Honda revoit ses prévisions de bénéfices à la baisse et opère un virage stratégique. Le constructeur reporte ses projets VE en Amérique du Nord face aux tarifs US et à un marché en mutation.
Des prévisions de bénéfices plombées par les politiques commerciales
Honda revoit sévèrement à la baisse ses prévisions de bénéfices pour l’exercice fiscal se terminant en mars 2026, en raison des répercussions majeures des tarifs douaniers imposés par les États-Unis sous l’administration Trump. Le constructeur japonais table désormais sur un bénéfice annuel de 450 milliards de yens (environ 2,7 milliards d’euros), bien en deçà des 1 210 milliards de yens (environ 7,26 milliards d’euros) enregistrés l’année précédente. Le bénéfice d’exploitation attendu est également réduit à environ 500 milliards de yens (environ 3 milliards d’euros), contre 1 350 milliards estimés par les analystes (environ 8,1 milliards d’euros).
Le PDG de Honda, Toshihiro Mibe, a reconnu lors d’une conférence de presse que l’environnement tarifaire actuel rendait toute projection extrêmement difficile, en raison de « fréquentes révisions » des politiques commerciales. Ce contexte tendu pousse le constructeur à revoir ses priorités industrielles et à envisager une relocalisation accrue de la production aux États-Unis.
Un mouvement stratégique vers l’Amérique du Nord
Afin de limiter l’impact des nouveaux droits de douane, Honda a déjà annoncé le transfert de la production de la Civic hybride du Japon vers les États-Unis. Ce changement s’inscrit dans une dynamique plus large d’expansion des capacités industrielles américaines pour répondre localement à la demande.
Les États-Unis représentent un marché crucial pour Honda, avec environ 1,4 million de véhicules vendus en 2024, dont près de 40 % sont encore importés. Cette forte dépendance aux importations explique la vulnérabilité du groupe face aux nouvelles politiques protectionnistes.
L’électrification freinée par un marché moins dynamique
En plus, autre impact indirect des tensions commerciales : Honda ralentit son programme d’électrification en Amérique du Nord. Le constructeur a annoncé le report de deux ans de son projet de chaîne d’approvisionnement pour véhicules électriques en Ontario, au Canada. Ce projet ambitieux comprenait une usine de batteries et une usine d’assemblage capables de produire jusqu’à 240 000 véhicules électriques par an.
Selon Mibe, le ralentissement plus marqué que prévu du marché des véhicules électriques rend les perspectives à court terme incertaines. Honda promet de détailler prochainement sa nouvelle feuille de route électrique lors d’une mise à jour stratégique majeure.
L’échec d’une alliance stratégique avec Nissan
Autre coup dur, Honda a récemment abandonné son projet de fusion avec Nissan., après des négociations infructueuses. L’accord prévoyait une structure de société holding unique regroupant les deux marques, mais des désaccords profonds et une absence de vision commune ont mené à une rupture rapide des discussions.
Cette décision oblige Honda à poursuivre seule sa transformation industrielle, dans un climat commercial incertain et une concurrence féroce venue de Chine, où les constructeurs locaux renforcent leur position.
Notre avis par leblogauto.com
En définitive, Honda se trouve à la croisée des chemins. Face aux tarifs américains, à la lente adoption des véhicules électriques, et à la pression concurrentielle mondiale, le constructeur japonais doit repenser rapidement son modèle économique. La stratégie de relocalisation industrielle, combinée à une flexibilisation de ses investissements dans l’électrification, apparaît comme une réponse prudente mais nécessaire à ces bouleversements.
Crédit illustration : Honda.
« Un mouvement stratégique vers l’Amérique du Nord »
… Encore !
Ce type de nouvelle devient une triste banalité… Surtout pour l’UE qui taxe les voitures importées de 7 à 35 % quand les USA les taxes de 100 % !