilote Red Bull Daniil Kvyat sur une Spice 089, tandis que la voix de la F1 de Canal +, Julien Fébreau (sur de nombreux fronts et très actif !) partagait le cockpit d’une Rondeau M382 avec l’humoriste belge Stéphane de Groodt. Les deux courses ont été remportées par la Porsche de Marcel Fässler, qui partageait le volant de l’Allemande avec Gérard Lopez, l’ancien patron de Lotus F1.

Formula Jeannot

L’attraction majeure, pour une grande partie des fans, fut la séance de roulage « fast and famous », dans laquelle le public a pu revoir des légendes de la Formule 1 reprendre le volant de voitures mythiques. Jean Alesi, en tant que président du circuit, a été au centre de l’attention et a donné de sa personne. L’investissement de l’avignonnais et ses contacts dans le monde de la Formue 1 ont indéniablement apporté un énorme coup de boost au grand prix de France historique.

Jean d’Avignon a enchaîné les roulages, pilotant une Ferrari 312 de 1969 mais surtout la Reynard-Mugen avec laquelle il fut champion de F3000 en 1989 et la Tyrrell 018 qui lui permit d’effectuer ses débuts en Formule 1, ici même, en 1989. Voir l’ancien pilote Ferrari remonter dans sa première monture, enfiler ses gants, son casque et refaire les mêmes gestes iconiques était quelque chose d’exceptionnel.

Deux autres anciennes « rossa » de Jean étaient présentes : la Ferrari 412T1 de 1994 et la Ferrari F92A de 1992. Dommage, la 412T2 de 1995, dernière F1 V12 de l’histoire avec laquelle Alesi avait triomphé au Canada, était annoncée mais n’a pas pu être alignée. Les fans de Ferrari pouvaient néanmoins se réjouir de revoir en piste la F2008 ex-Raikkonen, dernière monoplace du cheval cabré à avoir ramené un titre mondial à la Scuderia…

Tels pères, tels fils !

Au nom des pères ! La filiation était un fil rouge de cette édition, ravivant de nombreuses émotions. Alors qu’Alain Prost reprenait le volant le samedi de la McLaren-TAG Porsche MP4/3 de 1987 (pas la meilleure de la lignée, mais celle avec laquelle il avait battu à cette époque le record de victoires en F1 de Stewart), son fils Nicolas s’emparait de la Renault Turbo RE40 de 1983.

Jacques Villeneuve était au volant de la Ferrari 312T5 (là aussi, pas la meilleure, mais la première Ferrari Turbo !) de son père Gilles, Adrien Tambay se glissait dans le cokpit de la McLaren M26 de son père Patrick, tandis que Victor Jabouille prenait en mains la Renault RS10 avec laquelle son père Jean-Pierre Jabouille avait imposé pour la première fois le turbo, à Dijon, en 1979. Mais ce n’est pas tout ! Philippe Alliot (Lola LC87), René Arnoux (Renault Turbo RE40) mais aussi David Coulthard et Mark Webber (Jaguar R5) ont parachevé le spectacle. Stefan Johansson a repris aussi le volant de la McLaren Porsche MP4/3 et ça pousse encore très fort dans la ligne droite ! J’oubliais aussi, une superbe Ferrari 312T ex-Niki Lauda est venue compéter la fête.

Cerise sur le gâteau, le grand prix de France Historique a reçu samedi, en invité de marque, Charles Leclerc, qui a évidemment draîné une foule impressionnante sur le circuit. Le monégasque a paradé en compagnie de Jean Alesi au volant d’une somptueuse Ferrari 330P4 puis a donné le départ de la première course du plateau des F1 Pré-1985, où l’on pouvait applaudir un autre grand champion, le multiple vainqueur du Mans André Lotterer, qui courait sur Hesketh. Dans le sillage de Charles Leclerc, le directeur de la Scuderia, Frédéric Vasseur, avait également fait le déplacement.

Renault à l’honneur, en guise d’adieu

L’édition 2025 fut aussi l’occasion de célébrer l’épopée de Renault en Formule 1. La commémoration avait évidemment un goût particulier cette année, puisque nous savons tous que l’aventure Renault en F1 prendra fin à l’issue de la saison actuelle. Alpine bascule en 2026 sur un moteur Mercedes, mettant ainsi fin à une histoire technologique d’un demi-siècle. D’anciens ingénieurs de Renault étaient de la partie, et on ne pouvait ignorer le pincement au coeur que suscitait cette tournée d’adieu (ou d’au-revoir, espérons…)

Pour marquer le coup, le paddock accueillait un très beau showroom où toutes les monoplaces marquantes de l’épopée Renault étaient réunies, dont toutes celles ayant permis au losange de décrocher le titre : l’Alpine A500 noire « laboratoire » qui a étrenné le V6 1500cc turbo, la RS01 « Yellow tea pot » de 1977, la pionnière RS10 de 1979, les Renault des années 80 mais aussi les Williams-Renault FW14 (1992, Mansell), FW15C (Prost, 1993), FW17 (Hill, 1996) et FW18 (Villeneuve, 1997) championnes du monde, ainsi que la Benetton B195 de Michael Schumacher et la Renault R25 de Fernando Alonso, championne en 2005. En bonus étaient exposés le Renault Espace F1, des casques, des moteurs ainsi qu’une belle collection de Renault R5 Maxi Turbo.

Le V10 ne revient pas en 2026 ? Pas grave, on a les anciennes !

La célébration de Renault ne s’est pas faite uniquement dans le paddock mais aussi en piste. Outre les roulages mentionnés plus haut avec René Arnoux et Victor Jabouille, Franck Montagny a repris le volant de la Renault R25 V10, une monoplace pour laquelle il réalisa énormément d’essais comme pilote essayeur. Le V10 atmosphérique a résonné sur le Paul Ricard et donné des frissons, même si des ennuis nous ont privé d’un ultime roulage le dimanche après-midi. C’est bien la raison d’être du Grand Prix de France historique : un plongeon dans un passé héroïque et révolu, transmettant des sensations que l’on ne peut retrouver avec le sport automobile moderne.

Nous attendons déjà avec impatience l’édition 2026. On se demande bien comment l’évènement peut aller encore plus haut. Nous fêterons alors les 40 ans du second titre mondial d’Alain Prost, une petite idée, comme ça.

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