Cadillac aime les bosses
2021, 2022, 2023… Cadillac a remporté trois fois de suite les 12 Heures de Sebring avant de perdre sa couronne l’an dernier au profit d’Acura.
Dure avec les tympans des spectateurs, mais plus douce que d’autres avec ses pneumatiques Michelin, la V-Series.R demeure l’une des favorites sur ce tracé où les températures approchent souvent les 30°C.
Mais il y a eu du changement cet hiver. D’abord le retour de la structure WTR au sein du camp GM. Ceci permet notamment à Jordan Taylor, local de l’étape et vainqueur l’an dernier, de s’installer à nouveau volant d’une « Caddy ». Il partagera le volant avec Brendon Harley et Louis Delétraz. Difficile de constituer un meilleur équipage.
Décisif l’an dernier dans les dernières minutes de course, Louis Delétraz peut lui aussi comparer l’Acura et la LMDh américaine. Et celle-ci dispose d’un gros plus sur ce tracé barré de cicatrices : « Je dirais que la Cadillac est vraiment très bonne sur les bosses, particulièrement à la sortie des virages 1 et 17, témoigne le pilote genevois. Elle donne confiance et vous autorise à freiner plus tard ».
On note aussi l’arrivée de Keely Bosn à la tête de l’organigramme endurance. Elle succède à Laura Wontrop-Klauser. La dirigeante entend notamment renforcer les liens entre les trois équipes chargées de l’exploitation des LMDh américaines des deux côtés de l’Atlantique : WTR et Wheelen en IMSA, Jota en WEC.
Après le gros couac du Qatar en mondial (accrochage entre les deux Cadillac pendant une neutralisation) un succès à Sebring serait un premier signe positif.
Porsche et BMW en progrès
Mais le vrai favori de cette 73e édition pourrait être Porsche. Cet hiver, la marque a fait évoluer sa 963, avec notamment des trains roulants revus à l’avant. A Daytona, cela a bien fonctionné, avec une victoire au général. Le patron du programme, Urs Kuratle, avait notamment justifié la modification en évoquant une palette élargie de réglages possibles. De quoi rendre l’allemande plus réceptive à Sebring ?
Les essais privés de février, sur ce tracé si spécifique, ont apporté un début de réponse. Porsche a brillé : Mathieu Jaminet puis Matt Campbell ont réalisé les meilleurs chronos des deux journées de test.
Ce week-end des pilotes Porsche-Penske les plus motivés sera Nick Tandy. Âgé de 40 ans, le Britannique pourrait être le premier homme à remporter les six épreuves majeures d’endurance (après les 24 Heures du Mans, du Nürburgring, de Spa, de Daytona et Petit Le Mans).
La marque allemande a triomphé 18 fois sur l’aérodrome. Mais elle n’a pas gagné depuis 2008.
Côté BMW, il y a aussi du nouveau, avec l’adaptation progressive de Kévin Magnussen et des évolutions portées cet hiver sur le système de freinage de la M Hybrid V8. Le Danois avait déjà rapporté une cinquième place de Sebring en 2021.

Aux 24 Heures de Daytona, l’équipe allemande avait joué la gagne, notamment grâce à des relais « feu d’artifice » du Belge Dries Vanthoor. Mais les BMW semblaient moins convaincantes lors des essais préliminaires en février. A voir, donc ce samedi.
Pour la petite histoire, les BMW arboreront ce week-end une livrée spéciale. Elle célébre les 50 ans de la victoire de la BMW 3.0 CSL de Jochen Neerpasch et Brian Redman dans cette épreuve.
Aston Martin à l’épreuve
Deuxième sortie officielle de la Valkyrie. Après des débuts intéressants en championnat du monde (WEC) au Qatar, l’équipe Heart of Racing frotte désormais sa LMH à l’IMSA.
Une seule voiture est engagée, confiée à Ross Gunn, Roman de Angelis et Alex Riberas. Elle aborde une livrée bleue plutôt que le british racing green du mondial. Elle abandonne aussi ses 007 et 009 du WEC pour être désigné par le numéro 23.
La Valkyrie est la première voiture répondant à la réglementation LMH à s’inscrire en IMSA. Même s’ils en ont théoriquement la possibilité, Ferrari, Peugeot ou Toyota ne souhaitent pas aujourd’hui s’engager dans la compétition US.
La transition requiert quelques ajustements sur les capteurs, le fonctionnement de l’écran informant le pilote ou les procédures de course (neutralisation, etc.). L’équipe basée à Seattle possède tout de même beaucoup d’expérience en IMSA dans la catégorie GTD. Elle ne plonge donc pas dans l’inconnu.
« J’ai hâte d’y être, explique le Britannique Ross Gunn. Je pense que ce sera un grand défi physique et mental car Sebring est l’un des circuits les plus difficiles. Mais on s’est entraîné dur ».
Le tracé floridien est en effet un excellent baromètre de la fiabilité d’une jeune voiture. Le taux moyen d’abandon est de 20 % sur l’ensemble du peloton au cours des trois dernières éditions. Avec son béton très dégradé, il met à mal châssis, trains roulants et systèmes électroniques. Voir l’arrivée sans problème majeur serait déjà un bel exploit pour l’Aston et son gros V12 Cosworth atmosphérique.
L’enjeu pneumatique
Ce double programme WEC/IMSA donnera aussi l’opportunité à Aston Martin de collecter davantage de données sur le comportement des pneumatiques Michelin Pilot Endurance utilisé dans les deux championnats. A Sebring, l’allocation est de 11 trains de mélange « medium » pour les qualifications et la course.
Dans cette pleine subtropicale, les températures peuvent vite grimper, notamment l’après-midi. La météo locale annonce ainsi un mercure dépassant les 30° pour la course de ce samedi.
L’an dernier, la plupart des équipes avaient multiplié les doubles relais en début de course pour conserver des pneus frais en fin d’épreuve. Louis Delétraz (Acura) avait d’ailleurs profité de sa gestion pneumatique pour dépasser la Cadillac de Sebastien Bourdais dans les dernières minutes de course.
Le manufacturier se présente à Sebring avec près de 8 000 pneus, 20 camions et une soixantaine de techniciens.
Texte : Andy David / Auto Press Club
Qu’est-ce que la Michelin Endurance Cup ?
Le championnat nord-américain IMSA mélange des épreuves courtes (1h40 ou 2h40) et longues (6, 12 ou 24 heures). Les cinq épreuves majeures de la saison sont regroupées au sein de la Michelin Endurance Cup, donnant lieu à un classement spécifique.
En lever de rideau des 12 Heures de Sebring, l’IMSA a d’ailleurs révélé son calendrier 2026. La Michelin Le Mans Cup comptera une nouvelle épreuve de 6 Heures sur le champêtre circuit de Road America. Elle se substitue à la course automnale sur le tracé routier d’Indianapolis.
Le programme 2025 :
24 Heures de Daytona : 25-26 janvier
12 Heures de Sebring : 15 mars
6 Heures de Watkins Glen : 22 juin
6 Heures d’Indianapolis : 21 septembre
Petit Le Mans : 11 octobre
Le programme 2026 :
24 Heures de Daytona : 24-25 janvier
12 Heures de Sebring : 21 mars
6 Heures de Watkins Glen : 28 juin
6 Heures de Road America : 2 août
Petit Le Mans : 3 octobre