Témoignage : Chasser les bornes, il n’y a plus de limites !
par Thibaut Emme

Témoignage : Chasser les bornes, il n’y a plus de limites !

On a commencé à suivre Max et sa Nissan Leaf il y a deux ans. Max et Betty, "électroconvaincus" ont tenu à nous narrer une (més)aventure qui leur est arrivée il y a quelques semaines.

Zapping Le Blogauto Essai Alpine A110

On a commencé à suivre Max et sa Nissan Leaf il y a deux ans. Max et Betty, "électroconvaincus" ont tenu à nous narrer une (més)aventure qui leur est arrivée il y a quelques semaines.

Max et Betty ainsi que leurs amis Dieter et Hildegard embarqués dans la galère avec eux, ont vécu ce qu'ils appellent déjà "leur Odyssée". Avec le recul, cela deviendra un "bon" souvenir.

Mais, pour le moment, cela souligne surtout les limites de l'électromobilité sur les longs trajets. Après ces mots, ce sont ceux de Max.

Départ et premiers déboires

Avec notre LEAF Nissan, chargée à bloc sur notre Wall Box, nous partons vendredi 28 mai, confiants ,de L’Ile Bouchard (37220) pour Fréjus, avec une étape à Valence chez notre amie Anne Meyrand, super photographe.

De L’Ile Bouchard, nous atteignons Gannat (03800) par des départementales. Par expérience nous savons qu’Auchan a souvent des bornes de recharge. Las ! Il n’y en a pas ! On nous dirige vers Lidl, qui a bien une borne, mais qui délivre des électrons au compte-gouttes. Merci quand même. On continue jusqu’à Thiers. L’appli nous indique le garage Nissan. Recharge lente, mais seulement pendant une heure. Après ils ferment ! Rien à dire.

On quitte les départementales pour aller sur l’autoroute, ce qu’on essayait d’éviter. On s’arrête à la première station : pas de borne. Un panneau VINCI indique une station à venir avec le logo de la voiture « avec une queue », ressemblant à une petite souris. Confiants nous continuons à petite vitesse : on économise. On arrive à la station : RIEN ! On nous dit que la borne a été enlevée il y a UN AN et non remplacée.

Appel à l'assurance assistance

On pourrait faire encore quelques kilomètres, mais tomber en panne au bord de l’autoroute, non merci. Nous téléphonons à notre assurance assistance. On nous demande pourquoi on ne téléphone pas d’une borne orange, celles qui sont au bord de l’autoroute. D’accord, on serait géolocalisés plus facilement, mais on joue la sécurité. Station du Haut Forez. Il faut appeler le 17, police de l’autoroute. Le gendarme coordonnateur nous annonce un dépanneur agréé dans 36 minutes.

Arrive Monsieur X. Il est à l’heure, mais nous informe qu’entre-temps il y a eu un autre appel sur la même station pour un camping-car en panne mécanique. Il nous laisse pour aller charger le camping-car. Perplexes, on le voit revenir avec le véhicule sur le plateau. Et nous ? Pas de problème, nous dit Monsieur X. : je vais vous tracter. Bon. Nous sommes 5 dans son véhicule, avec lui. 3 à l’arrière. J’ai les genoux presque au niveau des oreilles : matériel de dépannage stocké à l’arrière. Nous échangeons : Monsieur X. ne peut que nous sortir de l’autoroute, mais pas nous amener à une borne de recharge. Il va négocier avec l’assurance pour un autre dépannage. Nous sommes sur la zone « Noirétable », appellation à consonnance rustique, mais signifiant : pas de borne de rechargement à l’horizon. Monsieur X. parle de négocier taxi et hôtel avec l’assurance. OK, mais qu’en serait-t-il de la voiture ?

Rouler dans sa voiture, sur un plateau...

Arrive Monsieur Y., en accord avec l’assurance, avec un autre camion de dépannage. On confronte nos applications et on vérifie les disponibilités, en visant la direction Valence. Bornes en panne, bornes occupées, bornes lentes, mais rien sur l’autoroute ! Monsieur Y nous confirme que de toute façon : ici : pas d’hôtel à les kilomètres à la ronde. Pas de solution ??? Il est 21h25 ! Monsieur Y. nous dit qu’il en connaît une, mais à plus de 90km…et pas en direction de Valence. Avons-nous le choix ???   Monsieur Y vérifie : c’est une borne rapide. LEAF sur le plateau ! Et nous, dans la LEAF. Comme dit Monsieur Y. : il n’y aura pas de problème Covid ! Nous voilà perchés sur le plateau de dépannage, dans un grand silence, mais assis confortablement dans notre voiture. L’épopée commence, en passant par la montagne, les forêts, quelques fermes, des bovins de temps en temps, un superbe coucher de soleil … Je réalise un rêve, être dans la voiture et me faire transporter ! Nous sommes en calèche !

