Le Pookie, la Cox qui joue au démineur
par Joest Jonathan Ouaknine

Le Pookie, la Cox qui joue au démineur

Dans la série "la Cox aux 1000 visages", voici le Pookie. Cet improbable engin de déminage vit le jour en Rhodésie (actuel Zimbabwe) au milieu des années 70.

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Dans la série "la Cox aux 1000 visages", voici le Pookie. Cet improbable engin de déminage vit le jour en Rhodésie (actuel Zimbabwe) au milieu des années 70.

Petit cours d'histoire:

Il y a non pas une, ni deux, mais trois Rhodésie! Au début des années 60, trois colonies Anglaises en Afrique, la Rhodésie du Nord (actuelle Zambie), la Rhodésie du Sud (actuel Zimbabwe) et la Nyasaland (actuel Malawi) aspiraient à l'indépendance. Le regroupement en une seule colonie fut un échec. Londres étaient prêt à les lâcher, à condition que toutes les populations y aient les même droits.

La minorité blanche de Rhodésie du Sud refuse ce préalable. Elle déclare unilatéralement son indépendance en 1965, sous le nom de Rhodésie "tout court".

Seule quelques états reconnaissent ce pays et il se retrouve au banc de la Communauté Internationale. La Rhodésie n'en a cure: ses sous-sols sont riche. Elle exporte illégalement ses minerais à l'Angola, au Mozambique (deux colonies Portugaises) et à son grand ami, l'Afrique du Sud. Le pays connait une certaine prospérité. Le gouvernement populiste se montre généreux avec l'élite blanche, tandis que la majorité black n'a guère de droits. Il y eu même une usine d'assemblage de CKD d'Alfa Romeo et de BMW.

A la fin des années 60, deux mouvements de rebelles blacks communistes émergent, le ZANU et le ZAPU. Leurs instructeurs Soviétiques leur conseillent de miner les routes. Le but étant de "conquérir un territoire disputé".

Les mines sont facile à déposer sur les nombreuses pistes en terre battues du pays.

A Salisbury (la capitale; aujourd'hui Harare), on se montre méprisant. Face aux mines, l'armée se contente d'installer des sacs de sable (pour amortir l'impact) et des arceaux (les véhicules ayant tendance à se retourner avec le souffle de l'explosion.)

Par ailleurs, il goudronne certaines routes (ce qui rend plus difficile l'enterrement discret d'une mine), protège les zones économiquement importantes et déclare le reste du pays "zone interdite".

Mais les mines ne font pas le distinguo entre civils et militaires, blancs ou blacks. 600 personnes furent ainsi tuées entre 1972 et 1980. Dans les campagnes, on n'ose plus sortir.

Le ZANU et le ZAPU sont en train de gagner la guerre psychologique.

Il faut des véhicules militaires résistant aux mines pour réinvestir les campagnes.

Ernest Konschel conçoit le Leopard. Sa cellule en V (pour disperser l'impact) est perchée à 60cm de haut (les mines perdent leur puissance au-delà de 50cm) et elle peut loger 4 soldats. Le moteur et les suspensions sont issues du combi VW. Tous les organes sont externalisés afin qu'en cas d'explosion, ils soient éjectés loin de la cabine.

L'assemblage est réalisé dans l'atelier de Trevor Davies.

D'ailleurs, les 800 Leopard furent livrés dans les concessionnaires VW du pays. Charge aux garnisons de s'y déplacer!

Il leur faut ensuite un modèle capable de détecter les mines et assez léger pour rouler dessus sans les faire exploser. Konschel retourne à la planche à dessin et conçoit le Pookie.

La cabine du Pookie ne peut transporter qu'une personne. Le moteur est cette fois issu de la Cox. La clef du véhicule, c'est un détecteur de métaux (donc de mine) rectangulaire. Il permet de balayer une surface équivalente à la largeur d'un camion. Il est installé entre les deux roues et peut se replier en deux demi-plaques.

