Nissan qui exploite huit usines en Chine par le biais de sa coentreprise avec Dongfeng annonce investir 1,4 milliard $ en Chine d’ici 2026 pour relancer sa croissance via les véhicules électriques et une gamme modernisée. Sacré pari que prend Nissan.
En pleine transformation, Nissan annonce un investissement de 10 milliards de yuans (soit environ 1,4 milliard de dollars) sur le marché chinois, avec pour objectif de relancer sa compétitivité mondiale en s’appuyant sur le dynamisme du secteur automobile chinois. Ce nouvel effort, qui s’inscrit dans une stratégie globale de redressement, confirme la volonté du constructeur japonais de miser sur la Chine comme un laboratoire stratégique pour le développement de véhicules électriques (VE) et de technologies hybrides avancées.
La Chine, un levier de renaissance pour Nissan
La Chine est actuellement le plus grand marché automobile au monde. Sur ce marché, l’adoption des véhicules électrifiés, encouragée par des politiques publiques ambitieuses et une concurrence technologique féroce a été rapide. Trop rapide pour les concurrents « traditionnels ». Dans ce contexte, Stephen Ma, ancien directeur financier de Nissan et récemment nommé à la tête des opérations en Chine, a déclaré :
« La Chine bouge si vite que nous voulons rester et faire face à la concurrence. »
Cet investissement massif sera déployé d’ici fin 2026, et représente une étape clé dans la reconquête du marché asiatique. C’est aussi un signe de la volonté de Nissan de se repositionner comme un acteur majeur de la mobilité électrique. Ainsi, si on se rappelle bien, Nissan a lancé la Leaf ou le fourgon e-NV200 quand personne ne voulait se lancer dans le VEB moderne.
Dix nouveaux modèles à l’horizon 2027
Lors du salon automobile de Shanghai, Nissan a dévoilé deux nouveautés, dont le pick-up hybride rechargeable Frontier Pro. Le constructeur a également annoncé qu’il développera dix nouveaux modèles pour le marché chinois d’ici mi-2027, contre huit précédemment prévus. Tous ces modèles iront à l’exportation, bien que Nissan n’a pas encore précisé les marchés cibles.
Cette stratégie s’inscrit dans une dynamique visant à renouveler en profondeur la gamme de produits, souvent critiquée pour son manque de fraîcheur et de compétitivité face aux géants locaux comme BYD, NIO ou Geely, et aux mastodontes internationaux tels que Tesla ou Volkswagen.
Nissan face à une crise structurelle mondiale
Ce repositionnement arrive dans un contexte difficile pour Nissan, qui souffre d’une baisse continue de ses ventes, notamment aux États-Unis et en Chine, ses deux marchés phares. L’entreprise fait également face à des problèmes de surcapacité de production, une gamme vieillissante et une dette importante. En novembre dernier, Nissan a révélé un nouveau trimestre déficitaire, annonçant dans la foulée la suppression de 9 000 emplois et une réduction de 20 % de ses capacités industrielles.
Autre coup dur : l’échec de la tentative d’alliance avec Honda, qui aurait pu donner naissance à un géant de l’automobile asiatique capable de rivaliser avec Toyota ou Volkswagen sur le terrain de l’électrification. Nissan reste donc à la recherche de partenaires pour mutualiser les coûts de développement et accélérer sa mutation.
L’électrique comme planche de salut
Face à ces défis, Nissan fait de l’électrification de sa gamme un pilier central de sa stratégie de redressement. En choisissant la Chine pour tester ses innovations et accélérer son développement produit, le constructeur cherche à réduire les délais de mise sur le marché tout en s’adaptant aux nouvelles attentes des consommateurs, notamment en matière de durabilité, de connectivité et d’autonomie.
L’objectif est clair : redorer son image tout en conquérant une part plus significative du marché des véhicules électriques, un segment en forte croissance sur lequel Nissan, autrefois pionnier avec la Leaf, a perdu de sa superbe ces dernières années.
Des enjeux géopolitiques non négligeables
Le renforcement des activités de Nissan en Chine survient également dans un climat de tensions commerciales accrues, notamment avec les nouveaux tarifs douaniers imposés par les États-Unis sous la présidence de Donald Trump. Ces mesures protectionnistes bouleversent les chaînes d’approvisionnement et pourraient impacter les exportations futures des modèles fabriqués en Chine.
Dans ce contexte, l’investissement chinois de Nissan peut aussi être interprété comme une manœuvre géopolitique : s’implanter davantage en Asie pour compenser les incertitudes du marché nord-américain et diversifier ses sources de revenus.
Notre avis par leblogauto.com
Le pari chinois de Nissan est à la fois ambitieux et stratégique. En investissant lourdement dans un marché en constante évolution, le constructeur automobile cherche à rattraper son retard technologique, moderniser sa gamme et redéfinir son image de marque. La réussite de cette opération reposera sur sa capacité à innover rapidement, à s’adapter aux spécificités locales et à tirer parti de l’expérience chinoise pour rayonner à l’international.
Si les défis restent nombreux, cet investissement massif et les annonces produits faites au salon de Shanghai pourraient bien marquer un tournant majeur dans l’histoire récente de Nissan.
Crédit illustration : Nissan.
Voila ce que le gouvernement japonais à gagner. Nissan va investir non pas au Japon, mais en Chine pour concevoir ses voitures. Pas mal.