Le syndicat JAW refuse de réduire ses revendications salariales malgré l’impact des tarifs américains sur l’industrie automobile japonaise.
Pression salariale inchangée dans un secteur automobile fragilisé
Le principal syndicat de l’industrie automobile japonaise, la Confédération des syndicats de travailleurs de l’automobile du Japon (JAW), affirme qu’il ne reculera pas sur ses revendications salariales lors des négociations de l’année prochaine. Malgré un environnement économique dégradé et la lourde pression des tarifs américains sur les constructeurs automobiles, son président Akihiro Kaneko a confirmé que la défense du pouvoir d’achat des travailleurs reste prioritaire.
Cette position ferme intervient alors que l’industrie automobile subit une nette contraction de ses bénéfices, estimée à environ 30 % pour l’année en cours. Les droits de douane imposés par les États-Unis, même après leur réduction dans le cadre d’un accord commercial conclu en septembre, continuent d’affecter les marges des entreprises du secteur. Toutefois, pour le syndicat, un repli des revendications compromettrait la dynamique salariale enclenchée depuis trois ans et mettrait en péril le cycle de croissance recherché par les autorités économiques.
Une stratégie salariale inscrite dans un cycle économique plus large
Pour Akihiro Kaneko, la logique est claire : dans un contexte d’inflation persistante et de salaires réels en recul, les travailleurs de l’automobile ne peuvent accepter une approche affaiblie lors des prochaines négociations. Le syndicat insiste sur l’importance d’un « cycle positif » où des hausses salariales dynamisent la consommation, laquelle contribue elle-même à soutenir la croissance économique. Dans cette optique, les augmentations de rémunération ne sont pas seulement une revendication sociale, mais un levier macroéconomique.
Cette année, les syndicats affiliés à la JAW ont obtenu une hausse salariale moyenne de 4,94 %, confirmant le rôle moteur du secteur automobile dans les négociations nationales. Avec ses 12 syndicats membres et ses 784 000 travailleurs, incluant des employés de grands constructeurs comme Toyota et Honda ainsi que de nombreux équipementiers, la JAW influence largement les discussions salariales annuelles qui rythment l’économie japonaise.
L’industrie automobile, qui représente plus de 5 millions d’emplois au Japon, constitue un baromètre social et économique majeur. Ses décisions pèsent sur l’ensemble des secteurs industriels, mais aussi sur les orientations de politique monétaire, notamment sur le calendrier de la prochaine hausse des taux d’intérêt envisagée par la Banque du Japon (BOJ).
Un secteur au centre de l’attention de la Banque du Japon
Le gouverneur de la BOJ, Kazuo Ueda, a récemment souligné que la banque centrale souhaitait analyser davantage de données avant d’ajuster ses taux, en particulier sur la capacité des entreprises à maintenir des augmentations de salaires malgré les tarifs américains. Le secteur automobile, directement exposé à ces mesures tarifaires, fait l’objet d’une surveillance renforcée. Les performances des constructeurs et des fournisseurs constituent en effet un indicateur clé de la robustesse du tissu industriel japonais.
Consciente des difficultés rencontrées par les entreprises, la JAW se dit prête à collaborer avec les directions pour identifier des sources de financement permettant de maintenir les hausses salariales. Parmi les pistes évoquées figurent notamment des mesures visant à assurer des pratiques de tarification plus équitables au sein de la chaîne d’approvisionnement afin que les fournisseurs puissent, eux aussi, améliorer les conditions salariales.
Une industrie sous pression tarifaire internationale
En septembre, Washington et Tokyo ont formalisé un accord commercial révisant les tarifs appliqués aux importations japonaises. Le tarif de base est désormais fixé à 15 % sur la quasi-totalité des produits, contre 27,5 % auparavant pour les automobiles et 25 % sur d’autres catégories de marchandises. Malgré cette réduction, l’impact reste significatif pour les constructeurs japonais, qui doivent absorber une partie de ces coûts supplémentaires tout en préservant leurs investissements dans la transition technologique et la compétitivité internationale.
Notre avis, par leblogauto.com
La position de la JAW montre la centralité du pouvoir d’achat dans la stratégie économique japonaise actuelle. Le maintien des revendications salariales malgré la chute des bénéfices souligne la tension croissante entre performances industrielles et attentes sociales. La BOJ observe attentivement ce secteur, preuve de son rôle structurant dans l’économie nationale. Les négociations à venir seront décisives pour mesurer la capacité de l’industrie automobile japonaise à conjuguer pression tarifaire et ambitions salariales.
Crédit illustration : leblogauto.
