Audi Q5 aux USA : la « triple peine » douanière qui ébranle l’industrie automobile et le best seller Audi aux USA


Audi subit une triple peine douanière sur son Q5 fabriqué au Mexique. C’est l’exemple parfait des bouleversements causés par la politique commerciale de Trump et son côté chamboule-tout.

Le Q5 d’Audi, modèle le plus vendu de la marque allemande aux États-Unis (42 710 unités au T1 2025), incarne les tensions géopolitiques actuelles et les répercussions économiques de la politique commerciale de Donald Trump. Le SUV premium aux anneaux est produit au Mexique, dans l’usine de San José Chapia dans l’état de Puebla.

Il est aujourd’hui au cœur d’un casse-tête tarifaire qui reflète les profonds bouleversements du commerce automobile mondial. A l’époque, justifiant le choix du Mexique pour accueillir sa première usine en Amérique du Nord, le constructeur allemand expliquait cette décision par des coûts compétitifs, les accords de libre-échange en vigueur, son positionnement pour les exportations, la qualité des fournisseurs, etc. C’était une petite révolution car le Q5 était assemblé auparavant à Ingolstadt en Bavière, symbole de la qualité allemande.

Le million

Depuis des années, les grands constructeurs automobiles mondiaux, dont Volkswagen, maison mère d’Audi, ont organisé leur production en s’appuyant sur une mondialisation des chaînes d’approvisionnement. Le Mexique, avec ses coûts de main-d’œuvre attractifs et ses nombreux accords de libre-échange, s’est imposé comme un pôle stratégique. Surtout que si la main-d’oeuvre est moins chère au Mexique, elle n’en est pas moins qualifiée.

L’usine Audi de San José Chiapa, opérationnelle depuis 2016, illustre parfaitement cette stratégie. Elle a permis à Audi de répondre efficacement à la demande nord-américaine tout en compensant une baisse des ventes en Chine. Un autre chiffre ? Un million de Q5 sont sortis de l’usine mexicaine depuis 2016.

Mais cette logique d’optimisation se heurte désormais à un mur protectionniste : celui des droits de douane imposés par Donald Trump.

La triple peine douanière : un cumul dévastateur

Audi se retrouve confrontée à trois barrières tarifaires majeures pour son Q5 fabriqué au Mexique :

  1. Un droit de douane de 25 % sur les véhicules importés et leurs pièces non américaines.
  2. Un second droit de 25 % imposé spécifiquement sur les importations mexicaines pour des raisons sécuritaires à la frontière.
  3. Une taxe de 2,5 % due au non-respect des critères du nouvel accord USMCA (ancien ALENA), renégocié par Trump.

Ces taxes cumulées atteignent 52,5 % du prix du véhicule, soit plus de la moitié de son prix d’origine. Résultat : le Q5 devient quasiment invendable sur le marché américain, selon des sources proches du dossier.

Une stratégie mondialisée devenue vulnérable

L’organisation actuelle de la production du Q5 rend difficile une adaptation rapide. Le SUV est un produit typiquement mondialisé : ses moteurs viennent de Hongrie, ses transmissions d’Allemagne, et il est assemblé au Mexique. Moins de 2 % de ses composants sont fabriqués aux États-Unis ou au Canada, ce qui le rend vulnérable à toutes les taxes américaines sur les produits étrangers.

Ce modèle d’intégration internationale, autrefois salué pour son efficacité, est désormais pénalisé. Cette situation illustre les limites de la mondialisation industrielle face à une politique commerciale agressive et à un changement de cap « sans prévenir ». C’est cette instabilité trumpienne qui est la plus décriée puisqu’elle ne laisse pas le temps à l’industrie de s’adapter.

Une incertitude qui paralyse les décisions

Face à cette instabilité réglementaire, les constructeurs automobiles sont paralysés. Audi et Volkswagen hésitent à investir dans des solutions alternatives, comme le transfert de production aux États-Unis, en raison du manque de visibilité sur les politiques futures. Le PDG de Volkswagen, Oliver Blume, a déclaré attendre des éclaircissements avant de prendre des décisions d’envergure.

