Rappel Nissan : encore et toujours les airbags Takata !
par Thibaut Emme
Pourquoi cela prend-il tant de temps ?

Rappel Nissan : encore et toujours les airbags Takata !

Les airbags dangereux Takata, c'est le sparadrap du Capitaine Haddock de l'industrie automobile. Impossible de s'en défaire tant l'équipementier était un fournisseur important de ce composant de nos voitures. Cette fois, c'est Nissan qui sonne le tocsin pour 84 000 véhicules.

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Vous direz, 84 000 véhicules quand plus de 100 millions sont en circulation avec des airbags Takata, c'est une paille. Surtout qu'ici, ce sont 83 920 Nissan Sentra, Pathfinder et Infiniti QX4 vendus aux USA. Il n'empêche que ces airbags Takata empoisonnent l'industrie automobile du monde entier. Tout récemment, Citroën envoyait un courrier aux propriétaires de C3 et DS3 leur enjoignant de "ne pas conduire" les véhicules tant que les airbags n'ont pas été remplacés. Ici aussi, Nissan lance une alerte auprès de la NHTSA "Ne pas conduire".

« Si vous possédez l'un de ces véhicules, ne le conduisez pas jusqu'à ce que la réparation soit effectuée et que les airbags défectueux soient remplacés » insiste la NHTSA, l'administration en charge de la Sécurité Routière Outre-Atlantique. Nissan et Infiniti doivent prendre entièrement à leur charge le coût du remorquage, de la réparation, et du véhicule de prêt éventuel.

Depuis 10 ans que cette affaire Takata a été lancée, la NHTSA a formellement attribués 27 décès et plus de 400 blessés à ces airbags défectueux. En France, silence radio. Mais, au final, on leur reproche quoi à ces airbags ? Et bien leur conception ! En effet, Takata utilisait pour ses coussins gonflables du nitrate d'ammonium qui dégage un volume considérable de gaz instantanément ("explosion") et permet de gonfler le coussin de la manière adéquate.

Une conception défaillante connue depuis plus de 10 ans

Sauf que le nitrate d'ammonium est dangereux et peut "mal vieillir". Pour rappel, le nitrate d'ammonium est responsable de l'énorme explosion de l'usine AZF à Toulouse en septembre 2001. C'est aussi lui qui est à l'origine de l'explosion du port de Beyrouth en août 2020 ou bien encore qui entrait dans la composition de la bombe de l'attentat d'Oklahoma City en avril 1995. Explosif donc.

Le souci principal est que les capsules qui contiennent le nitrate d'ammonium ne le protègent pas suffisamment de l'humidité. Ainsi, il peut se dégrader et devenir soit inopérant, soit trop explosif. A priori, il n'y a pas eu de déclenchement intempestif, mais c'est une autre possibilité de l'instabilité. Dans tous les cas, en cas d'accident, l'airbag ne joue plus son rôle. Soit il ne se déclenche pas ou trop mollement, soit l'explosion est trop importante et provoque la projection de shrapnels. Ce sont des fragments métalliques et plastiques projetés violemment et qui occasionnent blessures et/ou mort.

Pourtant, les études récentes montrent que les airbags sont globalement stables et efficaces, même passé 15 ou 20 ans. Cette obsolescence est un gros souci, car les véhicules du parc roulant sont de plus en plus âgés (12 ans en moyenne) et possèdent des airbags pour une immense majorité d'entre eux. A remplacer, cela peut coûter de 2000 à 4000 euros. Sur un véhicule âgé et kilométré, cela n'en vaut pas la chandelle. Se pose alors la question de rouler avec un airbag potentiellement moins efficace, ou de mettre un véhicule roulant à la casse...

Pourquoi l'industrie automobile tarde-t-elle tant à réagir ? Déjà, il y a le nombre total de véhicules dépassant sans doute les 100 millions. C'est énorme. Beaucoup de rappels ont déjà été effectués, mais on continue de rappeler des centaines de milliers de véhicules qui n'ont que 10 ans. Est-ce que l'industrie automobile laisse cyniquement passer le temps en se disant qu'il y aura mathématiquement moins de véhicules à rappeler ? Ce sont des milliards d'euros en jeu.

La justice française s'en mêle enfin

L'autre point, c'est qu'en Europe, et à fortiori en France, on n'est pas aussi procéduriers qu'aux USA et que ces histoires d'airbags n'ont pas encore générer d'énormes procès fleuve contre les constructeurs. Cela pourrait rapidement changer puisque des informations judiciaires viennent d'être ouvertes en France après des décès et des blessures d'automobilistes !

On a l'exemple de Bruno Guérin qui se bat après le décès de son fils Tristan. En 2023, Tristan est mort dans un accident, avec des éléments bizarres comme un oeil et le cerveau perforés par un projectile selon certaines sources. Ses parents sont donc convaincus que c'est l'airbag qui a créé ces shrapnels et tué leur fils. Leur fils conduisait une Citroën et le rappel massif des véhicules les conforte dans leurs convictions.

4 informations judiciaires sont ouvertes en Guadeloupe, à La Réunion et en Guyane, des zones chaudes et humides. Des conditions favorables à la dégradation de l'explosif employé et mal isolé par Takata.

"On ne comprend pas pourquoi la pleine mesure des choses n’a pas été prise avant. Cela va être vraiment l’objet de toutes ces investigations et enquêtes", déclare Maître Grégory Guyard, avocat d’une victime d’un airbag défectueux.

En effet, 10 ans après le début de l'affaire des airbags Takata, il reste énormément de véhicules en circulation avec ces airbags mortels. Il incombe aux constructeurs qui savent pertinemment s'ils ont placé de tels airbags dans leurs véhicules d'effectuer les rappels. Mais depuis 10 ans, tout traîne. La justice va-t-elle faire bouger les choses ?

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Pour résumer

Takata, un nom qui hante bon nombre de concessions automobiles et de bureaux de constructeurs. Fournisseurs de très nombreux airbags de l'industrie auto, Takata s'est fourvoyé dans la conception des capsule de nitrate d'ammonium censées déclencher l'explosion des coussins gonflables. Au lieu de protéger, ils blessent, mutilent, voire tuent. Et l'industrie auto n'en n'a pas encore fini avec.

Thibaut Emme
Rédacteur
Thibaut Emme

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