La nuit tombe, on roule toujours… Noirétable et pourquoi pas « l’Auberge rouge » ??? Ambiance cinéma ou roman policier… Le chauffeur s’arrête. Pourquoi ? Il nous dit que s’il nous secoue trop, on n’a qu’à klaxonner. Fou-rire. Et on continue.

On arrive à Vichy. Manifestement le couvre-feu ne gêne pas grand monde… Monsieur Y. poursuit sa route et enfin, on trouve la borne ! Nous sommes à la périphérie de Vichy. Borne rapide et qui fonctionne avec une des multiples cartes que nous avons. Sauvés ?

Pas de recharge la nuit chez Renault

La LEAF est descendue du plateau et on entame le branchement.  Vert !!! Sauvés ? Trop facile ! Le voyant vert disparaît. Après plusieurs essais : appel téléphonique à un technicien. Sympathique et cherchant une solution il dit qu’il va lancer le branchement « manuellement ». On croit rêver. Mais ça ne marche pas. Conclusion : la borne a un problème. Monsieur Y. nous assiste efficacement : hors de question de nous laisser là en pleine nuit. Il est environ minuit. Monsieur Y. téléphone à RENAULT : « ils font de l’électrique, ils doivent avoir une solution ! » On attend. Monsieur Y nous raconte un peu sa vie : 3 jours de dépannage sur l’autoroute, 2 jours de mécanique, jamais chez lui, couple éclaté avec enfants. De fait, pas facile.

Monsieur Z, de chez Renault, arrive. Avec Monsieur Y. ils remontent la LEAF sur le plateau. Direction la concession Renault.

Monsieur Z a les clés mais le service de sécurité vient vérifier quand même. Re contact avec l’assurance. Monsieur Z branche notre voiture, mais la nuit tout est déconnecté, le chargement commencera en même temps que la remise en fonctionnement de l’entreprise.

Monsieur Y. retéléphone à notre assurance pour un taxi et un hôtel. Les choses semblent en cours. Monsieur Y. repart : il pense être chez lui à 2h, 2h30. Avec nos remerciements.

Nous attendons avec Monsieur Z dans les bureaux de chez RENAULT. On commence à se demander si on va dormir là…

Abandonnés par l'assurance

A 1h : arrive un SMS : l’assurance ne prend pas en charge ni le taxi, ni l’hôtel. Débrouillez-vous.

Monsieur Z. nous emmène pour trouver un hôtel. On s’arrête au premier. Enregistrement numérique. On fait les opérations deux fois. Au moment de cliquer sur « payer » : opération non possible. On regarde autour de nous : beaucoup de voiture et de motos sur le parking. L’intelligence artificielle ne connaît-elle pas « hôtel complet » ???

Monsieur Z. nous emmène vers un autre hôtel. Ibis Budget. Porte ouverte à l’accueil ! Et…un humain !!! Une chambre, la 2013 ! mais pour le petit-déjeuner il faudra négocier avec la collègue du matin. Suite à l’incendie dans un autre établissement, il y aura ici beaucoup de monde pour déjeuner. Nous remercions chaleureusement Monsieur Z. qui trouve que ce qu’il fait est « normal, simplement humain. »

Il est 2h05. On se couche, le ventre vide, mais on se couche.

Valence c'est mieux que Fréjus...

Le lendemain on va à pied chez Renault. Charge incomplète, mais on peut aller jusqu’à Valence. Monsieur Z. vérifie le gonflage des pneus et nous repartons. Notre amie nous accueille en fin d’après-midi.

Le lendemain nous mettons la voiture en charge près du parc de VALENCE. Et nous passons l’après-midi avec notre amie au palais Idéal du facteur Cheval.

Nous décidons que nous n’irons pas à Fréjus. Le lundi nous quittons VALENCE à 9h, LEAF chargée à 100%. Nous allons jusqu’à Clermont-Ferrand à environ 90km/h par l’autoroute : vu l’annonce, non vérifiée, d’une seule borne de chargement, tout près de Valence.

A midi, notre application nous indique Nissan Truc, mais fermé. Nous allons chez KIA : fermé. Nous déjeunons à la brasserie Jules Verne.

A 14h : on va chez le concessionnaire Nissan. Ils ont bien une borne – et rapide- MAIS : en panne !!!!

On nous envoie chez LECLERC. Il faut une carte du magasin : 20 minutes. Borne occupée !

Retour et dernières péripéties

On retourne chez Nissan Truc : ouvert ! Mais réservé aux professionnels. On doit avoir l’air dépité, ils acceptent de nous laisser nous brancher quand même. A 16h30 nous en sommes à 98%.

