Quel est le point commun des Lancia 037, Delta S4, Delta HF et de la Ferrari 412T2 avec laquelle Jean Alesi a gagné au Canada ? Des moteurs exceptionnels, conçus par Claudio Lombardi, un ingénieur qui est désormais entré au Panthéon de l’automobile italienne, rejoignant d’autres confrères récemment disparus tels Giotto Bizzarrini et Nicola Materazzi.
Claudio Lombardi était un ingénieur italien, néé en 1942 à Alexandrie (la Piémontaise, de son vrai nom Alessandria, pas l’Egyptienne). Il obtient un diplôme d’ ingénieur en mécanique, spécialisé en transports, à l’ Université de Bologne . De 1968 à 1974, chez Fiat Auto, il mène plusieurs programmes de recherche, s’intéressant à la dynamique de production de substances polluantes dans les gaz d’échappement et aux dispositifs permettant de les réduire. Un domaine d’études bien choisi, en plein choc pétrolier !
La success story Lancia
De 1975 à 1990, il est directeur technique des moteurs chez Lancia. Grâce à ses qualités, il se distingua au point d’intégrer le département compétition de l’entreprise turinoise, où il s’occupa de la conception des voitures engagées en championnat du monde des rallyes. C’est notamment grâce à Lombardi que le groupe Fiat breveta le moteur de course Triflux en 1986, qui était prévu sur la Lancia ECV qui devait remplacer la Delta S4 dans le cadre du Groupe S. Durant cette période, il était subordonné à Cesare Fiorio , directeur sportif de l’écurie officielle Lancia. Mais, avec la promotion de Fiorio à la tête de la Scuderia Ferrari, Lombardi prit la direction de l’écurie Lancia de 1989 à 1991.
L’ultime V12 de la F1 !
Avec l’arrêt des activités sportives de Lancia, Lombardi fut muté à Maranello en 1991 afin de prendre la relève de… Cesare Fiorio. Ce dernier fut limogé fin 1991 après une année calamiteuse de la Scuderia, plombée par des tensions internes qui eurent aussi raison d’Alain Prost. Lombardi fut directeur de l’activité Formule 1 jusqu’en 1993, avant que Jean Todt ne lui succède. Lombardi assuma également brièvement la direction sportive de la Scuderia, avant de céder le rôle à Harvey Postlethwaite pour s’occuper uniquement du département technique.
Dans le même temps, sous la présidence de Montezemolo , Lombardi réorganisa le département moteur : il établit des liens avec le Centre de recherche Fiat et introduisit des technologies plus modernes, telles que le contrôle pneumatique des soupapes et les interventions sur le système d’extraction et de lubrification des gaz du carter. Il fut ainsi à l’origine de l’ultime V12 de la Formule 1, qui motorisa les Ferrari 412T2 en 1995. Quittant alors la F1, il se consacra au développement des voitures GT du Cheval Cabré , y compris celles de course ; un rôle qu’il a occupé jusqu’en 1999.
La moto pour finir
De 2000 à 2010, il a travaillé pour Aprilia en tant que freelance. À Noale, il a coordonné les activités de développement des moteurs haut de gamme ainsi que la recherche et le développement relatifs aux moteurs de route et de course. Il a été particulièrement impliqué dans la conception du moteur innovant Aprilia RSV4 , le plus performant jamais réalisé par le constructeur vénitien, et qui reprenait certains des concepts exprimés au début des années 1990 sur les moteurs de Formule 1 Ferrari : grâce également à ce moteur, Aprilia a dominé le championnat du monde de Superbike dans la première moitié des années 2010 avec les pilotes Max Biaggi et Sylvain Guintoli .
Un motoriste engagé
Depuis 2011, il travaillait comme consultant, avec un engagement temporel plus limité, principalement dans le secteur automobile ; il s’est notamment occupé des systèmes de production d’énergie à partir de sources renouvelables et des technologies relatives aux véhicules électriques et hybrides. Parallèlement à son activité professionnelle, Lombardi mena également une activité politique. Il fut conseiller municipal à maintes reprises dans la commune d’Alessandria, sur des listes de la gauche démocratique et écologiste.