Volkswagen envisage toutefois d’étendre l’usine de Chattanooga (Tennessee) ou de repenser son usine Scout en Caroline du Sud, d’un coût de 2 milliards de dollars. Mais cette dernière ne sera pas opérationnelle avant fin 2026, bien trop tard pour contrer l’impact immédiat des nouvelles taxes.

Le Q5, mais pas seulement

Le Q5 n’est pas le seul modèle concerné. Le Q3, un autre SUV Audi populaire aux États-Unis, est fabriqué en Hongrie. Il subira également une hausse de prix significative en raison des taxes douanières.

Le cas du Q5 est cependant emblématique, car il représente à lui seul un tiers des ventes d’Audi sur le marché américain.

Une industrie sous tension

Audi n’est pas isolée. Stellantis, Ford et General Motors sont également touchés. Stellantis a dû interrompre temporairement sa production au Canada et au Mexique. Ford mise sur les remises pour écouler ses stocks, tandis que GM augmente la production de ses pick-up « made in USA » pour échapper aux droits de douane. Nissan également a stoppé la vente de deux modèles Infiniti produits au Mexique.

De nombreuses entreprises ont mis en place des cellules de crise pour évaluer l’impact des taxes et définir les réponses stratégiques appropriées. Mais les incertitudes réglementaires rendent toute planification à long terme extrêmement complexe.

Une guerre commerciale en pleine escalade

La guerre commerciale menée par Donald Trump affecte profondément le secteur automobile mondial. C’est vrai en particulier pour les marques étrangères opérant en Amérique du Nord. Mais c’est aussi vrai pour des constructeurs américains avec des usines au Canada ou au Mexique.

Bien que Trump ait suspendu certains droits de douane réciproques pendant 90 jours, les mesures spécifiques à l’automobile restent en vigueur. En forçant les constructeurs à réduire la voilure sur les usines mexicaines, Trump prend le risque de voir de nouveau des clandestins tenter l’aventure aux USA pour un travail.

Selon Matthias Schmidt, analyste automobile, la difficulté réside dans l’imprévisibilité du contexte :

« Il faut trois ou quatre ans pour lancer une usine automobile, mais avec Trump, on ne sait pas ce qui va se passer dans trois ou quatre heures. »

Notre avis par leblogauto.com

L’affaire du Q5 d’Audi symbolise la fragilité des chaînes d’approvisionnement mondialisées face aux décisions politiques unilatérales. La « triple peine » douanière imposée aux véhicules produits au Mexique remet en question une décennie de stratégie industrielle optimisée à l’échelle mondiale.

Dans un contexte d’incertitude croissante, les constructeurs automobiles doivent désormais réinventer leurs modèles d’organisation. Il en va de leur survie. Sinon, ils risquent de perdre des marchés clés comme celui des États-Unis et mettront beaucoup de temps à y retourner.

Avec la pandémie de la Covid-19, puis la crise des semi-conducteurs, on pensait que l’industrie automobile avait mis en place des routes de secours, ou était plus résiliente. Il n’en est rien.

Avec Bloomberg.

(11 commentaires)

  1. Alors cela fragilise surtout les pays exportateurs. On ne peut pas les blâmer d’avoir voulu conquérir d’autres marchés. Les allemands ont eu le courage d’aller en Chine et aux USA/Mexique.

    Le seul écueil qu’on peut leur faire c’est que comme les japonais ou les coréens, les allemands pensent que cela devait être éternel.

  2. « L’affaire du Q5 d’Audi symbolise la fragilité des chaînes d’approvisionnement mondialisées »
    Pas pour eux spécialement (Audi)… Mais dans le fond, c’est une bonne !
    La mondialisation… Surtout avec l’Asie… est une bonne chose dans l’immédiat pour le pouvoir d’achat des gens et pour le PIB, à la longueur de quelques années du fil du temps… Mais à terme est une catastrophe pour l’industrie en Europe (Sauf l’Allemagne qui exportait partout … Mais c’est fini !)
    Cela à faire des pertes d’emplois considérable et créait de la pauvreté à terme.
    L’Asie fabrique largement de tout ce qu’elle a besoin… Elle est obligée de faire du dumping.
    Nous rentrons dans une nouvelle ère… Plus dans une logique de 19e siècle.