On part en direction de Paris. Une station avec borne de chargement est annoncée, puis plus loin supprimée avec un scotch blanc. (on a investi dans le caviardage blanc !)

A la station Avia de l’A714 Montmarault, la borne ne fonctionne pas, même avec l’aide d’une personne de chez Avia. Elle nous conseille de sortir à la sortie 10 et d’aller chez Leclerc. Il est 17h50.

A 18h nous nous dirigeons vers Châteauroux, où Auchan a une borne rapide. On se recharge et on fait quelques courses.

Nous arrivons chez nous  lundi 31 mai vers 19h.

Le "coup de gueule" de Max

On lit chez NISSAN « Nous pensons à l’environnement. Nous roulons électrique ». Pas d’émission de CO2, OK, mais quel gaspillage d’énergie avec tous les kilomètres inutiles !!!! Sans compter le stress et la perte de confiance.

Entre le « Da Vinci Code de la Route » qui affiche « Vous êtes chez vous ! » sur l’autoroute, qui supprime les bornes de chargement, sans les remplacer, les renvois perpétuels vers la Grande Distribution, on est en droit de se demander quelle est la cohérente entre les annonces officielles pour encourager l’utilisation des véhicules électriques et l’implication de l’Etat pour l’équipement des territoires. Est-ce à la Grande Distribution d’organiser les règles du transport ??? Il me semblait qu’on avait un ministère du transport etc…

Sans parler des cartes de toutes marques, natures et noms !!!! Sommes-nous dans un pays où la cohérence est devenue un gros mot ?

Heureusement quand même, on rencontre des êtres humains qui le sont vraiment, mais combien de temps vont-ils résister ?

Les remarques ne manquant pas de sel de Dieter et Hildegard

Spontanément, ils y voient des aspects positifs :

1)    Pas de taxe sur les spectacles à payer

2)    Pas besoin d’aller dans un cabaret ou autre lieu de distraction

3)    Economie sur l’achat d’un polar

4)    Vous avez fait la connaissance de Messieurs X,Y et Z, personnes serviables. Non négligeable en période de Corona.

5)    Aller directement d’un point à un autre est ennuyeux ? Vous avez pu faire une vraie découverte culturelle.

6)    Il existe encore des hôtels avec des humains !!  et pas seulement des automates.

7)    Maintenant vous connaissez Lidl, Leclerc et Auchan, de même que d’autres structures commerciales. Vous avez amélioré vos connaissances

8)    Vos estomacs vides n’ont pas grogné si fort qu’ils vous auraient empêché de dormir. Une chose positive.

Quelques remarques complémentaires :

Vous ne saviez pas que les assurances ne sont pas là pour payer, mais pour être payées ??

De chez vous à Valence, nous estimons que ce sont environ 600km. En 44h aller et retour, cela représente une vitesse de 25km/heure. Cela vous a évité un PV pour excès de vitesse.

Votre belle-sœur, que vous deviez voir à Fréjus, va peut-être venir vous voir en TGV. Il fonctionne aussi à l’électricité, mais il y a moins de pannes.

Nous admirons votre patience face à tout ce qui s’est passé. Bravo d’avoir acheté un véhicule électrique, mais si vous devez attendre 2023 pour faire un voyage un peu plus long, c’est un vrai défi.

Espérons que votre voiture vous mènera plus loin qu’au Super U !

Notre avis, par leblogauto.com

L'ami Max, comme aimait à l'appeler notre regretté Alain Monnot, a en effet de la patience. Surtout, il prouve que même les plus fervents supporters de l'électro-mobilité peuvent "craquer" face à autant de péripéties. On ne peut pas le taxer de mauvaise fois puisqu'il y tient finalement à sa Nissan Leaf.

Ici, on n'est pas dans le "coup de pas de bol" d'une borne en panne. Non, nous sommes face à une totale incurie du réseau de bornes en France. de L'Ile-Bouchard à Valence, il y a 512 km au plus court, sans autoroute Ce n'est pas Lannilis à Menton (1363 km).

Aucun acteur ne semble vouloir vraiment prendre les choses en mains et laissent les autres se débrouiller, tout en vendant du véhicule électrique à la pelle. Et si on prélevait une taxe (la France est championne) sur les ventes de véhicules 100% électriques pour financer ce réseau "public" ?

Merci à Max pour son témoignage et espérons que le maillage et l'état du réseau de bornes ira réellement (et rapidement) en s'améliorant.

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Pour résumer

On a commencé à suivre Max et sa Nissan Leaf il y a deux ans. Max et Betty, "électroconvaincus" ont tenu à nous narrer une (més)aventure qui leur est arrivée il y a quelques semaines.

Thibaut Emme
Rédacteur
Thibaut Emme

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