Comité national de l'hydrogène sur les starting-blocks
par Elisabeth Studer

Comité national de l'hydrogène sur les starting-blocks

Le gouvernement tout feu, tout flamme sur l’hydrogène ! La ministre déléguée chargée de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher a annoncé mardi à l'Assemblée nationale que le Comité national de l'hydrogène "s'installerait prochainement".

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Le Comité national de l'hydrogène réunira l'ensemble des entreprises de la filière

L’instance sera présidée par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire et "réunira l'ensemble des entreprises de la filière, petites et grandes", a précisé Mme Pannier-Runacher en réponse au député LREM de Dordogne Michel Delpon, qui préside le groupe d'études sur l'hydrogène à l'Assemblée nationale.

Plan d’hydrogène décarboné

Cette information voit le jour alors que le gouvernement a annoncé début septembre un plan de développement de l'hydrogène décarboné, en dotant le secteur de 7 milliards d'euros d'ici à 2030, dont 2 milliards sur 2021-2022 dans le cadre du plan de relance.

Faire de la France un des leaders mondiaux de l’hydrogène d’ici 2030

L'objectif est de "faire de la France une des nations leaders mondiales d'ici 2030", a souligné Mme Pannier-Runacher. "Nous voulons faire émerger dès demain des entreprises qui seront les maillons indispensables de cette filière industrielle" et "nous voulons faire également de l'hydrogène une des technologies incontournables pour la décarbonation de nos activités (...) industrielles d'une part et la décarbonation de nos mobilités", a-t-elle déclaré.

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Il n’en demeure pas moins que l’hydrogène n’est pas forcément la solution miracle que l’on attendait pour verdir notre planète. En témoigne notamment le très controversé projet allemand de construction d’un méga barrage en République démocratique du Congo.

Selon le Süddeutsche Zeitung, le pays africain et l’Allemagne pourraient en effet bâtir ensemble un partenariat énergétique qui verrait le pays d’Afrique centrale fournir l’énergie hydraulique capable de produire de l’hydrogène vert pour les besoins allemands de décarbonisation. Le tout via un projet de coopération de 20 milliards d’euros financé par l’Union européenne.

Le barrage projeté, d’une capacité potentielle de 44000 mégawatts, pourrait aider l’Allemagne à combler l’écart important entre la future demande d’hydrogène évaluée par Berlin et les modestes capacités de production allemandes, tout en dépassant la demande d’électricité en RDC. Mais des dizaines de milliers de villageois pourraient perdre leurs maisons si le barrage était construit, le gouvernement n’accordant que peu d’indemnisation ou d’aide à ses citoyens pour déménager.

Les militants des droits de l’homme demandent une évaluation d’impact qui prend en compte les intérêts de la société civile tandis que l’organisation environnementale International Rivers redoute que la RDC ne soit contrainte de davantage s'endetter.

En France, notre hydrogène dit vert pourrait être issu de l’énergie nucléaire, laquelle implique notamment de très polluantes extractions d’uranium … L’utilisation de ce type d’énergie pour cette production est contestée par certains défenseurs de l’environnement.

En juin dernier, évoquant la possibilité que la France produise son propre "hydrogène propre" à partir de son électricité nucléaire, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire a réaffirmé quant à lui que celle-ci gardait "toute sa pertinence " sur le long terme.

"Je suis un défenseur du nucléaire. Comme beaucoup de scientifiques beaucoup plus chevronnés que moi le sont parce que le nucléaire n'émet pas de CO2 et qu'aujourd'hui [il] a deux avantages : [il] nous permet d'être l'un des pays qui émet le moins de CO2 pour sa production d'électricité et ça nous garantit quelque chose dont tout le monde parle matin midi et soir, ça nous garantit notre indépendance", avait-t-il déclaré.

Célia Gautier, responsable climat et énergie à la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme (FNH) estime quant à elle que le glissement sémantique d’« hydrogène renouvelable » à « hydrogène vert » est dangereux.

Elle rappelle à cet égard qu’on ne sait toujours pas traiter les déchets radioactifs : « non seulement le centre de stockage Cigéo n’est pas dimensionné pour les résidus de potentiels EPR, mais les déchets enfouis en profondeur restent dangereux durant des dizaines de milliers d’années ».

« Le risque serait donc de s’enfermer dans un système énergétique dont on ne maîtrise pas toute la chaîne, sans parler des enjeux majeurs de sûreté et… des coûts, en augmentation constante » prévient-elle.

Selon elle « avec un tel hydrogène, on serait aux antipodes de la transition écologique ». Principal argument : « la production de cette énergie ne doit pas s’appuyer sur un système de production électrique centralisé comme l’est le nucléaire. » Elle estime au contraire qu’il faut installer des électrolyseurs sur tout le territoire, de façon décentralisée, près des sources d’énergies renouvelables et des futurs usages de l’hydrogène.

Au final, elle estime que « les acteurs du nucléaire font tout pour trouver des débouchés à une filière en crise, dont les coûts deviennent incontrôlables – 19 milliards d’euros pour l’EPR de Flamanville, contre 3 milliards initialement prévus » rappelle-t-elle.

Au final, l’hydrogène pour sauver du fiasco le nucléaire français ... ou pour sauver la planète …. ?

Sources : AFP, Assemblée nationale, La Croix, FNH

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