Corée du Sud : Un plan automobile de 3 000 milliards

Crédit photo : Reuterpix.

La Corée du Sud lance un plan automobile et débloque 3 000 Mds de wons pour protéger son industrie auto des taxes US imposées par Donald Trump. Ce secteur est primordial voire vital aux yeux de Séoul qui met la main à la poche pour le soutenir.

La Corée du Sud a récemment annoncé un plan de soutien massif à son industrie automobile, secouée, comme beaucoup d’autres pays du monde, par l’entrée en vigueur de nouveaux droits de douane américains.

Face à la menace économique posée par la politique protectionniste agressive du président Donald Trump, Séoul débloque un fonds d’urgence de 3 000 milliards de wons, soit environ 1,85 milliard d’euros. L’objectif est de soutenir ses constructeurs automobiles nationaux et de limiter les conséquences sur les exportations.

Ce programme ambitieux, qui s’inscrit dans une stratégie économique nationale, vise à renforcer la compétitivité de l’un des secteurs les plus stratégiques du pays. L’industrie automobile représente une part significative des exportations sud-coréennes, et toute perturbation dans ce secteur pourrait avoir des effets en cascade sur l’ensemble de l’économie.

Une réponse directe aux taxes douanières de Trump

Le président américain Donald Trump a récemment mis en place une taxe de 25 % sur toutes les importations de voitures aux États-Unis. Cette décision, qui s’inscrit dans une série de mesures protectionnistes, a suscité l’inquiétude des grandes puissances exportatrices d’automobiles, dont la Corée du Sud. Pour cette dernière, le choc est particulièrement rude : les États-Unis représentent près de 50 % des exportations de véhicules sud-coréens, évaluées à 70,8 milliards de dollars en 2024.

Selon les autorités coréennes, ces nouveaux droits de douane pourraient avoir un impact significatif sur les constructeurs nationaux, en particulier Hyundai Motor Co. et sa filiale Kia Corp. Le gouvernement sud-coréen affirme qu’il s’agit d’une « véritable menace » pour l’économie nationale.

Un plan de financement structuré autour de plusieurs axes

Pour faire face à cette situation critique, le gouvernement a élaboré un plan d’aide à plusieurs niveaux. L’objectif est de garantir un accès accru au financement à faible coût pour les entreprises du secteur, notamment les constructeurs, les sous-traitants et les fabricants de pièces détachées.

  • Le montant total du financement accessible à l’industrie est porté à 15 000 milliards de wons, soit une augmentation de 15 %.
  • Hyundai et Kia collaboreront avec des institutions financières et des fonds de garantie de crédit pour former un programme de financement de 1 000 milliards de wons. Ce fonds vise à faciliter l’émission d’obligations et les prêts nécessaires à la survie des fournisseurs.
  • Le gouvernement prolonge également les subventions à l’achat de véhicules électriques (VE) jusqu’à la fin de l’année, afin de stimuler la demande intérieure et maintenir l’élan dans un secteur en pleine transition vers l’électrification.
  • La technologie de conduite autonome est désormais classée comme une technologie stratégique nationale, ce qui ouvre la voie à des incitations fiscales supplémentaires pour les entreprises qui y investissent.

Ainsi, le plan repose sur deux piliers au moins que sont le financement garanti et des incitations fiscales sur certaines technologies.

Un contexte commercial et géopolitique tendu

Les tensions commerciales entre les États-Unis et plusieurs de leurs partenaires économiques ne cessent de croître. La Corée du Sud, pourtant alliée historique de Washington, n’échappe pas à cette logique de taxation croissante. En plus de la taxe de 25 % sur les automobiles, elle subit également des droits similaires sur l’acier et l’aluminium.

D’après une analyse de Bloomberg Economics, ces mesures pourraient faire chuter de 50 % les exportations sud-coréennes vers les États-Unis. Cela représenterait une perte de 2,5 % du PIB coréen, un coup dur pour une économie déjà fragilisée par le ralentissement mondial et les incertitudes géopolitiques.

