Lutte des prix des véhicules électriques en Chine : vers un tsunami industriel sans précédent

Si la Chine appelle à réguler la guerre des prix des véhicules électriques, la concurrence s’intensifie avec des effets mondiaux et économiques majeurs. L’automobile chinoise est en surchauffe et la machine pourrait bien se gripper.

Un marché en surchauffe : l’involution de l’automobile électrique

La guerre des prix dans le secteur des véhicules électriques (VE) en Chine s’intensifie, créant des remous économiques considérables et inquiétant jusqu’aux plus hauts dirigeants du pays. Ce phénomène, appelé localement « neijuan » ou involution, est devenu un sujet brûlant évoqué dans le rapport de travail annuel du Premier ministre Li Qiang, et par le régulateur du marché chinois.

Face à cette « concurrence excessive », plusieurs grands acteurs de l’industrie automobile, dont BYD, ont été convoqués par les autorités à Pékin afin d’initier une phase d’autorégulation. Toutefois, malgré ces mises en garde officielles, les analystes du secteur restent pessimistes sur un véritable apaisement de la concurrence.

BYD dans l’œil du cyclone : déclencheur d’une nouvelle vague de baisses de prix

L’Association chinoise des fabricants d’automobiles a critiqué BYD pour avoir initié le 23 mai une nouvelle salve de réductions de prix, allant jusqu’à 30 % sur certains modèles. Cette manœuvre a déclenché une nouvelle vague de « panique tarifaire » sur le marché.

L’organisme gouvernemental a averti que ces pratiques mettent en péril les marges bénéficiaires et la sécurité des consommateurs. Il a appelé à la fin des ventes en dessous du coût de production, considérées comme déloyales et destructrices à long terme.

Surproduction, ventes déguisées et chute des prix : les dérives du secteur

Le marché chinois des véhicules électriques affiche de plus en plus de signes de surproduction. Un phénomène de « ventes fictives » a émergé, selon Wei Jianjun, président de Great Wall Motor. Des véhicules sont immatriculés comme vendus, puis immédiatement revendus sur les plateformes de voitures d’occasion sans même avoir roulé, gonflant artificiellement les chiffres de ventes.

Par ailleurs, le prix moyen des voitures neuves a chuté de 19 % en deux ans en Chine, atteignant 165 000 yuans (22 900 $), selon Nomura. À l’international, les voitures exportées vers l’Allemagne ont vu leur prix moyen chuter à 21 000 $, contre 30 000 $ en 2023. Même tendance au Mexique, où les prix ont également fortement diminué.

Les autorités impuissantes face à l’ampleur de la crise

Malgré la volonté affichée de réguler le marché, Zhong Shi, analyste de l’Association des concessionnaires automobiles de Chine, admet qu’il y a peu à faire face à cette concurrence acharnée. D’autres nations observent avec inquiétude cette guerre commerciale qui pourrait affecter leurs propres marchés automobiles.

Le ministère chinois de l’Industrie a promis de renforcer les mesures pour faire respecter les règles d’une concurrence équitable, mais le rythme du changement reste lent face à une dynamique déjà bien enclenchée.

Xpeng, Nio, Xiaomi : chacun sa stratégie pour survivre

Malgré les difficultés, certains acteurs comme Xpeng tentent de tirer leur épingle du jeu. Le PDG He Xiaopeng a déclaré que « la vraie bataille ne fait que commencer » et que son entreprise misera sur la technologie plutôt que sur les prix. Sa nouvelle Mona 03 Max est proposée 17 % moins cher que sa version initiale.

D’autres startups, comme Nio, enregistrent de lourdes pertes — près de 950 millions de dollars au premier trimestre. Pourtant, Xiaomi, nouveau venu sur le marché des VE, prévoit une rentabilité dès le second semestre 2025 grâce à ses modèles SU7 et YU7, conçus pour concurrencer Tesla.

Une consolidation inévitable à venir

Selon les analystes de Nomura, le marché chinois est en situation de surproduction critique. Une phase de consolidation s’annonce inévitable. À moins d’un retournement rapide, seules les marques les plus solides ou les plus innovantes survivront à cette guerre tarifaire sans fin.

Crédit illustration : LBA.

(7 commentaires)

  1. Content d’apprendre que les prix baissent quelque part.
    Chez nous, les prix neufs et occasion sont éclatés.
    Une baisse de 20% ici serait salutaire pour relancer les ventes.

  2. Attention la stagflation est en train d’arriver en Chine et c’est une catastrophe économique.
    Le consommateur va attendre de nouvelles promos avant d’acheter. Fiat, Opel et Renault dans le passé ont été pris dans cette spirale de la ristourne à 2 chiffres, impactant fortement la rentabilité, la qualité et leur image.
    Il y a trop de constructeurs automobiles en Chine : le darwinisme économique fait partie intégrante du capitalisme. La Chine est en train d’apprendre ce qu’est le véritable capitalisme.

    1. La Chine et d’autres anciennes civilisations pratiquaient le commerce et l’économie de marché avant même que les usa existent ou sur l’occident nait conscience de lui même

      Les anciennes routes de la soie relaient chine, perse, Arabie, Caucase méditerranée

      Les chinois ont inventé les billets de banques

      Au 7 ème siècles, les arabes ont inventé les dépôts, le transfert et les lettres de paiement : le sakk (qui sera prononcé sacca en espagnol et cheque en français)
      Le marché existait et était régulé : souk et interconnecté avec les perses, les Indes, chinois

      Les génois (Italie actuelle) pratiquait les commerce international avec les chinois à travers les ports musulmans qu’ils soient d’Afrique du nord, de Turquie, du levant etc.
      C’est ainsi que les génois inventent les banques

      Ce sont ces mouvements auxquels s’ajoutent les commerces hanséatiques qui donnent naissance au capitalisme moderne qui n’est ni plus ni moins qu’un commerce adapté à l’anthropologie nord européenne.

      Tu ne vas pas apprendre à ces anciennes civilisations qu’es ce que le commerce alors qu’ils ont presque tout inventé
      Ton livre d’histoire s’arrête à 2010 je crois

      1. Je n’ai pas de leçon d’histoire ou capitalisme à recevoir d’un citoyen d’un pays qui a cédé à toutes les exigences des pays occidentaux mais aussi du Japon dès qu’une simple canonnière montrait le bout de son nez.

  3. On a voulu la Chine l’usine du monde…
    ET après des emplois dans nos usines…
    Il y avait quelque chose qui cloche !
    Voilà le résultat… Avec la concurrence de gens qui coûte de 5 à 11 fois moins chères et tout le reste …. Comment résister à ça ?
    Il faut travailler gratuitement ?

  4. VW? BMW? Mercedes? Toyota? Honda? Nissan? Comment cela se passe en Chine pour eux? Vous nous pondez un article par jour sur les constructeurs chinois sans parler des groupes allemands et japonais!!!! On veut savoir l’impact sur ces groupes!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *