Ventes en baisse : Ford revoit son accord de lithium

Ford réduit son accord de lithium avec Liontown, reflet des incertitudes dans la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques.

Tensions dans l’approvisionnement en lithium pour les véhicules électriques

Ford Motor Company a récemment revu à la baisse son accord d’approvisionnement en lithium avec le producteur australien Liontown Resources Ltd., illustrant les incertitudes croissantes dans la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques. Cette décision reflète les ajustements stratégiques en cours chez les grands constructeurs automobiles, confrontés à un marché du véhicule électrique en perte de vitesse et à des perspectives économiques incertaines.

Selon un dépôt boursier publié jeudi par Liontown, Ford ne prendra plus livraison de lithium en provenance du projet Kathleen Valley, en Australie-Occidentale, pour les années 2027 et 2028. De plus, le volume total prévu dans le cadre de ce partenariat a été réduit de moitié, pour atteindre 256 250 tonnes. Ce réajustement marque un tournant dans la stratégie d’approvisionnement de Ford, jusque-là engagée dans une course à la sécurisation des matières premières nécessaires à la production de batteries électriques.

La pression sur les acteurs de la mobilité électrique s’est accentuée avec l’évolution du contexte politique aux États-Unis. Le président Donald Trump a manifesté son intention de réduire les incitations à la vente de véhicules électriques et d’assouplir les normes d’émissions, deux mesures qui pourraient ralentir la transition vers les motorisations zéro émission. Dans ce contexte, les constructeurs américains revoient leurs priorités et réévaluent la rentabilité à court terme de leurs investissements dans l’électrification.

Le lithium, composant essentiel des batteries lithium-ion utilisées dans les véhicules électriques, reste une ressource stratégique pour l’ensemble de l’industrie automobile. Jusqu’à récemment, les prix élevés du lithium avaient poussé les constructeurs à verrouiller leur accès à cette ressource, en nouant des partenariats directs avec des producteurs ou en finançant des projets miniers. Aujourd’hui, la baisse des prix provoquée par une surabondance de l’offre amène certaines entreprises à renégocier leurs accords ou à réorienter leur approvisionnement.

Ford ralentit sur l’électrique, Liontown cherche de nouveaux débouchés

Ford n’échappe pas à cette remise en question. Le constructeur américain a prévu des pertes pouvant atteindre 5,5 milliards de dollars sur son activité véhicules électriques pour l’année en cours. Ses ventes de véhicules électriques aux États-Unis ont chuté de 31 % au deuxième trimestre, notamment à cause de la baisse d’attractivité de ses modèles actuels et de l’arrêt temporaire de la commercialisation de la Mustang Mach-E, suite à un rappel de sécurité. Le PDG de Ford, Jim Farley, a récemment estimé que la part de marché des véhicules à zéro émission — actuellement de 10 % — pourrait être divisée par deux à court terme.

Face à ces évolutions, Liontown a annoncé dans son communiqué que la révision du contrat avec Ford lui offrait de nouvelles opportunités. L’entreprise prévoit notamment de vendre les volumes excédentaires sur le marché au comptant, ce qui pourrait favoriser une tarification plus transparente, ou de rechercher de nouveaux partenaires stratégiques. Une partie du lithium initialement destiné à Ford a d’ores et déjà été revendue au groupe chinois Chengxin Lithium Group Co. Ltd., spécialisé dans le raffinage de lithium.

Ce changement de cap illustre les tensions actuelles au sein de la filière des véhicules électriques, entre volonté d’accélérer la transition énergétique et nécessité d’adapter les stratégies industrielles à une demande plus faible que prévu. Si la croissance du marché électrique reste un objectif à long terme pour les grands constructeurs, la prudence semble désormais de mise, notamment dans la gestion des coûts liés aux matières premières.

Notre avis, par leblogauto.com

La renégociation de l’accord entre Ford et Liontown est un signal clair du ralentissement du marché des véhicules électriques, notamment en Amérique du Nord. Les pertes financières prévues par Ford et la baisse des ventes confirment un fléchissement de la demande, qui pousse les constructeurs à adapter leurs engagements d’approvisionnement. Ce réalignement stratégique pourrait redistribuer les cartes dans l’industrie du lithium, avec des acteurs comme Liontown cherchant à diversifier leurs débouchés. Un exemple concret de la complexité croissante de la transition vers une mobilité décarbonée.

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