        1. @Amiral, ben oui, j’avoue… Bien que cela semble contradictoire, je le reconnais… je dis que cela n’est pas !
          Trump roule pour les USA (logique) … Peut-être que si je serais citoyen américain, je serais pour Trump.
          Bien que le bilan de Biden est très loin d’être mauvais.
          Trump est pro pétrole et c’est l’Apprenti sorcier en économie… Et des mesures sont vraiment limite !
          Mais @Amiral, la même chose pourrait être dit sur Xi Jinping… !?
          Il n’y a que l’UE qui ne « roule » pas vraiment pour elle ! … Ou insuffisamment, c’est le moins que l’on puisse dire… Avec 25 années de politique pro-Allemand.

          1. j’ai pas tout compris. Mais comme vous je trouve que Trump a raison sur le fond, il faut rééquilibrer le commerce, je n’ai jamais compris pourquoi les américains achetent autant de voitures étrangères (tout comme les Français)

  3. Et les Allemands… Pour « fêter » cela… Vont gentiment leur acheter des F-35 comme des bons toutous.
    Avec eux, Trump à les chaussures bien cirées.
    J’espère qu’ils vont se réveiller un jour !

    1. vous savez très bien que les Allemands n’ont pas d’alternative aux F35 pour la B61. Par contre faudrait qu’ils annulent leur projet d’achat de patriots, on pourrait rever d’un SAMPT amélioré en coopération avec l’Allemagne

      1. @ Amiral, oui et non
        Leurs Tornado IDS le pouvaient… Apparemment.
        Ils sont en fin de vie… OK.
        L’Eurofighter n’est pas aussi polyvalent que le Rafale pour l’Air-Sol.
        La B-61 est une bombe physiquement basique dans le fait qu’elle est gravitaire et peu lourde… Environ 325 kg… Quand les SCALP/ Storm Shadow pèse 1 300 kg !!!
        En réalité, c’est un problème, 99 % politique et 1 % technique.
        Le 1 % est une campagne de qualification et d’essais et câblage et programmation.
        Il faut s’assurer que la séparation bombe/avion se fait sans embûche… Surtout que cette arme doit être tirée en cloche ou par-dessus l’épaule… Pour éviter que l’avion tireur soit détruit en même temps par sa propre bombe.(en approche a basse Altitude)

        L’Allemagne est inféodé aux USA pour le parapluie nucléaire.
        Le couple Rafale/ASMPA aurait été nettement plus efficace… Mais français, et la puissance de feu de la France est totalement ridicule.

        C’est pour moi un choix politique.
        Les Allemands ont « tué » l’EPR… Ce n’est pas pour transformer le couple Rafale/ASMPA 100 % français comme un triomphe !

  4. Comme quoi Trump se trompe complètement de cible, il emm**** ses meilleurs partenaires Européens, ses électeurs républicains qui adorent les grosses caisses allemandes.
    Les seuls contents, se sont ceux qui ont su qq heures avant les autres qu’il allait mettre en pause les surtaxes « réciproques » (on cherche tjs la réciprocité de quoi, il semblerait que les taux ont été calculé par une IA?) et qui ont pu profiter d’un délit d’initié pour acheter à vil prix des actions qui ont vu leur valeur exploser qq heures après.
    Les petits épargnants ont vu leur retraite partir en fumée.

    Ce n’est pas un bon gestionnaire, il a fait 4 fois faillite depuis 1990. (d’ailleurs si qq sait ou en sont les Trump et Melania Coins)…

    Bonne chance aux Américains dans cette nouvelle dystopie… Mais non c’est pas scenario de série?

    1. Ce n’est pas faux @Amazon… Même SI sur bien des choses, il a raison sur le principe, faire mal aux alliés des États-Unis n’est pas malin.

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