Les ouvriers de GM au Mexique votent pour un syndicat indépendant. Un tournant pour les droits des travailleurs de l’automobile.
Les travailleurs de GM prêts à choisir leur syndicat
Les 6 500 employés de l’usine General Motors (GM) à San Luis Potosí, dans le centre du Mexique, s’apprêtent à franchir une étape décisive : élire un nouveau syndicat pour les représenter. Ce scrutin marque un moment crucial pour les droits des travailleurs dans l’industrie automobile mexicaine, alors que les syndicats indépendants gagnent du terrain sur les structures syndicales traditionnelles longtemps influencées par le gouvernement et les entreprises.
Une usine sans représentation depuis 2023
Depuis 2023, ces travailleurs sont sans représentation syndicale officielle. L’ancien syndicat, qui était affilié à la puissante Confédération des travailleurs du Mexique (CTM), n’a pas réussi à se conformer aux nouvelles exigences de certification imposées par l’accord commercial nord-américain USMCA (ou ACEUM en français). Cette défaillance a conduit à son remplacement par un conseil interne dirigé par GM, laissant les employés sans véritable défense syndicale indépendante.
Un vote stratégique entre deux syndicats
L’élection syndicale, prévue du 25 au 27 juin, verra s’affronter deux syndicats : le SINTTIA, un syndicat indépendant né des réformes du travail de 2019, et un syndicat rival dirigé par Carlos Leal. Le scrutin débute le 25 juin à 5 heures du matin, heure locale. Cette élection s’inscrit dans un contexte plus large de montée des tensions ouvrières au Mexique, alors que le pays se prépare à une révision majeure de l’ACEUM en 2026.
La CTM et la stagnation salariale dénoncées
Le paysage syndical mexicain est en pleine mutation. Pendant des décennies, l’industrie automobile du pays a été dominée par la CTM, accusée de privilégier ses propres intérêts plutôt que ceux des travailleurs. Nombreux sont ceux qui dénoncent ses pratiques, comme la collecte passive de cotisations syndicales et le maintien de contrats collectifs sans véritable pouvoir de négociation pour les salariés. Résultat : des salaires stagnants et des conditions de travail peu évolutives.
SINTTIA, fruit des réformes et moteur du changement
Face à cela, les syndicats indépendants, soutenus par les réformes du travail introduites sous le gouvernement du parti Morena en 2019, commencent à s’imposer comme une alternative crédible et dynamique. Le SINTTIA (Sindicato Independiente Nacional de Trabajadores y Trabajadoras de la Industria Automotriz) illustre cette nouvelle vague syndicale. Né dans ce contexte de changement, le SINTTIA a gagné en notoriété après sa victoire marquante en 2022 contre la CTM à l’usine GM de Silao, dans l’État de Guanajuato.
Une victoire historique à Silao en 2022
Ce succès a permis au SINTTIA d’ouvrir une nouvelle ère pour les travailleurs mexicains : en mars 2025, il a négocié une augmentation salariale significative de 10,22 % pour les salariés de l’usine de Silao. Cette réussite est perçue comme un symbole de la capacité réelle des syndicats indépendants à améliorer les conditions de travail.
Un scrutin décisif pour l’avenir syndical au Mexique
Le scrutin de San Luis Potosí est donc perçu comme un test décisif pour l’avenir de la représentation syndicale au Mexique. Une victoire du SINTTIA renforcerait davantage le mouvement vers des syndicats autonomes, sans emprise de l’État ou de l’entreprise. Ce changement pourrait également servir d’exemple à d’autres secteurs industriels du pays.
Notre avis par leblogauto.com
En conclusion, alors que les regards sont tournés vers cette usine GM, l’issue de ce vote pourrait bien redéfinir les équilibres syndicaux au Mexique, ouvrant la voie à une représentation plus démocratique, transparente et centrée sur les droits fondamentaux des travailleurs.
Source : Bloomberg.
Crédit illustration : GM.