Chalmers Automobile est une marque qui ne vous dit sans doute rien. Nous avons eu la chance de croiser une de ces « mamies » mécaniques lors d’un rassemblement d’ancêtres automobiles. Un véhicule de 1913 qui démarre encore au quart de tour de manivelle et prend la route !
Comment on en arrive à s’intéresser à Chalmers ?
Pour cette histoire, tout commence donc lors de la montée historique du Puy-Notre-Dame (qui a succédé cette année au Grand Prix Historique). Une voiture posée dans la cour attire notre attention. Il y a de quoi car au final, elle se compose de deux fauteuils simples posés sur un châssis visible. A l’avant le moteur est planqué sous un capot, et à l’arrière, le réservoir est, comme souvent à cette époque, juste derrière les fauteuils.
Les roues sont en bois, immenses, avec des pneus étroits. Les freins, à tambour, n’existent qu’à l’arrière. Evidemment, les suspensions sont des lames à ressort, doubles à l’arrière. La voiture est dépouillée, magnifique !
La voiture est intrigante, on en fait le tour, puis deux personnes s’approchent. Ce sont les propriétaires qui veulent repartir dans leurs pénates locales. Comment ? Par la route bien sûr ! La discussion, en anglais s’engage. La voiture est une Type 17 de 1913 (on était partie sur une 1914 !). Américaine, la voiture est resté stockée en pièces aux USA. Le propriétaire actuel l’a fait venir en Angleterre pour la monter et…l’immatriculer ! Heureux Anglais ! D’ailleurs, officiellement, la voiture date de 2005 !
Le démarrage à l’ancienne
Le démarrage est « classique » pour l’époque. On pompe du carburant (il faut d’ailleurs le faire régulièrement en route). On règle un « ralenti » en plaçant une pièce de métal « maison ». Puis, on fait trois tours de manivelle « doucement ». Bien entendu, rien ne se passe. Pour la bonne et simple raison que l’électricité n’est pas mise. Pour la mettre, on a trois interrupteurs porcelaine, et un « général » un peu antique. Pas de clef.
Si vous faites cela, la voiture ne démarrera pas ! Il faut encore ajouter de l’essence dans les cylindres. Deux petites fenêtres (des trous) permettent de verser un peu du liquide d’une burette. On est prêt ! Manivelle, énergique cette fois….broum broum tousse tousse ! Et le moteur s’ébroue sans coup férir. Allez, 5 minutes montre en main en discutant le bout de gras à la lueur de la lampe torche de mon smartphone.
Voilà notre couple de Britanniques qui grimpe (on ne peut le faire facilement que par la gauche, côté passager). La voiture a beau cuber 4 882 cm2 (4,9 litres), et être en tube libre vers l’arrière, la voiture est plutôt silencieuse. Les 28,9 chevaux d’origine ont sans doute des rhumatismes, mais la Chalmers Type 17 s’en va rejoindre le gite, sans feux (vive la lueur des lampadaires). Ainsi se termine notre rencontre avec une mamie de 112 ans !
Chalmers, devenue indirectement Chrysler
Fondée en 1908 par Hugh Chalmers, la Chalmers Motor Company est l’un des constructeurs automobiles de Detroit. La société est née du rachat de la Thomas-Detroit, un constructeur à peine né en 1906. Chalmers restructure la société, les canaux de distribution, et en 1908 renomme le constructeur avec son propre nom.
La première voiture créée est la Chalmers 30. Le succès commercial est là et la société dégage rapidement de gros bénéfices. Les voitures ont la réputation d’être solides et fiables. A ses débuts, Chalmers aide plusieurs autres constructeurs. Ce sera le cas de la Hudson Motor Car Company qui deviendra plus tard, en 1954, AMC (American Motors Corporation) en fusionnant avec Nash.
Chalmers mise sur la compétition automobile pour faire la retape de ses voitures. Hugh Chalmers embauche des pilotes professionnels et va rafler la mise dans de nombreuses courses. A l’époque, les « Grands Prix » viennent juste d’être inventés en France (1906) mais il existe de nombreuses coupes, ou montées. Les voitures doivent démontrer leur fiabilité et leur capacité à grimper des côtes importantes. Chalmers remporte deux années de suite le Glidden Tour (National Reliability Runs) aux USA.
C’est dans ce cadre des courses que notre Chalmers 17 est créée. Elle fait partie du modèle 30-36 est est officiellement une « 36 HP ».Le quatre cylindres est accouplé à une transmission à 4 rapports. Une des « bizarreries » (pour nous) de la voiture est qu’en appuyant à mi-course du frein, on débraye.
Un bout de la Chrysler Corporation
Malheureusement pour Chalmers, comme pour de nombreux constructeurs, le pic des ventes passe rapidement. Le constructeur, alors 8e aux USA, négocie mal les évolutions ultra-rapides de l’industrie. Les coûts de production restent élevés tandis que d’autres constructeurs les font fondre comme neige au soleil. Malgré certaines décisions en 1915 et 1916, Chalmers Automobile décline.
En 1917, la Maxwell Motor Company rachète littéralement Chalmers qui produit alors des Maxwell dans ses usines. Maxwell et Chalmers vont cohabiter commercialement. La réputation de Chalmers reste bonne, autant en profiter. Mais avec la Première Guerre Mondiale, les difficultés s’accumulent. Les deux alliés s’entredéchirent jusqu’à la faillite de Chalmers fin 1922. La Maxwell Motor Compagny rachète complètement Chalmers qui disparait en 1924.
Entre temps, le magnat de l’industrie, Walter Chrysler, a acquis une partie importante de Maxwell. En 1925, Chrysler absorbe Maxwell et les restes de Chalmers et crée la Chrysler Corporation ! Chrysler gardera l’usine de la Jefferson Avenue à Detroit, usine qui avait été construite par Chalmers. L’adresse restera chez Chrysler jusqu’en 1991. L’usine sera alors démolie, remplacée par le Detroit Assembly Complex – Jefferson (Stellantis).
Quant à Hugh Chalmers, il avait aussi lancé une marque « d’entrée de gamme », la Saxon Motor Car Company. Cette marque n’aura pas de succès autre que celui d’estime et disparaîtra aussi en 1922/23.
Pour voir plus de Chalmers « de route », vous avez ici, ou par ici.










je n’en avait jamais entendu parler.c’est une belle histoire. et cent ans plus tard chrysler ,hummm. le bourrin orange, va les aider à disparaitre.
Syper sympa, merci pour ces articles !
j’avais vu une plaque avec le logo dans un musée qui existait au sud de l’Aisne il y a … longtemps, mais je ne connaissais pas leur histoire dans la compétition automobile.
Merci de l’article.