Il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine, nous assistions à la naissance d’une start-up nommée Faraday Future. Visionnaire, ambitieuse, mais un brin trop dramatique pour son propre bien. Le dernier rebondissement de cette épopée entrepreneuriale ressemble à un scénario de série à suspense : son fondateur et ex-CEO, Jia Yueting, écarté après des accusations de fraude et une enquête interne corsée, fait un retour tonitruant… en tant que co-PDG.
Back to the Future
Oui, vous avez bien lu. Trois ans après sa mise au placard, le voilà de retour aux commandes comme si de rien n’était. On dirait un reboot de Dallas avec les mêmes personnages, mais des moustaches en plus.
Officiellement, Jia partagera la barre du navire avec l’actuel capitaine, Matthias Aydt. Ce dernier, CEO, n’est pas un inconnu : vétéran de la maison Faraday Future, il s’est lui aussi retrouvé dans des situations plutôt épineuses. On se souvient notamment de cet épisode palpitant où il aurait proposé à un membre du conseil d’administration jusqu’à 700 000 dollars pour qu’il démissionne. Une manière un peu musclée de gérer les conflits internes.
Mais je m’égare, revenons à notre intéressé du jour, Jia Yueting. Cet homme, tel un phénix aux batteries rechargeables, revient au sommet de la hiérarchie de l’entreprise qu’il a fondée en 2014. À l’époque, Jia était encore à la tête de LeEco, un empire de l’électronique et du streaming en Chine comparable à Netflix. Un empire qui s’est dégradé de par sa volonté d’absorder tout ce qui se trouvait sur son chemin. Face à ces difficultés, Jia a été poliment mais fermement poussé vers la sortie direction les États-Unis, laissant derrière lui créanciers et sceptiques pour se lancer dans un rêve américain version Silicon Valley : construire la voiture du futur.
Banqueroute for the Faraday
Sous la férule de son CEO, Faraday Future s’est donc lancée dans le développement d’un véhicule électrique ultra-luxueux au nom futuriste : la FF91. Un bolide bardé de technologies, de promesses, et surtout… de dettes. Car après plus d’une décennie de développement et la coquette somme de 3 milliards de Dollars engloutis, seuls une douzaine de ces engins roulent effectivement sur nos routes. Enfin quand on dit nos routes, c’est plutôt les routes de Californie, et encore. Pour couronner le tout, la société a été accusée devant les tribunaux d’avoir embelli les chiffres de vente. Dallas, on vous dit!
Une famille en or
Mais le retour de Jia n’est pas le seul moment « Pétroles Ewing » de l’année chez Faraday. Le mois dernier, c’est son propre neveu, Jerry Wang, qui a été propulsé président de l’entreprise. Et là encore, l’histoire sent bon le soap opera : Wang avait démissionné en 2022 après avoir, selon les documents de la SEC (la police financière américaine), refusé de coopérer avec l’enquête interne sur la gestion de la société. Mais visiblement, tout finit par s’arranger autour d’un bon repas en famille — ou d’un conseil d’administration.
Aujourd’hui, Faraday Future ressemble à un feuilleton économique où chaque épisode apporte son lot de surprises : retours inattendus, conflits internes, nominations controversées, et toujours cette mystérieuse FF91, aussi insaisissable qu’une licorne dans le long tunnel du continuum espace temps. On pourrait croire que tout cela n’est qu’un long teasing pour une introduction en bourse ou une série documentaire sur une plateforme de streaming, ce qui serait un joli retour aux sources pour Jia Yueting.
No Future
Si on gratte un peu le vernis high-tech, une question persiste : à force de recyclages de dirigeants, de scandales à répétition, et de voitures qui se comptent sur les doigts d’un personnage des Simpson, peut-on encore croire à l’avenir de Faraday Future ? Ou bien sommes-nous simplement en train d’assister à une brillante opération de rebranding de la catastrophe industrielle ?
Quoi qu’il en soit, dans cet univers impitoyable où l’électrique rime de plus en plus avec éthique, même avec deux co-CEO, Faraday Future continue de jouer sa propre partition, quelque part entre Dallas et Seinfeld. Avec Jia Yueting de retour sur le trône, le prochain acte s’annonce aussi électrique que le produit qu’ils tentent désespérément de vendre.
Source: Tech Crunch
Merci pour ce super article 👍️ un régal ! En effet, qui prendrait le risque d’acheter une FF aujourd’hui, si belle soit-elle ? Ça ressemble fortement à un gouffre financier