Sur l’ensemble de la chaîne

La Corée du Sud est le troisième plus grand exportateur de véhicules vers les États-Unis, derrière le Mexique et le Japon. Selon Bloomberg Intelligence, les droits de douane imposés par les États-Unis pourraient réduire la croissance du PIB sud-coréen.

Par ailleurs, le secteur automobile n’est pas isolé : il entraîne avec lui toute une chaîne, des équipementiers aux sous-traitants, en passant par la logistique et les services. C’est pourquoi le gouvernement sud-coréen agit rapidement pour éviter une contagion à d’autres secteurs de l’économie.

Un investissement massif aux États-Unis malgré tout

Ironiquement, malgré ces tensions tarifaires, Hyundai a récemment annoncé un investissement record de 21 milliards de dollars aux États-Unis sur les quatre prochaines années. Ce geste, salué par Donald Trump, montre que les entreprises sud-coréennes souhaitent maintenir leur présence sur le marché américain, tout en cherchant à s’adapter aux nouvelles règles du jeu commercial.

Mais cet investissement n’a pas suffi à protéger la Corée du Sud des effets de la campagne protectionniste américaine. Le gouvernement de Séoul prend donc les devants en injectant massivement des fonds pour défendre ses intérêts économiques stratégiques.

Une vision à long terme : l’innovation technologique comme planche de salut

Face à une mondialisation en mutation, la Corée du Sud ne se contente pas de réagir aux crises à court terme. Le pays voit dans cette turbulence une opportunité d’accélérer la transition vers les technologies du futur, notamment les véhicules électriques et autonomes.

En déclarant la conduite autonome comme technologie stratégique nationale, le gouvernement montre sa volonté de positionner la Corée du Sud comme leader dans les innovations automobiles de demain. Ce positionnement pourrait permettre au pays de diversifier ses marchés d’exportation, réduire sa dépendance aux États-Unis et anticiper les prochaines évolutions du marché mondial.

Notre avis par leblogauto.com

La réponse de la Corée du Sud à la pression tarifaire américaine est à la fois forte, structurée et tournée vers l’avenir. Le plan de soutien de 3 000 milliards de wons à l’industrie automobile montre que Séoul ne se laisse pas intimider, mais agit pour préserver son industrie, ses emplois et sa croissance. C’est que le secteur pèse son poids.

Ce mouvement stratégique renforce également la résilience du pays face aux incertitudes économiques mondiales. En soutenant à la fois les grandes entreprises et les PME du secteur, en prolongeant les incitations à l’achat de VE et en misant sur la technologie autonome, la Corée du Sud montre qu’elle est prête à négocier le virage du futur avec détermination.

(4 commentaires)

  1. Séoul ne se laisse pas intimider…: ben en fait si! Le pays va s’endetter encore plus et ne répond pas aux taxes US par d’autres taxes, car les USA sont leur grand ami militaire et il ne peut rien faire contre lui….

    1. tout à fait, ils répondent par une subvention à leur constructeur, pas de mesures contre les etats unis

    2. @Jdg
      Je ne suis pas très étonné.
      Ça me rappelle la compétition pour un nouvel avion de combat en 2002.
      La Corée du sud avait choisi l’avion F-15K de Boeing, au détriment du Rafale français…
      Alors que les militaires et pilotes coréens avaient une nette préférence pour le Rafale.
      Mais pour avoir le parapluie US… Ils n’avaient pas le choix !

  2. Vous vous rendez compte… D’abord la Chine, puis la Corée voire le Japon… Tous ces monstres industriels qui produisent manifestement déjà trop !? … La moitié des usines de Chine ne seraient chargées qu’a 50 % ?

    Le marché des États-Unis est presque fermé… Ils font nous envoyer par millions de voitures à des tarifs hors concurrence… Avec que 37 % de taxes, l’UE est paradoxalement grande ouverte !

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