La baisse des exportations vers la Russie oblige les constructeurs chinois à diversifier leurs marchés face aux tarifs et à la concurrence mondiale.
La Russie, un marché clé devenu fragile
Après l’invasion de l’Ukraine, les constructeurs automobiles chinois se sont engouffrés sur le marché russe, profitant du retrait des marques occidentales. La Russie est rapidement devenue un débouché majeur, représentant près d’un cinquième des exportations de voitures complètes de la Chine en 2023. Cet élan semble aujourd’hui s’essouffler.
La hausse progressive d’une « taxe de recyclage » imposée par Moscou depuis 2014 a fait bondir les prix des véhicules importés de plus de 8 000 dollars. À cela s’ajoutent des taux d’emprunt élevés qui ont freiné la consommation. Résultat : les ventes automobiles en Russie ont chuté de 27 % au premier semestre, et les importations chinoises ont plongé de 62 % sur la même période.
Pression sur les constructeurs chinois
Cette contraction met les constructeurs chinois dans une situation délicate. Déjà confrontés à une guerre des prix et à une surcapacité industrielle sur leur marché domestique, ils doivent accélérer leur diversification internationale. Cependant, la route est semée d’embûches.
Plusieurs pays adoptent des politiques protectionnistes face à l’afflux des véhicules chinois.
- Union européenne : droits de douane jusqu’à 35 % sur les véhicules électriques, accusant Pékin de subventions déloyales.
- États-Unis et Canada : taxe de 100 % sur les voitures chinoises.
- Mexique : pressions pour relever les droits de douane afin de répondre aux demandes des États-Unis dans le cadre de nouvelles négociations commerciales.
Un marché russe saturé et incertain
Selon Rosalie Chen, analyste de Third Bridge, la part de marché des constructeurs chinois en Russie a atteint 50 % à 60 %, soit sa limite maximale. La croissance future sera contrainte par la politique locale, la capacité du marché et le possible retour des marques occidentales si la guerre s’apaise.
Cette dépendance russe, autrefois un atout, devient ainsi un risque majeur pour l’industrie automobile chinoise.
Impact sur les champions chinois
Les grands groupes chinois ressentent déjà les effets de ce ralentissement :
- Geely : exportations en recul de 8 % sur huit mois.
- Great Wall Motor : chiffres stables mais sans croissance notable.
- Chery : hausse de 11 %, mais bien inférieure à la croissance de 25 % enregistrée l’année précédente.
En parallèle, BYD, leader du marché intérieur mais sans présence en Russie, profite de la situation. Ses ventes internationales ont plus que doublé, plaçant le groupe en concurrence directe avec Chery pour le titre de premier exportateur chinois.
Diversification : une nécessité stratégique
Face à ces signaux d’alerte, les constructeurs chinois se tournent vers d’autres marchés. Geely a annoncé vouloir renforcer sa présence au Brésil, en Afrique du Sud et en Italie, tout en développant son réseau mondial de vente et de distribution.
Pour Paul Gong, analyste chez UBS, les cycles économiques mondiaux échappent au contrôle des constructeurs. L’exemple de 2015, où la chute du rouble et le ralentissement chinois avaient provoqué une crise dans plusieurs marchés émergents, illustre cette fragilité. Selon lui, les constructeurs doivent « saisir les opportunités » dans des zones à fort potentiel comme le Moyen-Orient et l’Amérique latine.
Une nouvelle phase pour l’automobile chinoise
La réussite de la Chine à devenir le premier exportateur mondial de voitures en 2023 s’explique en partie par le boom russe. Mais ce marché n’est plus une garantie de croissance durable. Entre pressions protectionnistes, saturation locale et incertitudes géopolitiques, les constructeurs doivent adopter une stratégie plus globale.
La diversification des marchés, l’innovation technologique et l’implantation de réseaux de distribution solides apparaissent désormais comme les clés pour maintenir la croissance et consolider la place de la Chine dans l’automobile mondiale.
Crédit illustration : Xiaomi.

Dans un pays aussi difficile que la Russie (climat, infrastructures et aussi mœurs locales au volant), la voiture doit être un instrument de transport fiable ET réparable rapidement.
Et tout le monde sait que les SAV des constructeurs chinois sont peu fiables (euphémisme).
Le prix d’achat c’est bien mais quand vous ne pouvez plus rouler avec votre voiture parce que la pièce détachée est introuvable… ça pose problème rapidement.
Le consommateur russe a vite fait ses comptes. Et il est lui aussi sur les réseaux sociaux.
Je suis persuadé que les Chinois ont des gammes de voitures extrêmement fiables sur base de vieille licence de fabrication des années 90 spécialement fait pour les pays en développement.
…à l’image de leurs avions de combat qui sont parfois des améliorations d’avions des années 50 (souvent très réussis) qui cohabitent avec des autres ultramodernes.
Les Chinois savent tous faire… Le pire et le meilleur.
Ou tout simplement le client russe n’a plus de sous. La guerre ça coûte cher au contribuable.
Il y a aussi l’impact sur l’économie russe et l’incertitude sur l’avenir de la guerre russe en Ukraine.
Exactement.
L’économie russe est tellement axée sur l’effort de guerre… Qui ne gagne pas encore, malgré tout.
Les conséquences sont multiples depuis un bon moment… ET ce n’est qu’un début !
L’image de la Xiaomi SU7 pour illustrer la voiture chinoise en Russie… C’est vraiment le cas !??? 😄
J’ai comme un doute…