Fin 1976, Davies et Konschel le proposent à l'armée Rhodésienne. Ils emmènent le Pookie sur une route entre Mont Darwin et Mukumbura, "célèbre" pour ses mines. Le prototype du Pookie en découvre 12. L'armée est emballé et la production démarre, toujours chez Davies.

Pour rouler sur une mine sans la faire exploser, il faut qu'il ait un poids minimal et une surface de contact avec le sol maximale.

Konschnel s'oriente vers des pneus slicks de monoplaces. D'après la légende, des membres des services secrets de Rhodésie en civil assistaient au Grand Prix de F1 de Kyalami (dans l'Afrique du Sud voisine) pour y racheter à bas prix les pneus utilisés!

Combien de Pookie furent construit? 5 ou 67? Les sources varient. Le premier chiffre est sans doute le plus vrai.

La crise du pétrole (synonyme d'une explosion du prix d'achat du carburant) déséquilibre le budget. Et un poste "armée" en progression constante n'arrange rien.

La Rhodésie est ruinée et isolée (économiquement et politiquement.) Deux de ses alliés, l'Angola et le Mozambique sont devenu indépendant. En plus, ils soutiennent désormais les rebelles, qui se sont unifiés sous la bannière du PF (Front Patriotique) et renforcés.

Même l'ami Sud-Africain prend ses distances. Il sait que le régime Rhodésien est condamné et il n'a pas envie qu'ensuite, la Communauté Internationale ne se penche sur l'apartheid...

Le Pookie escorte les convois militaires; le conducteur porte un casque relié au détecteur de métaux. Lorsqu'il détecte une mine, il enclenche ses warnings et le reste du convoi se met à l'abri. Ensuite, le conducteur refait plusieurs passages pour déterminer la localisation exacte de l'engin et il se charge ensuite de le détruire.

Le véhicule est fonctionnelle jusqu'à 20km/h. Ce qui permet à une colonne de parcourir 200km par jour.

En conséquence, les rebelles s'adaptent et se fournissent en mines en plastique. Le Pookie fut alors modifié pour accueillir un sonar rudimentaire, chargé de détecter les endroits où la terre est moins dense (ce qui signifie qu'un objet y est enfoui.)

Aucun Pookie n'explosa sur une mine. Il y eu néanmoins un cas où le conducteur fut pris dans une embuscade et tué.

Officiellement, le Pookie et le Leopard démoralisèrent les rebelles: plus de terreur psychologique. De plus, il permettent à l'armée de reprendre le contrôle du terrain...

En fait, ce sont les rebelles qui maitrisent le terrain. La minorité blanche appelle à des négociations. En 1979, la Grande-Bretagne reprend brièvement le contrôle du pays, le temps d'y organiser des élections au suffrage universel.

L'année suivante, Robert Mugabe (ex-chef du ZANU) devient le premier président du Zimbabwe (et le seul à ce jour.) La Rhodésie a vécu et Mugabe fête son accession au pouvoir avec un concert de Bob Marley.

Les Pookie en sont réduit à rouiller dans les rues d'Harare:

Mais ce n'est pas la fin de l'histoire. Travies, émigré en Afrique du Sud propose toujours de vous construire un Pookie.

Vers 2002, l'Allemand Minetech cherchait un moyen de déminer l'Érythrée. Après des tests avec un Land Rover équipé d'un détecteur de métaux, ils s'orientèrent vers un Pookie. Le leur possède un moteur de pompe pneumatique et sa direction est assistée (sur l'ancien, elle était inutile face aux pneus de F1.) Il en a construit deux autres pour l'Afghanistan. Mais ses aptitudes en tout-terrain sont limitées et il doit faire face à des engins téléguidés.

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Pour résumer

Dans la série "la Cox aux 1000 visages", voici le Pookie. Cet improbable engin de déminage vit le jour en Rhodésie (actuel Zimbabwe) au milieu des années 70.

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