A l’heure où plusieurs marques revendiquent leur orientation vers le luxe, Rolls-Royce entend montrer qui est le patron dans ce domaine, et la dernière création Bespoke n’a pas fait les choses à moitié.
Quand le luxe devient une célébration d’un conte populaire chinois, de la manière la plus luxueuse possible : Rolls-Royce Motor dévoile la Phantom Extended, une pièce unique créée pour célébrer l’année du Dragon. Le thème incarne « le succès et la philosophie personnelle » du client, concluant l’année lunaire du Dragon tout en évoquant le centenaire de la Phantom apparue en 1925.
Commandée par un client chinois « exigeant » (on imagine), la Phantom Dragon offre une interprétation contemporaine de l’ancienne légende chinoise des deux dragons, un motif au symbolisme complexe et à la grande signification culturelle, célébré dans l’art, l’architecture et la littérature dans toute l’Asie de l’Est. Néanmoins, nous sommes bien éloignés d’une simple édition spéciale avec quelques autocollants fantaisistes, car dans ce cas la mythologie chinoise rencontre le luxe britannique.
Saisir les particularismes culturels
Rolls-Royce insiste en effet sur la nécessité de comprendre et de répondre aux sensibilités locales, entendu que l’absence totale de limite financière permet évidemment tous les rêves. A rebours des grands constructeurs qui cherchent à développer des voitures « mondiales », la personnalisation toujours plus poussée est l’expression désormais du vrai luxe. « L’un des atouts de la marque Rolls-Royce est de créer des produits qui intègrent avec sensibilité et respect l’iconographie de cultures spécifiques, interprétée à travers notre propre artisanat innovant et notre langage de conception. »
Rolls-Royce a ouvert un bureau privé à Shanghai, ce qui est en fait une manière très coûteuse de dire : « Nous comprenons que les milliardaires chinois ont des goûts différents de ceux des Britanniques. » Et ils n’ont pas tort : cette voiture capture parfaitement ce mélange de culture traditionnelle chinoise et de luxe international moderne qui devient de plus en plus populaire parmi les jeunes acheteurs chinois fortunés.
Le thème du design s’inspire d’une ancienne légende, vieille de plus de 3 000 ans, qui raconte l’histoire de deux dragons, protecteurs du royaume des humains, à qui les dieux ont offert une perle divine pour leurs bonnes actions. Plutôt que de revendiquer avidement le trésor pour eux-mêmes, les dragons se sont soumis l’un à l’autre, une scène qui est devenue le symbole de la bonté et de la générosité de l’esprit. Émus par la loyauté des dragons, les dieux leur ont alors accordé une deuxième perle, que les créatures ont absorbée avant de s’élever elles-mêmes en tant que divinités. Alors que les dragons symbolisent le pouvoir et la bonne fortune, la perle est un symbole de pureté et de perfection. Comme ces deux éléments sont capturés ensemble, l’interaction des dragons signifie l’équilibre harmonieux du Yin et du Yang, deux forces complémentaires unies dans la poursuite de l’illumination et d’une vie épanouissante.
Plein les yeux
Passons à la voiture. La galerie, qui s’étend sur toute la largeur de la façade, abrite une marqueterie, composée de 297 pièces individuelles et de quatre essences de bois différentes. Un artisan de la Maison Rolls-Royce a passé trois mois à créer cet élément saisissant, qui consiste à découper minutieusement des formes de placage, puis à les assembler et à les fixer à la main. L’œuvre représente les deux dragons, enfermés dans des nuages tourbillonnants, gardant la perle incarnée par l’horloge Bespoke elle-même. La couche de base est fabriquée à partir d’eucalyptus fumé ; le contour des formes, d’une largeur de seulement 0,5 mm, est rendu en placage de sycomore et rempli de loupe de frêne, soigneusement choisie pour son grain naturel qui imite la texture des nuages.
Le spectacle s’admire aussi en levant les yeux avec une garniture de pavillon Bespoke Starlight représentant une représentation abstraite de deux dragons, rendue en rouge et blanc. Le ciel étoilé – c’est-à-dire le plafond pour les gens normaux – comprend 768 lumières à fibre optique rouges et 576 lumières à fibre optique blanches, chacune montée à la main pour créer un motif de dragon abstrait. On distingue même 24 étoiles filantes, car apparemment les étoiles ordinaires ne sont pas assez fantaisistes.
L’intérieur est une leçon magistrale sur ce qui se passe lorsque vous donnez un budget illimité aux artisans et que vous leur dites de devenir fous. Il y a partout ce qu’on appelle du bois d’eucalyptus fumé, ce qui ressemble à quelque chose que l’on trouverait dans un barbecue australien très chic. Les sièges sont recouverts de cuir rouge ardent et noir, et ils ont même brodé le nom de famille du propriétaire en calligraphie chinoise ancienne sur les appuie-têtes.
L’extérieur, plus discret – tout est relatif pour une Rolls – est fini avec une finition appelée « Iced Diamond Black », qui crée une « apparence satinée chatoyante caractéristique ». Cela signifie qu’il semble avoir été trempé dans la peinture noire la plus chère jamais créée, puis recouvert de poussière de diamant.
Rolls-Royce rappelle à tous qu’il y a luxe et LUXE, avec cette Phantom transformée en galerie d’art en mouvement, une déclaration culturelle et probablement le moyen le plus coûteux de dire au monde que vous aimez vraiment les dragons.







