BYD freine son implantation au Mexique face aux tensions commerciales : le Brésil devient le nouveau terrain de jeu

BYD renonce à son usine au Mexique à cause des tensions commerciales et parie sur le Brésil pour sa première production hors d’Asie.

BYD met en pause ses ambitions mexicaines en raison de la guerre commerciale

Le géant chinois de l’automobile électrique BYD a récemment mis de côté ses projets de construction d’une grande usine au Mexique, citant les incertitudes géopolitiques provoquées par les politiques commerciales de l’ancien président américain, Donald Trump.

Alors que l’entreprise souhaitait renforcer sa présence sur le marché nord-américain, notamment via le Mexique comme point d’entrée stratégique vers les États-Unis, elle a suspendu ses recherches de sites industriels depuis fin 2023. BYD avait pourtant exploré trois localisations différentes dans le pays avant d’arrêter net ses démarches, préférant attendre l’issue de l’élection présidentielle américaine de 2024.

Trump et les tarifs douaniers changent la donne

La montée des tensions commerciales, marquée par des tarifs douaniers annoncés sur de nombreux produits, y compris les voitures, rend l’environnement particulièrement incertain pour les constructeurs. Donald Trump a en effet menacé d’imposer des taxes supplémentaires sur les véhicules importés, peu importe leur pays d’assemblage. Cela inclut potentiellement des voitures produites au Mexique mais utilisant des technologies sensibles venues de Chine.

Le gouvernement chinois lui-même a retardé l’approbation du projet d’usine de BYD au Mexique, par crainte que des éléments technologiques avancés puissent atteindre le marché américain. Cette hésitation réglementaire s’est ajoutée à la prudence déjà exprimée par la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, qui avait déclaré ne pas avoir reçu d’offre formelle de la part de BYD.

Une stratégie de repli vers le Brésil, mais à pas mesurés

En parallèle, BYD a inauguré sa première usine automobile en dehors de l’Asie dans l’État de Bahia, au Brésil. Cette nouvelle unité de production, située à Camaçari, pourra assembler jusqu’à 150 000 véhicules par an, avec un objectif de montée en capacité à 300 000 véhicules d’ici deux ans.

La stratégie initiale repose sur l’assemblage final de véhicules semi-construits en provenance de Chine. La production commerciale devrait démarrer dans moins de deux mois. À terme, l’entreprise envisage même de doubler encore cette capacité, bien que les détails restent confidentiels.

Une affaire de droits du travail freine l’élan de BYD au Brésil

Cependant, tout ne s’est pas déroulé sans accroc pour le constructeur chinois. En mai, des procédures judiciaires ont été engagées contre BYD et ses sous-traitants pour des allégations de travail forcé et de traite humaine durant la construction de l’usine brésilienne.

BYD a immédiatement réagi en réaffirmant son engagement en faveur des droits humains et de la conformité avec le droit du travail brésilien et les normes internationales. Ce scandale a toutefois conduit l’entreprise à ralentir sa cadence d’expansion mondiale.

Un nouveau modèle d’expansion plus local et plus progressif

Stella Li, vice-présidente exécutive de BYD, a déclaré que cet épisode a transformé la stratégie globale du groupe : « Nous devons ralentir et mieux travailler avec les acteurs locaux », a-t-elle affirmé, insistant sur une expansion plus progressive, ancrée dans des partenariats régionaux et une approche plus humaine du développement industriel.

Des défis fiscaux en cours de négociation

Autre enjeu de taille pour BYD au Brésil : la fiscalité appliquée aux kits de véhicules semi-assemblés. Alexandre Baldy, vice-président senior de BYD Auto Brasil, a demandé au gouvernement brésilien une exonération temporaire des droits d’importation sur ces kits, au moins pendant la première phase d’exploitation de l’usine.

Selon lui, il serait économiquement incohérent d’importer des véhicules partiellement assemblés si les taxes sont équivalentes à celles appliquées aux véhicules complets. À ce jour, le gouvernement brésilien n’a pas encore donné de réponse officielle.

Notre avis par leblogauto.com

BYD illustre les nouveaux défis de l’industrie automobile mondiale : une géopolitique instable, des réglementations strictes, des enjeux sociaux sensibles et une pression fiscale non négligeable. Face à cela, le constructeur opte pour une stratégie plus nuancée, misant sur le Brésil comme tremplin pour l’Amérique latine, tout en gardant un œil prudent sur le marché nord-américain.

Avec : Bloomberg.

Crédit illustration : le blog auto.

(2 commentaires)

  1. C’est malheureux de dire ça … Mais les deux pays ont de l’expérience sur l’esclavage au 21ème siècle apparemment.

  2. BYD annonce qu’en France, en 6 mois de 2025… Ils ont déjà vendu l’équivalent de l’année 2024 !
    Certes… Comme d’habitude, on va me dire que les volumes sont encore relativement faibles… OK.
    Mais pour combien de temps encore ?
    L’heure est grave…

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